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21 mai 2020 | Audrey-Maude Vézina
Mise à jour : 29 août 2024
Depuis le début de la pandémie, nous réalisons toute la fragilité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire qui repose en partie sur l’importation de fruits et légumes. Pour avoir plus d’autonomie, il faudrait produire davantage en serre, même en hiver. Le défi : trouver de l’énergie pour les chauffer. Le professeur Jasmin Raymond de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) y voit l’occasion de développer les ressources géothermiques de la province.
Photo : INRS
Pour faire pousser des fruits et des légumes toute l’année au Québec, les agriculteurs doivent exploiter des serres à grande échelle, mais l’hydroélectricité ne suffirait pas pour les chauffer. « En période de grand froid, l’appel de puissance électrique demanderait d’installer une capacité de production trop élevée pour Hydro-Québec. Les serres sont donc principalement chauffées au gaz naturel », rapporte Jasmin Raymond, spécialiste en géothermie à l’INRS.
Afin d’éviter les hydrocarbures, le chercheur propose d’utiliser l’énergie du sol pour alimenter les serres. Il soutient que ce serait assez facile à implanter dans les basses-terres du Saint-Laurent, le berceau de l’agriculture au Québec. Le sous-sol est formé de roches sédimentaires et regorge de ressources géothermiques, tant superficielles que profondes, qui offrent un environnement propice au développement de cette filière énergétique.
Le défi sera de choisir le bon type de système géothermique pour la production. « Chaque culture a des températures de croissance optimales. Il faut donc que le système de distribution de chaleur soit adapté. »
Les systèmes géothermiques conventionnels, ou peu profonds, utilisent une pompe à chaleur pour chauffer et climatiser les bâtiments. « Ils permettent de chauffer à basse température, autour de 30 °Celsius. Avec le chauffage au gaz naturel, la température dépasse 60 °Celsius. Pour compenser, il faut une meilleure distribution de la chaleur dans la serre afin que la température soit uniforme », explique Jasmin Raymond.
Les systèmes géothermiques profonds, eux, peuvent produire de la chaleur à une température plus élevée alors la distribution de chaleur est moins problématique. En revanche, ils nécessitent des forages de plus d’un kilomètre, une profondeur de plus en plus accessible en raison des développements technologiques dans l’industrie du forage. Le chercheur rappelle d’ailleurs que « dans les années 1970 et 1980, les compagnies pétrolières ont foré plus de 200 puits dans les basses-terres du Saint-Laurent qui pourraient être réutilisés pour l’exploration des ressources géothermiques ».
La géothermie n’est pas encore bien connue en agriculture, mais elle pourrait bientôt devenir un levier vers l’autonomie alimentaire.
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