L’équipe du Pr Charles Gauthier, avec l’aide de collaborateurs internationaux, a obtenu des résultats prometteurs pour développer des vaccins contre deux agents du bioterrorisme. Présentes principalement dans les pays tropicaux, notamment en Thaïlande et en Inde, la mélioïdose et la morve sont des maladies infectieuses causées par deux bactéries du genre Burkholderia. Plusieurs chercheurs s’intéressent aux pathogènes qui en sont la cause étant donné le grand risque qu’ils présentent : infectiosité élevée à faible dose, transmission par des particules dans l’air, absence de vaccin prophylactique et utilisation possible comme agent du bioterrorisme. L’étude publiée dans la revue Nature Communications a identifié de nouvelles cibles pour le développement d’un vaccin contre ces pathogènes.
Les bactéries qui intéressent les chercheurs de l’équipe, Burkholderia pseudomallei et Burkholderia mallei, possèdent à leur surface des molécules importantes dans la relation hôte-bactérie, i.e. des lipopolysaccharides (LPS). Les LPS comprennent notamment une région spécifique à chaque espèce bactérienne. Cette dernière est en contact avec le milieu extérieur et joue un rôle dans la réponse immunitaire de l’hôte. On appelle cette région du LPS l’antigène-O.
Grâce à son expertise en synthèse organique, le Pr Gauthier a examiné les différentes configurations des antigènes-O des espèces de bactéries génétiquement semblables et responsables de la mélioïdose et la morve. De ses observations, sept schémas ont été identifiés à partir desquels il a imaginé et obtenu le plus court segment pouvant être reconnu par le système immunitaire. Il s’agit de « mimes synthétiques ». C’est non sans embûches que ce premier objectif a été récemment atteint.
Des molécules prometteuses pour le développement de vaccins glycoconjugués
Les molécules nouvellement synthétisées ont été testées in vitro pour déterminer si elles pouvaient se lier à des anticorps dirigés contre des LPS bactériens connus pour leur effet protecteur contre la mélioïdose et la morve. Les résultats se sont avérés positifs : plusieurs des anticorps testés démontrent une interaction avec les molécules synthétisées, et plus particulièrement avec deux des sept oligosaccharides produits dans le laboratoire.
Ce résultat probant a encouragé les chercheurs à vérifier si les mimes synthétiques pouvaient induire une réponse immunitaire chez des souris. Les deux oligosaccharides qui démontraient les meilleures interactions ont d’abord été combinés avec la protéine CRM197, un vecteur couramment utilisé dans la fabrication de vaccins glycoconjugués, puis injectés à des souris. Encore une fois, les résultats sont encourageants : l’oligosaccharide mimant les LPS de B. mallei a généré une bonne réponse immunitaire, faisant de cette molécule un candidat prometteur pour concevoir un vaccin contre la morve.
Bien que le combat contre ces agents du bioterrorisme ne soit pas terminé, ces résultats confirment l’utilisation potentielle de mimes synthétiques pour la production d’un vaccin pour protéger contre ces pathogènes opportunistes. ♦