- Publications de l'INRS
Nous formons la relève en recherche, capable d'innovation scientifique, sociale et technologique.
Nous trouvons des solutions par la recherche interdisciplinaire, en collaboration avec nos partenaires.
Nous contribuons au développement économique, social et culturel du Québec.
29 octobre 2020 | Audrey-Maude Vézina
Mise à jour : 22 juillet 2021
L’adoption d’un enfant par sa famille élargie ou par le nouveau conjoint du parent pourrait compter pour plus de 30 % des adoptions au Québec.
C’est du moins le cas dans le district judiciaire de Saint-François, en Estrie. Carmen Lavallée, juriste et professeure à l’Université de Sherbrooke, et Françoise-Romaine Ouellette, anthropologue et professeure associée de l’INRS, se sont penchées sur les particularités de ces adoptions intrafamiliales dans le livre Comprendre la filiation et la parenté à travers le prisme de l’adoption.
Dans ces situations d’adoption, quelle place est accordée aux liens familiaux d’origine par le droit et dans les faits ? Comment les dispositions législatives récentes abordent-elles l’enjeu de la pluriparenté que soulève l’adoption de l’enfant par la conjointe ou le conjoint de l’un des parents ou l’adoption d’un enfant apparenté ? « Dans une perspective interdisciplinaire combinant le droit et l’anthropologie, nos travaux de recherche considèrent ces questions en retraçant l’histoire de l’adoption et en la mettant en relation avec les transformations de la famille et de la filiation depuis 1924 », résument les auteures
« Si l’on ne tient pas compte des adoptions intrafamiliales, l’évolution du droit de l’adoption depuis 1924 peut sembler n’être qu’une marche continue vers l’égalité de tous les parents et de tous les enfants. Cependant, porter attention aux particularités des adoptions qui s’inscrivent dans la dynamique particulière d’une famille étendue ou d’une recomposition familiale nous a permis de mettre en lumière d’autres enjeux. Par exemple, plusieurs enfants adoptés dans les années cinquante et soixante l’ont été par l’un ou même par leurs deux parents biologiques. Nous avons aussi montré qu’une confusion perdure entre l’appartenance familiale et la question de l’accès aux origines, ou l’assimilation maladroite de la parenté à la parentalité », ajoutent-elles.
Publié en septembre 2020 aux Presses de l’Université Laval, cet ouvrage traite de l’histoire législative et sociale de l’adoption québécoise, en s’intéressant plus particulièrement aux adoptions intrafamiliales et à la manière dont l’adoption légale redéfinit juridiquement les liens familiaux de l’enfant adopté. Plus précisément, il aborde la question des places respectives des parents d’origine et des parents adoptifs de l’enfant.
La première partie du livre retrace les changements successifs de la Loi concernant l’adoption au Québec, de 1924 jusqu’à la dernière réforme de 2018. Elle rend compte de l’évolution des pratiques d’adoption intrafamiliale sur la base d’une analyse de dossiers judiciaires et au regard du contexte plus large des transformations de la famille et du droit familial.
La deuxième partie se consacre à la question très actuelle de la pluriparenté en examinant les hésitations de la législation québécoise entourant la reconnaissance légale de la filiation d’origine de la personne adoptée.
Cet enjeu refait surface en matière de protection de la jeunesse, où des enfants continuent d’être privés de la famille dont ils ont besoin au nom du respect du principe selon lequel un enfant ne peut avoir plus de deux parents.
En savoir plus sur les publications à l’INRS