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Des femmes instruites choisissent d’être mères sans être mariées à leur conjoint

19 mars 2015 | Gisèle Bolduc

Mise à jour : 26 novembre 2020

En Amérique latine, on associait traditionnellement l’union de fait aux populations pauvres ou indigènes. La recherche récente remet en cause cette idée reçue. L’union de fait se répand dans les sociétés d’Amérique latine, et même dans les couches supérieures, depuis déjà une trentaine d’années. Dans certains pays d’Amérique latine, comme le Panama, l’union de fait est même plus répandue qu’au Québec.

On croyait également qu’en Amérique latine, avoir un enfant en vivant en union libre n’était possible que chez les femmes pauvres ou peu scolarisées. Une nouvelle étude pilotée par le professeur Benoît Laplante du Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS montre que ce n’est plus le cas. Les femmes qui détiennent un diplôme universitaire sont encore relativement peu nombreuses à devenir mères sans être mariées, mais leur nombre augmente substantiellement. Il n’est plus possible de soutenir qu’en Amérique latine, former une famille sans être mariée est le propre des femmes peu instruites. En fait, on constate que dans la plupart des pays d’Amérique latine, peu importe le niveau de scolarité, la fécondité dépend aujourd’hui du fait de vivre ou non en couple, mais non pas de la nature juridique du lien entre la mère et le père.

Des femmes instruites choisissent d’être mères sans être mariées à leur conjoint

« Les unions de fait chez la population scolarisée et urbaine ne peuvent être considérées simplement comme un prélude au mariage, mais elles représentent plutôt une étape du cycle de vie qui fait une place à la procréation, comme c’était le cas traditionnellement chez les groupes moins favorisés en Amérique latine. »

Professeur Laplante

L’étude indique que l’union de fait et le mariage coexistent aujourd’hui en Amérique latine comme cadre de la vie familiale même chez les gens aisés. Sous ce rapport, l’Amérique latine commence donc à ressembler aux pays de l’Europe de l’Ouest ainsi qu’au Québec. Dans les Amériques, il n’y a que dans le monde anglophone où le mariage demeure le seul cadre normal de la formation de la famille chez les gens aisés.

Cette étude est publiée dans le numéro de mars 2015 de la prestigieuse revue Population and Development Review.

À propos de cette publication

L’article intitulé «Childbearing within Marriage and Consensual Union in Latin America, 1980-2010 » a été publié dans Population and Development Review, vol. 41, no1. Cette recherche a été réalisée par Benoît Laplante de l‘INRS, Teresa Castro-Martín et Teresa Martín-García du Consejo Superior de Investigaciones Científicas à Madrid, et Clara Cortina de la Universitat Pompeu Fabra à Barcelone. Elle a bénéficié du soutien financier de l’European Union’s Seventh Framework Programme 2007-2013 dans le cadre du projet FamiliesAndSocieties.