- Recherche
Nous formons la relève en recherche, capable d'innovation scientifique, sociale et technologique.
Nous trouvons des solutions par la recherche interdisciplinaire, en collaboration avec nos partenaires.
Nous contribuons au développement économique, social et culturel du Québec.
4 novembre 2011
Mise à jour : 11 novembre 2020
La plateforme de glace Ward Hunt et le fjord Disraeli le 20 août 2008 après une grande fracturation. Crédit photo : Denis Sarrazin, CEN/ArcticNet
Les plateformes de glace de l’Arctique sont des épaississements de glace le long des côtes qui sont, dans certains cas, en contact avec les fonds marins. Ces plateformes ont perdu plus de 90 % de leur superficie au cours du XXe siècle et leur dégradation se poursuit de façon accélérée. Cependant, l’importance de cette réduction de la glace est difficile à déterminer, car l’historique de la formation de ces plateformes est encore mal défini.
Une équipe de chercheurs du Centre d’études nordiques a utilisé des archives sédimentaires qu’ils ont récoltés derrière la plus grande des plateformes de glace encore intactes de l’Arctique, celle de Ward Hunt sur l’île d’Ellesmere au Nunavut, afin d’établir l’historique de la présence de cette plateforme. Cette dernière forme un barrage qui retient un lac d’eau douce (lac épi-plateforme) dans le fjord Disraeli. L’existence de ce lac d’eau douce a été révélée par des changements biologiques et géochimiques dans les carottes de sédiments analysées.
Les résultats montrent que la plateforme de glace de Ward Hunt s’est formée il y a 4 000 ans, mais a subi une fracturation importante il y a 1 400 ans. La plateforme s’est reformée complètement environ 600 ans plus tard. Elle était demeurée intacte jusqu’au récent drainage catastrophique du lac épi-plateforme au tournant du XXIe siècle. En effet, entre 1999 et 2002, le fjord Disraeli qui contenait jusqu’à 4 km3 d’eau douce pour une superficie 143 km2 s’est vidé complètement de son eau douce lorsque la plateforme de glace qui la retenait s’est fracturée.
Selon les descriptions de 1906 de l’explorateur Robert Peary, les plateformes de glace de l’île d’Ellesmere couvraient alors une superficie de plus de 8 000 km2. Dans les années cinquante, les relevés aériens signalaient déjà une réduction significative. À la fin du 20e siècle, il ne restait plus que six fragments pour une superficie totale de 1000 km2. La dégradation de la dernière décennie en a retranché un autre 300 km2 incluant la disparition complète des plateformes Ayles et Markham. La plateforme de Ward Hunt est le dernier fragment significatif et ne couvre plus que 400 km2. Cette dégradation rapide des plateformes de glace dans l’Arctique laisse entrevoir la possibilité de les voir disparaître complètement dans un futur proche.
Source :
Antoniades, D., P. Francus, R. Pienitz, G. St-Onge et W.F. Vincent. 2011. Holocene dynamics of the Arctic’s largest ice shelf. Proceeedings of the National Academy of Science of the United States of America (PNAS). Publié en ligne avant impression le 24 octobre 2011, doi:10.1073/pnas.1106378108
Le professeur Pierre Francus du Centre Eau Terre Environnement de l’INRS est un spécialiste de l’étude des sédiments lacustres et marins, actuels et passés, dans le but de reconstituer les paléoclimats et les paléoenvironnements.