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21 avril 2015
Mise à jour : 9 novembre 2020
Ayant causé la mort de dizaines de millions d’arbres depuis sa détection au Canada en 2002, l’agrile du frêne est l’insecte le plus destructeur à avoir envahi l’Amérique du Nord. Ses larves creusent des labyrinthes de galeries sous l’écorce et perturbent la circulation de la sève dans le frêne qui meurt rapidement. Comment contrôler ces ravageurs qui menacent la qualité de vie des citoyens en tuant une grande partie du couvert forestier urbain de la grande ville de Montréal ? Le professeur Claude Guertin du Centre INRS-Institut Armand-Frappier explore plusieurs pistes prometteuses faisant appel à des alliés naturels : les microorganismes.
Avec la collaboration de Robert Lavallée, chercheur de Ressources naturelles Canada et professeur invité à l’INRS, Claude Guertin analyse le microbiome de l’agrile du frêne. En effet, l’insecte transporte avec lui un petit écosystème composé de champignons, de bactéries et d’autres microorganismes qui vivent en symbiose avec l’agrile tout en passant inaperçus. Mais les outils moléculaires dont disposent maintenant les chercheurs permettent de déceler la présence de cette foule microscopique, et de vérifier si certains d’entre eux pourraient devenir des alliés dans notre lutte contre l’agrile du frêne.
« C’est la première étude qui compare le microbiome des mâles et des femelles de l’agrile du frêne et ceux de différentes populations du Québec et de l’Ontario », souligne le professeur Guertin. Les données recueillies contribueront à mieux comprendre le cycle de vie et les conditions favorables à la prolifération de l’agrile du frêne.
Déjà, certains champignons sont testés comme arme contre ce ravageur. Les hyphomycètes tuent les insectes qu’ils infectent. Les professeurs Guertin et Lavallée vérifient leur potentiel pour réguler la population d’agriles du frêne. Cette approche demande un peu de ruse, puisque les larves vivent à l’abri sous l’écorce des frênes. L’astuce privilégiée par l’équipe de recherche consiste à attirer les agriles adultes dans un piège contenant des conidies de champignons. Les insectes se contaminent en visitant le piège et disséminent le champignon dans la population adulte. On espère ainsi réduire le nombre d’adultes actifs et la ponte des femelles.
Cette stratégie originale sera testée cette année à Montréal, ville où la menace de l’agrile est particulièrement surveillée. Comptant environ 200 000 frênes sur son territoire, les rues bordées d’arbres matures et les parcs de la métropole pourraient changer de visage radicalement si la population d’agriles poursuivait son accroissement. ♦
En savoir plus
Les recherches du professeur Guertin ont fait l’objet d’un article intitulé Chronique d’une mort annoncée.
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