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La professeure Isabelle Plante conjugue recherche et générosité

21 avril 2015 | Stéphanie Thibault

Mise à jour : 13 mars 2023

Sous la lentille du microscope, les cellules cancéreuses sont anonymes et croissent sans histoire. L’environnement de la recherche en santé, aseptisé et contrôlé, paraît très éloigné des personnes qui vivent avec les maladies qu’on y étudie. Isabelle Plante, professeure au Centre INRS–Institut Armand-Frappier, étudie les mécanismes de développement du cancer du sein et garde en tête une foule de visages de patients, de survivants du cancer, pour qui chaque jour son équipe s’affaire.

« En travaillant en recherche fondamentale, les retombées de nos travaux sur les patients sont moins visibles qu’en recherche clinique, même si elles sont essentielles dans le portrait global pour parvenir à de nouveaux traitements », admet la jeune chercheuse.  Ayant choisi de s’orienter en toxicologie pour comprendre les effets des polluants sur la santé, le contact avec les gens demeure très important pour elle. C’est donc avec plaisir qu’elle s’est impliquée auprès de la Société canadienne du cancer.

D’abord pour accommoder une amie en 2006, elle a pris part à un premier événement, le Relais pour la vie. On l’a par la suite sollicitée à titre de conférencière auprès des bénévoles et de divers publics, ce qui l’a encouragée à s’investir davantage. Cette année, elle est présidente du comité organisateur et porte-parole scientifique du Relais pour la vie de Laval. Il s’agit de la 3e année où elle prend part à cet événement, et elle s’est entourée d’une brigade de la vulgarisation du cancer.

Marcher pour la vie

Grande marche nocturne contre le cancer, le Relais pour la vie rassemble plus de quatre cents événements locaux à travers le Canada. Celui de Laval réunira cette année environ soixante-dix équipes de marcheurs et s’est fixé un objectif de collecte de 250 000 $.

L’INRS compte trois équipes, mais est surtout présent pour renseigner, répondre aux questions et familiariser les participants avec la recherche. Les fonds amassés ne sont-ils pas destinés à la faire progresser? « Je le vois comme un devoir moral. On est des professeurs. Expliquer, ça fait partie de notre travail. Expliquer ce que nous faisons à ceux pour qui nous le faisons et qui, en plus, nous appuient dans le financement… c’est normal! », s’exclame Isabelle.

Plusieurs professeurs et étudiants-chercheurs se joignent donc à elle pour la 3e année afin de partager leurs connaissances et écouter les préoccupations des participants à la marche. « Les gens ont beaucoup d’idées préconçues sur la recherche, confie Isabelle. Ils ont du mal à saisir pourquoi elle coûte si chère et pourquoi les progrès sont souvent lents. Sous notre chapiteau, au Relais pour la vie de Laval, nous avons l’occasion de mieux faire connaître la nature de notre travail. »

Certains en profitent pour valider des informations, constate également Isabelle. « Comme les gens qu’on rencontre à cet événement sont touchés ou, au moins, sensibilisés aux questions sur le cancer, ils sont plus informés que la majorité de la population. Cependant, je dois fréquemment rectifier des informations, car ils font confiance à des sources plus ou moins fiables. C’est surtout le cas pour ce qui est des approches alternatives et de l’utilisation des produits naturels ou des aliments fonctionnels. Il faut souvent replacer les preuves scientifiques dans leur contexte, relativiser les propos de ces sources. »

Ces échanges avec les survivants du cancer, leurs proches et leurs sympathisants donnent lieu à des moments riches en émotion. Nombre d’entre eux prennent le temps de remercier les chercheurs pour leur travail et leur demandent de le poursuivre avec la même passion. Ces témoignages les accompagnent lorsqu’ils retournent au laboratoire, quand ils travaillent loin des patients et qu’il serait facile de perdre de vue la motivation ultime de leur labeur.

Il est toujours temps de former des équipes pour le Relais pour la vie. De plus, pour les chercheurs et étudiants-chercheurs qui aimeraient faire l’expérience de vulgariser durant une partie de la nuit du 13 juin 2015, il n’est pas trop tard pour communiquer avec Isabelle Plante.