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27 mai 2021 | Audrey-Maude Vézina
Mise à jour : 4 juin 2021
Une recherche internationale montre que l’exposition des huîtres aux nanoplastiques et à l’arsenic affecterait leurs fonctions biologiques.
L’exposition des huîtres aux plastiques suscite des inquiétudes, notamment parce que ces matériaux peuvent accumuler et relâcher des métaux, qui sont ensuite absorbés par les mollusques. Par exemple, la présence combinée de nanoplastiques et d’arsenic affecterait les fonctions biologiques des huîtres, selon une étude récente publiée dans la revue Chemosphere. Cette recherche a été menée par l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) à Québec et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de l’Université de Bordeaux, en France.
L’équipe de recherche internationale a choisi d’étudier l’arsenic, puisque c’est l’un des métaux les plus abondants absorbés par les débris plastiques prélevés sur les plages de la Guadeloupe.
« Les huîtres accumulent facilement les métaux de l’environnement dans leurs tissus. Nous voulions donc tester si l’exposition combinée de nanoplastiques et d’arsenic augmenterait la bioaccumulation de ce contaminant. »
Marc Lebordais, étudiant à la maîtrise responsable de la recherche
Les scientifiques ont ainsi démontré que la bioaccumulation de l’arsenic n’augmentait pas avec la présence des nanoplastiques. Elle demeurait toutefois plus élevée dans les branchies de l’huître canadienne Crassostrea virginica que chez l’huître Isognomon alatus, retrouvée en Guadeloupe. Ces résultats sont les premiers à mettre en lumière la sensibilité différente des espèces.
Outre la bioaccumulation, l’équipe a également observé une surexpression de gènes responsables de la mort des cellules et du nombre de mitochondries – centrales énergétiques de la cellule – chez C. virginica. Chez I. alatus, l’expression de ces gènes d’intérêt était moins prononcée.
« Évaluer l’expression de gènes impliqués dans des fonctions importantes, comme la mort cellulaire ou la détoxication, nous renseigne sur la toxicité des nanoplastiques et de l’arsenic à une échelle cellulaire », explique le jeune chercheur codirigé par les professeures Valérie Langlois de l’INRS et Magalie Baudrimont de l’Université de Bordeaux.
La prochaine étape, après avoir caractérisé la présence de nanoplastiques et d’arsenic chez les huîtres, serait d’étudier le transfert de ces contaminants dans la chaîne alimentaire.
« Des outils d’analyse sont à ce jour en plein essor pour réussir à quantifier la présence de nanoplastiques dans les tissus biologiques, souligne Marc Lebordais. Connaître la quantité de nanoplastiques des huîtres d’élevage est donc actuellement un enjeu technique. »
L’article « Molecular impacts of dietary exposure to nanoplastics combined with arsenic in Canadian oysters (Crassostrea virginica) and bioaccumulation comparison with Caribbean oysters (Isognomon alatus) », par Marc Lebordais, Juan Manuel Gutierrez-Villagomez, Julien Gigault, Magalie Baudrimont et Valérie Langlois, a été publié dans la revue Chemosphere. L’étude a reçu du soutien financier de l’Agence nationale de la recherche (ANR), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et des Chaires de recherche du Canada.