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Les insectes : de la recherche à l’assiette

21 juin 2022 | Audrey-Maude Vézina

Mise à jour : 21 juin 2022

La chercheuse Mélissa Quinche met les bêtes à six pattes au cœur de sa mission écologique.

Le frass, soit tout ce que les insectes laissent derrière après avoir dévoré des aliments, enrichit le sol et favorise la croissance des plantes.

Ingénieure et agronome d’origine colombienne, Mélissa Quinche est spécialiste en fertilisation et en gestion des matières résiduelles fertilisantes. Émerveillée par la possibilité d’utiliser les insectes pour transformer les résidus alimentaires en engrais, elle a rejoint l’équipe de la professeure Louise Hénault-Ethier de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). À titre de postdoctorante, elle travaille sur le suprarecyclage des matières organiques à l’aide d’insectes. Elle évalue la valeur des sous-produits d’élevage d’insectes, tels que le fumier et les exuvies, comme fertilisant ou pour la protection des cultures.

Oui, il est possible de manger des insectes. Mais on peut aussi les retrouver dans nos assiettes d’une autre manière.

« Les insectes peuvent nous nourrir, en plus de nous donner un beau produit pour nourrir nos plantes ! Ça évite que des tonnes de résidus alimentaires soient enfouies. Les valoriser cadrait tout à fait avec mes intérêts de recherche. »

Mélissa Quinche


Une question de qualité

En effet, le frass, mot d’origine allemande, enrichit le sol et favorise la croissance des plantes. Ce terme désigne tout ce que les insectes laissent derrière après avoir dévoré des aliments. Issu des élevages d’insectes, il est composé de leurs déjections, de leurs mues et de quelques résidus de leur alimentation.

Or, le statut du frass n’est pas encore bien défini au Québec. « Devons-nous le considérer comme un fumier, comme un engrais ou comme une matière résiduelle fertilisante ? Afin de répondre à ces questions, il nous faut définir des critères de qualité pour le frass », rapporte Mélissa Quinche.

Elle souligne la nécessité de mieux connaître ce nouveau produit aux propriétés fertilisantes intéressantes pour l’agriculture. La chercheuse a d’ailleurs été en mesure de prédéfinir des critères agronomiques et de commercialisation répondant aux réglementations au Québec et ailleurs dans le monde.

« Établir ces critères permettrait de répondre aux enjeux de normalisation et d’encadrer l’utilisation du frass au Québec. L’idée est aussi de standardiser son traitement selon la nature du substrat, le type d’insectes et leur diète », explique la jeune chercheuse.


Communiquer l’enjeu, partager sa passion

Mélissa Quinche a pu présenter ses recherches lors de la conférence Insects to Feed the World, tenue du 12 au 16 juin 2022 au Centre des congrès de Québec. « Ça a été une belle occasion de faire de la vulgarisation scientifique. Je pense que c’est ma partie préférée de la recherche : informer les gens et leur apprendre de nouvelles connaissances est toujours gratifiant », confie la postdoctorante.

Mélissa Quinche devant la collection entomologique Ouellet-Robert, lors de la conférence. (Crédit : Louise Hénault-Ethier)

Cette conférence lui a aussi permis de rencontrer des personnes de partout dans le monde et de voir de près plusieurs types d’insectes. « Ça a changé ma vision de ces petites bibites, qui nous sont tellement utiles ! Je n’ai plus peur des insectes, j’en ai même mangé ! »


À propos de Mélissa Quinche

En plus de son projet postdoctoral, Mélissa Quinche est chercheuse au Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière, où elle travaille sur le développement et le transfert de pratiques agroenvironnementales innovantes appuyant la gestion intégrée des ennemis des cultures. L’INRS lui offre la possibilité de faire son projet à temps partiel et à distance. « Je suis fière de pouvoir contribuer à l’avancement de la recherche québécoise avec mes travaux tout en avançant dans mon parcours professionnel. »

Mélissa Quinche a réalisé une maîtrise à l’Université de Bourgogne, à Dijon (France), avec la mention « Environnement, terre, évolution, climat » et la spécialité « Espace rural et environnement », et un doctorat en sols et environnement à l’Université Laval.

Ses recherches sont soutenues directement par l’INRS et ses résultats contribuent à bonifier les travaux réglementaires du groupe de travail sur le frass de la Table filière des insectes comestibles du Québec.

Pour en apprendre davantage sur la consommation d’insectes, écoutez Mélissa Quinche à l’émission Les Années lumière.