- Vie universitaire
Grand bâtisseur de l’INRS, de la recherche et de l’innovation au Québec, monsieur Louis Berlinguet s’est éteint le 21 janvier 2018, laissant un héritage inestimable à la société.
Se démarquant dès le début de sa carrière à titre de professeur de biochimie à l’Université Laval, le parcours de cet homme de science donne le vertige. À l’époque où l’on découvrait la structure de l’ADN, Louis Berlinguet se penchait sur la synthèse des acides aminés, la chimie et la biochimie des protéines et la chimiothérapie du cancer. Reconnu comme un grand pédagogue, il dirige plus d’une centaine d’étudiants aux cycles supérieurs avant de monter dans la hiérarchie de l’Université Laval. Il fut le premier vice-doyen à la recherche non-médecin à la Faculté de médecine de cette université.
Dans la trentaine, il est déjà membre honoraire de l’Institut de chimie du Canada et membre de la Société royale du Canada. Il s’implique déjà à cette époque dans diverses organisations, d’abord comme président de la Société canadienne de biochimie. Au total, il sera président d’une dizaine d’organisations de nature scientifique au cours de sa vie, dont l’Association canadienne-française pour l’avancement de la science (ACFAS, 1969), le Commonwealth Research Council de Londres (1983-1984) et le Conseil de la science et de la technologie du Québec (1990-1996).
Sa carrière prend un virage en 1969, lors de la création de l’Université du Québec. Dédié à ce projet, il en est nommé vice-président à la recherche. C’est avec le développement de ce réseau universitaire, qui a joué un important rôle dans l’essor de l’éducation supérieure au Québec, que M. Berlinguet devient le premier président du conseil d’administration de l’Institut national de la recherche scientifique fondé en 1969. Il s’investit notamment dans l’établissement des centres INRS-Eau, à Québec, et INRS-Énergie, à Varennes.
En 1975, le politique fait appel à lui pour une première fois. Il préside le Conseil de la politique scientifique du Québec. Fervent défenseur de la place que la science devrait occuper dans la société, M. Berlinguet occupe par la suite une série de postes qui lui permettent de placer des pierres pour soutenir la recherche et la culture scientifique. Que ce soit au Centre de recherches pour le développement international (CRDI), dont il participe à la création, ou à l’Organisation des Nations unies à titre de vice-président du Comité consultatif pour l’application des sciences et de la technologie.
L’avis de M. Berlinguet est précieux et extrêmement sollicité. Des orientations en recherche aux politiques, les administrateurs et les ministres le consultent sur de nombreuses questions de tout ordre et il siège à un grand nombre de comités pour le développement et la promotion de la science et de la technologie. Avec son intégrité et son dynamisme, il a déployé de grands efforts pour la promotion et la diffusion de la culture scientifique, l’enseignement des sciences et l’attrait des carrières scientifiques.
Le dévouement et les grandes réalisations de Louis Berlinguet lui ont valu de grandes distinctions. Trois doctorats d’honneur lui ont été décernés, dont un par l’INRS en 1979, en plus d’être reçu Officier de l’Ordre du Canada et de l’Ordre du Québec et d’être lauréat d’un grand nombre de prix prestigieux.
Dans son autobiographie publiée en 2008, Louis Berlinguet écrit : « Si j’ai quitté mon laboratoire de l’Université Laval, si j’ai enseigné pendant 20 ans et si j’ai travaillé au développement de la science au Québec, au Canada et dans plusieurs pays, ce devait être parce que je voulais que la science prenne une vraie place dans la vie des gens et qu’ils puissent en bénéficier. » Le parcours qui est décrit aujourd’hui ne laisse pas de doute : sa marque sera durable dans la société québécoise. Chapeau bas !