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Chaque année, plus d’un million de personnes meurent sur la route dans le monde. Les piétons et les cyclistes, notamment les jeunes entre 2 et 20 ans, représentent une proportion importante de ces décès.
La professeure de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) Marie-Soleil Cloutier et ses collègues viennent de publier une revue des écrits sur ce sujet dans le journal Injury Prevention de la Society for Advancement of Violence and Injury Research (SAVIR).
Cet examen complet des meilleures données probantes disponibles sur le sujet revient sur plus de vingt ans de recherche sur le risque de blessures des jeunes piétons à travers le monde. La professeure Cloutier et ses collaboratrices et collaborateurs proposent une relecture des résultats de recherche à partir de l’approche de sécurité routière Vision Zéro. « L’approche systémique est utile dans la prévention des blessures chez les enfants piétons, puisqu’elle permet de voir toutes les sous-catégories de facteurs de risque comme faisant partie d’un tout », souligne Marie-Soleil Cloutier, directrice du Laboratoire Piétons et Espace urbain, qui étudie cette population particulièrement vulnérable depuis le début de sa carrière universitaire.
L’article, publié en libre accès, passe ainsi en revue les facteurs de risque et les interventions afin de les réduire en lien avec des données sur les enfants, l’environnement bâti, les véhicules et les conducteurs.
« Les jeunes courent un risque particulier de collision avec un véhicule motorisé en raison de leurs caractéristiques physiologiques, entre autres parce qu’ils sont plus petits. Mais le danger est aussi lié à leur développement cognitif : ils ont de la difficulté à percevoir les menaces relatives à la circulation. »
Marie-Soleil Cloutier
Pour réduire ces effets, il est important de mettre en place des interventions visant d’autres objectifs que de changer le comportement des enfants dans la rue. D’ailleurs, même si les recherches recensées ont confirmé une relation entre les interventions comportementales auprès des piétons et leur comportement par la suite, aucune étude n’a pu démontrer l’effet de ces interventions sur le nombre d’accidents.
Les facteurs liés aux environnements dans lesquels vivent les enfants et les jeunes, dont le lieu de résidence (urbain, suburbain, rural), le statut socio-économique du quartier et les caractéristiques de la route et de la circulation, influencent le risque de blessure des piétons. Parmi les interventions liées aux environnements, seules les mesures d’apaisement de la circulation sont constamment associées à une diminution du nombre de collisions. Malheureusement, des inégalités existent dans la distribution de ces interventions sur les territoires visés. Par exemple, moins de mesures d’apaisement de la circulation sont appliquées dans les zones socio-économiques défavorisées.
Les conclusions de ces travaux sur les facteurs de risque sont importantes pour la suite, puisque les différentes politiques en matière de transport actif pour les jeunes, incluant celles qui les encouragent à adopter le transport actif (marche et vélo) pour se rendre à l’école, ont de nombreux avantages pour leur santé, mais peuvent mener à des blessures si l’environnement de marche n’est pas adapté aux vulnérabilités des enfants.
La deuxième partie de l’article propose une réflexion sur quatre enjeux critiques liés à la prévention des blessures chez les enfants piétons : l’accès à des données fiables sur les collisions et les volumes de piétons, l’évaluation des interventions faites sur le terrain, les politiques basées sur des données probantes et la collaboration intersectorielle. « Les recherches, menées au cours des trente dernières années, nous ont permis d’en savoir plus sur les facteurs de risque et la façon de les réduire. Il est temps de traduire ce savoir en action concrète pour prévenir des blessures chez les enfants piétons, et ce, peu importe l’endroit sur la planète », précise la professeure Cloutier.
Marie-Soleil Cloutier (INRS), Émilie Beaulieu (Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Québec), Liraz Fridman (Hospital for Sick Children, Toronto), Alison K. Macpherson (Université York, Toronto), Brent E. Hagel (Université de Calgary, Calgary), Andrew William Howard (Hospital for Sick Children, Toronto), Tony Churchill (Ville de Calgary), Pamela Fuselli (Parachute, Toronto), Colin Macarthur (Hospital for Sick Children, Toronto) et Linda Rothman (Université Ryerson, Toronto) ont participé à cette publication.
Les travaux de recherche ont été en partie financés par une subvention d’équipe des Instituts de recherche en santé du Canada.
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