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28 avril 2021 | Audrey-Maude Vézina
Mise à jour : 30 juin 2021
Une équipe de l’INRS démontre l’effet thérapeutique d’une molécule chez le poisson-zèbre pour traiter certains symptômes neurologiques d’une maladie génétique rare.
Le syndrome CHARGE, une maladie génétique rare, touche environ 1 nouveau-né sur 10 000. Il peut entraîner des troubles neurologiques et comportementaux, pour lesquels il n’y a actuellement pas de traitement. L’équipe du professeur Kessen Patten, de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), vient toutefois de mettre au jour l’effet thérapeutique d’une molécule qui allègerait ces symptômes. Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans la revue EMBO Reports.
Le syndrome CHARGE, décrit pour la première fois en 1979, découle de mutations dans le gène CHD7. Il est associé à des troubles neuro-développementaux, tels que la déficience intellectuelle, le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, l’épilepsie ou les troubles du spectre de l’autisme. L’équipe de recherche du professeur Patten a étudié les symptômes neurologiques de ce syndrome, encore peu compris.
Pour ce faire, le groupe de recherche a développé un modèle génétique de poisson-zèbre présentant une perte de fonction du gène CHD7 similaire à celle observée chez l’humain. Il a ainsi remarqué que le gène CHD7 régulait le type de neurones GABAergiques, essentiels au bon fonctionnement du cerveau.
« La perte de fonction du gène CHD7 engendrerait des anomalies dans le développement et le fonctionnement des neurones GABAergiques chez le poisson-zèbre. Les anomalies seraient associées aux troubles neurologiques et comportementaux observés. »
Kessen Patten, spécialiste en génétique et en maladies neurodégénératives
Son équipe a aussi repéré les événements moléculaires contrôlés par le gène CHD7 pour expliquer ces symptômes neurologiques dans leur modèle génétique. Elle a fait un constat similaire dans les cellules de patients atteints de la maladie.
L’équipe de recherche a ensuite testé des centaines de molécules déjà approuvées en clinique par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis. La technique qu’elle a utilisée, connue sous le nom « criblage de médicaments », a permis de sélectionner l’éphédrine comme molécule thérapeutique.
« Nous avons observé des effets thérapeutiques sur les symptômes neurologiques et comportementaux. En effet, l’éphédrine permettait au modèle de poisson-zèbre malade de récupérer partiellement ses fonctions normales. »
Priyanka Jamadagni, doctorante et première autrice de l’article
Cette recherche ouvre la porte à des avenues prometteuses pour d’autres troubles neurologiques présentant des débalancements similaires sur le plan des neurones, comme les troubles du spectre de l’autisme ou l’hyperactivité.
L’article « Chromatin remodeler CHD7 is required for GABAergic neuron development by promoting PAQR3 expression », par Priyanka Jamadagni, Maximilian Breuer, Kathrin Schmeisser, Tatiana Cardinal, Betelhem Kassa, J. Alex Parker, Nicolas Pilon, Éric Samarut and Shunmoogum A. Patten, a été publié dans la revue EMBO Reports. L’étude, menée par le professeur Kessen Patten, implique des collaborateurs du Centre de recherche du CHUM et de l’Université de Québec à Montréal (UQAM). L’étude a reçu un soutien financier de la CHARGE Syndrome Foundation, de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et de la Fondation des maladies rares. La première autrice a reçu une bourse d’études doctorales du Centre d’excellence de recherche sur les maladies orphelines – Fondation Courtois (CERMO-FC) et une bourse de la Fondation Armand-Frappier.