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Une équipe de recherche de l’INRS participe à un projet sur les bassins versants du Québec, qui vise une gestion intégrée de l’eau en milieu agricole.
Le bassin versant du ruisseau au Castor, un tributaire dégradé de la rivière aux Brochets, en Montérégie, deviendra un territoire de recherche appliquée jusqu’en 2030. Tous les facteurs de succès d’un projet collectif y sont réunis afin de soutenir les exploitantes et exploitants agricoles dans la pratique d’une agriculture davantage respectueuse des écosystèmes. Le projet Castor a reçu un appui financier de 5,2 millions de dollars du gouvernement du Québec, annoncé le 19 novembre 2021 par Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, ministre responsable de la Lutte contre le racisme et ministre responsable de la région de Laval.
Le professeur Alain N. Rousseau de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et son équipe, composée de son associé de recherche Étienne Foulon, du postdoctorant Cédrick Victoir Guedessou et l’étudiant à la maîtrise Guillaume Morin, s’impliquent dans ce projet. Ce dernier est mené en collaboration avec le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) et avec cinq équipes de recherche québécoises, issues respectivement de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), de l’Université Concordia, de l’Université Laval, de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Le projet vise à démontrer que la santé des écosystèmes aquatique et terrestre d’un bassin versant peut s’améliorer par l’adoption pérenne d’un ensemble de pratiques de gestion bénéfiques. Le professeur Rousseau pense, entre autres, à l’implantation d’une céréale d’automne, à la mise en place de bandes riveraines élargies et d’un corridor de liberté ainsi qu’à l’adoption de pratiques visant à améliorer la santé et la structure physique des sols de même la gestion des fumiers et des lisiers. Ces solutions présenteront de nombreux avantages pour les entreprises agricoles et pour la population grâce à un engagement à long terme de toutes les parties prenantes.
« Les agricultrices et agriculteurs du bassin sont au centre du processus de définition de diverses actions de recherche en collaboration avec l’équipe de l’INRS et le ROBVQ. Ce processus reflète la dynamique du quotidien, il s’apparente à un “laboratoire vivant”. »
Alain N. Rousseau, spécialiste en modélisation hydrologique et en gestion intégrée de l’eau par bassin
En effet, ce projet de recherche est basé sur une approche systématique de cocréation grâce à des échanges ponctuels entre les chercheuses, les chercheurs, les agricultrices, les agriculteurs, les professionnelles et les professionnels sur les avantages et les inconvénients des pratiques de gestion bénéfiques pour chacune des parties prenantes. « Cette mise en place se fait donc dans un contexte de compromis, de compensation des coûts d’opportunité notamment, et d’innovation scientifique afin d’améliorer la qualité de l’environnement. Et c’est bien cela qui va faire la réussite de ce projet collectif ! » ajoute-t-il.
Ce projet inspiré de l’innovation sociale est déjà amorcé. Depuis un an, les productrices et producteurs agricoles travaillent en coconstruction avec des équipes de recherche coordonnées par l’INRS, le ROBVQ et des acteurs locaux comme la MRC Brome-Missisquoi, l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi et les clubs-conseils en agroenvironnement régionaux.
Au cours des prochaines années, il sera question de déterminer des objectifs ambitieux et structurants à moyen et à long termes, d’intensifier la mise en place de bonnes pratiques environnementales et de cerner les leviers nécessaires au succès de la gestion intégrée de l’eau en milieu agricole.
« L’INRS a pour mission de contribuer au développement de la société québécoise par la recherche et la formation aux cycles supérieurs. Ce projet de gestion intégrée de l’eau en milieu agricole représente pour la communauté étudiante et scientifique une occasion unique de mettre sur pied un programme de recherche qui tient compte des contraintes environnementales et agricoles afin de relever un défi de taille en agroenvironnement », souligne Luc-Alain Giraldeau, directeur général de l’INRS.
Les apprentissages réalisés tout au long du projet permettront d’éclairer les différents ministères et organismes concernés par l’agroenvironnement au sujet d’enjeux de natures sociale, économique, professionnelle et technique, de même que sur la gouvernance de l’agroenvironnement au Québec.
« Le projet Castor se distingue des autres projets collectifs qui ont eu lieu depuis plus de deux décennies en milieu agricole : il rassemble un éventail imposant d’acteurs décisionnels et expérimentés en matière agroenvironnementale au Québec. Avec ce projet pilote, le gouvernement du Québec poursuit son engagement à protéger, à utiliser et à gérer l’eau et les milieux aquatiques de façon responsable, intégrée et durable. Je remercie tous les partenaires, en particulier les exploitants agricoles, de leur leadership et de leur engagement à faire partie de la solution », indique le ministre Benoit Charette dans le communiqué de presse.
Découlant du plan d’action 2018-2023 de la Stratégie québécoise de l’eau 2018-2030, ce projet pilote est encadré par un comité interministériel constitué de représentantes et représentants des unités centrales et régionales du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation ainsi que du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.