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3 avril 2017 | Gisèle Bolduc
Mise à jour : 13 mars 2023
Dans un article publié récemment dans PLoS ONE, des chercheurs du Centre INRS–Institut Armand-Frappier démontrent le potentiel d’une stratégie pouvant conduire à la découverte de nouveaux peptides antimicrobiens cationiques (CAMP) aux propriétés antimicrobiennes grandement améliorées. Cette stratégie a aussi permis de conserver une activité considérable de la nouvelle molécule contre les biofilms responsables de la gravité de diverses infections. Elle présente donc une avenue prometteuse pour lutter contre les bactéries multirésistantes aux antibiotiques.
Aux fins de l’étude, les chercheurs ont choisi un peptide – pep1037 – déjà connu pour son potentiel antimicrobien et son activité antibiofilm contre les pathogènes Pseudomonas aeruginosa et Burkholderia causant de graves complications chez certaines personnes atteintes de fibrose kystique. La modification de ce peptide avec l’ajout d’une cystéine à son extrémité a généré un dimère, une nouvelle molécule qui se caractérise par une activité antimicrobienne 60 fois plus grande.
« Nos résultats montrent que ce dimère présente un grand intérêt non seulement pour freiner la croissance bactérienne, mais aussi pour son potentiel antibiofilm. Il pourrait potentiellement être utilisé à des fins thérapeutiques en combinaison avec des antibiotiques cliniquement pertinents. »
Auteurs de l’étude
À ce jour, aucun antimicrobien qui cible les biofilms bactériens n’a été approuvé cliniquement. On estime que 80 % de toutes les infections bactériennes impliquent un biofilm, ce qui les rend difficiles à éradiquer puisqu’elles sont de 10 à 1000 fois plus résistantes aux traitements antibiotiques. D’ailleurs, la formation de biofilms est associée à la résistance sévère aux antibiotiques des bactéries dans les poumons de patients atteints de fibrose kystique.
Jusqu’ici très peu d’études ont rapporté l’effet de dimérisation de peptides antimicrobiens cationiques en y ajoutant une cystéine, surtout à l’endroit spécifique où les chercheurs ont décidé de modifier le peptide en question, c’est-à-dire à son extrémité.
Les résultats obtenus ouvrent la voie à l’amélioration de cette classe d’antibiotiques qui se retrouvent naturellement dans de nombreux organismes.
Cette recherche a été réalisée par Amal Thamri, Myriam Létourneau, Alex Djoboulian, David Chatenet, Eric Déziel, Annie Castonguay et Jonathan Perreault du Centre INRS–Institut Armand-Frappier. Les résultats sont présentés dans l’article « Peptide modification results in the formation of a dimer with a 60-fold enhanced antimicrobial activity », paru en mars 2017 dans Plos One. Les chercheurs ont reçu le soutien financier du Fonds de recherche du Québec – Santé, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et de la Fondation Armand-Frappier.