Les programmes scientifiques de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) sont conçus à la suite d’un exercice ponctuel de planification stratégique. Ils présentent les objectifs en recherche et en formation qui seront poursuivis sur une période de quatre à cinq ans.
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Programme scientifique institutionnel 2021-2025
Le Programme scientifique institutionnel 2021-2025 de l’INRS s’appuie sur les programmes scientifiques des centres de recherche et de formation. Il cerne les enjeux de société prioritaires autour desquels se regrouper, en précisant les orientations scientifiques pour la recherche, les études et le transfert des connaissances.
SEPT ORIENTATIONS SCIENTIFIQUES
Le programme scientifique institutionnel 2021-2025 développe les trois grands thèmes du plan stratégique de l’INRS en sept grandes orientations scientifiques.
ORIENTATION 1
Stimuler les activités scientifiques autour d’enjeux prioritaires
ORIENTATION 2
Renforcer la recherche et l’innovation autour d’axes thématiques alliant capacité et opportunité
ORIENTATION 3
Favoriser la collaboration interdisciplinaire, intersectorielle, intercentres et interétablissements
ORIENTATION 4
Intégrer les approches réconciliatrices, l’EDI et la concertation dans les activités liées à la recherche et à l’innovation
ORIENTATION 5
Faire preuve de leadership en matière de recherche responsable
ORIENTATION 6
Soutenir l’excellence de la formation et du développement du personnel scientifique
ORIENTATION 7
Développer les capacités de valorisation et de mobilisation des savoirs
CINQ ENJEUX PRIORITAIRES
L’INRS a identifié cinq enjeux prioritaires pour lesquels il dispose d’un haut potentiel d’influence en termes d’expertises, d’infrastructures, d’interdisciplinarité et d’agilité intersectorielle. Ces enjeux vastes et transversaux mobiliseront toutes les chercheuses et tous les chercheurs, quel que soit leur domaine d’expertise.
ENJEU 1 Évolution du rapport entre science et société
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La pandémie mondiale a été un facteur d’accélération de la recherche et de l’innovation. La complexité des enjeux et la vitesse requise pour leur faire face ont nécessité le renforcement d’une culture de recherche et d’innovation collaborative, efficace et structurante. Les efforts pour lutter contre la COVID-19 ont démontré toute la puissance de la recherche orientée vers une mission commune.
En parallèle, la force de l’intersectorialité, de la diversité et de la reconnaissance de l’intersectionnalité ont transformé le paysage de la recherche et de l’innovation en révélant à travers tout le système les failles de ses paradigmes.
La chaîne d’innovation où les activités se produisent selon un modèle chronologique et séquentiel tend à disparaître. Elle s’accélère, se démocratise et se ramifie par l’intervention d’une diversité d’actrices et d’acteurs ainsi que de partenaires concernés.
La chaîne d’innovation devient multidirectionnelle, allant de la recherche à la société, mais aussi de la société et de ses besoins vers la recherche. Cette nouvelle réalité nécessite une agilité et une flexibilité accrues de la part de toutes et de tous, ainsi qu’une ouverture à une plus grande diversité de méthodes et de moyens d’accomplir la recherche et l’innovation.
L’efficience de la recherche participative, de la collaboration et de la concertation entre les milieux universitaires, les communautés – en particulier les communautés autochtones – et les milieux de pratique et industriels apparaît comme la voie à privilégier pour favoriser et accélérer l’innovation, qu’elle soit technologique ou sociale.
Les communautés et les milieux preneurs deviennent acteurs et partenaires de la recherche et de l’innovation. Les scientifiques s’engagent et s’impliquent davantage dans le discours public. Le savoir scientifique, le conseil, la vulgarisation et le transfert des connaissances ont pris une nouvelle valeur pour la prise de décisions, que ce soit par le gouvernement, les villes, les communautés ou les entreprises.
En cohérence avec cette vision, les partenariats scientifiques faisant intervenir les villes, les régions, l’industrie, les ONG ou les communautés gagneront à être stimulés. Ils sont garants d’une créativité nourrie par la diversité et porteurs d’une acceptabilité intrinsèque plutôt qu’acquise après coup. Les établissements de recherche, les chercheuses et les chercheurs doivent faire preuve d’une responsabilité scientifique et sociale exemplaire. Le respect, l’équité et la sécurité culturelle sont au cœur de leurs actions. La collaboration et la concertation ont un effet dynamisant pour le développement et la transmission des savoirs, des effets directs sur les économies régionales et des répercussions sur la richesse et la culture.
Cette posture ainsi que la reconnaissance des savoirs et des compétences des Premiers Peuples sont requises pour permettre la réconciliation avec ces derniers et la décolonisation de la recherche. Les questions, les méthodes, la gestion et tout l’environnement de la recherche doivent s’ouvrir à la concertation.
ENJEU 2 Valorisation du territoire et des ressources naturelles
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Les appels à la protection de l’environnement, à la conservation de la biodiversité, à la préservation des habitats et à la réduction de la pollution ont longtemps fait face à la résistance populaire, économique et politique. Il y a aujourd’hui un changement de paradigme. L’évidence scientifique rejoint les intérêts sociaux et économiques. Un consensus s’établit pour l’attribution et la reconnaissance d’une valeur mesurable au territoire, à l’environnement et aux ressources naturelles.
La pandémie de la COVID-19 semble cristalliser cette tendance. La crise sanitaire et les mesures mises en place ont démontré l’importance de l’équité et de l’accès à la nature et aux services écosystémiques. La société a besoin d’une relance économique verte en réponse au ralentissement causé par les mesures sanitaires.
Les notions de services écosystémiques et d’infrastructures naturelles sont maintenant bien ancrées dans les discours politiques, économiques, sociaux et écologiques. Ils s’adressent à tous les types de milieux, qu’ils soient urbains, ruraux, exploités, naturels ou nordiques. Au développement durable s’associent les concepts d’économie circulaire et d’équité intergénérationnelle qui mettent en scène divers systèmes de production et de consommation responsables et interdépendants.
Cette vision renouvelée de l’importance de la valorisation du territoire et des ressources naturelles re-contextualise la recherche. Elle redéfinit les objectifs et stimule le développement de nouvelles technologies et de l’innovation à tous les niveaux et dans tous les domaines, notamment en agriculture, dans le secteur minier, pour le transport et la mobilité ainsi que dans nos milieux de vie.
ENJEU 3 Réponse et adaptation aux changements climatiques
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L’urgence de répondre et de s’adapter aux changements climatiques est de plus en plus reconnue et criante. Des actions sont nécessaires pour freiner puis renverser les impacts environnementaux et climatiques de l’activité humaine, dont les répercussions sont à la fois sociales, géographiques, biologiques, économiques, industrielles et sociopolitiques.
Il importe de mieux caractériser les conséquences des changements climatiques et d’anticiper les risques sur les populations humaines et la nature. La complexité des systèmes nécessite une approche multi et interdisciplinaire qui s’appuie sur la puissance de la modélisation, de l’analyse de signaux, du monitorage, de la science des données et des usages intelligents des technologies, dont la télédétection et l’intelligence artificielle.
Le plus récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) réitère que les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont en grande partie responsables du réchauffement climatique et de ses conséquences sur la fonte des glaciers, de la hausse du niveau des océans et des événements météorologiques extrêmes. La réduction des GES est donc un objectif central du présent enjeu. Pour y arriver, le potentiel de développement de technologies, d’énergies et de matériaux verts est des plus intéressants. Toutefois, l’atténuation et la réparation des dommages causés par les activités humaines requièrent aussi des avancées dans les domaines du captage de carbone et de l’assainissement environnemental.
Les effets des changements climatiques sur la santé et la sécurité des populations humaines sont aussi majeurs. Le haut risque de maladies émergentes, causées par la réduction des habitats d’hôtes ou de vecteurs et amplifiées par les modes de vie des populations, est désormais reconnu. Les bouleversements climatiques et météorologiques affectent les systèmes d’agriculture et les territoires. Ils provoquent notamment des mouvements de populations et une hausse importante du nombre de réfugiés climatiques. Ces phénomènes doivent non seulement être mieux documentés et expliqués, mais ils nécessitent des innovations technologiques et sociales qui aideront les populations à s’y adapter.
Les connaissances faisant intervenir des disciplines biomédicales, humaines, sociales, de sciences naturelles et de génie devront être transférées et mobilisées. Elles devront non seulement soutenir les changements requis aux niveaux de nos industries, de nos modes de vie et de nos pratiques, elles devront aussi appuyer l’élaboration de politiques informées et la prise de décisions éclairées par les membres citoyens, les élues et les élus à tous les niveaux de pouvoir.
ENJEU 4 Amélioration du mieux-être des populations et lutte aux inégalités sociales
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Organismes communautaires, intervenantes, intervenants, scientifiques et organismes mondiaux comme l’OCDE donnent tous l’alerte. Les inégalités en lien avec le niveau social, le chômage, l’éducation ou le revenu s’accroissent, tant au sein des pays riches qu’entre ces derniers et les pays pauvres. En parallèle, la pandémie de la COVID-19 a mis en relief la vulnérabilité de nos systèmes et de nos filets sociaux, notamment en matière de santé et de sécurité, ainsi que les iniquités et les risques qui en découlent. L’amélioration du mieux-être des populations nécessite un travail sur plusieurs fronts.
L’amélioration des méthodes de prévention, de diagnostic et de traitement dans tous les domaines de la santé – incluant la santé mentale – a un potentiel d’influence majeur sur la qualité de vie de la population. La crise sanitaire mondiale a révélé que la préparation et la réponse aux maladies émergentes sont déficientes dans la plupart des pays. Une prochaine pandémie étant inéluctable, il importe de corriger le tir et de mieux anticiper la situation.
Le mieux-être des populations dépend aussi du sentiment de sécurité. Celle-ci peut être physique, culturelle, alimentaire ou numérique (cybersécurité). Elle dépend de milieux de vie exempts de pollution et d’exposition à des produits toxiques, de la mobilité pour tous ainsi que de l’accès à des logements abordables et salubres, à l’eau potable, à la nature, aux services sociaux et à l’éducation. Le sentiment de sécurité découle aussi de la littératie numérique, de la protection des données et de notre capacité à contrer la cybercriminalité, et nécessite une lutte constante contre les violences, qu’elles soient à caractère raciste, homophobe, transphobe, sexiste ou conjugal.
La recherche de mesures ayant une incidence importante sur la société ne doit pas perdre de vue les iniquités vécues par des groupes vulnérables. Elle doit considérer les façons de rendre les systèmes de santé, de services sociaux et publics, ainsi que nos milieux de vie, plus adaptés et inclusifs. Pour la société québécoise et les diverses communautés qui la constituent, dont les communautés autochtones, immigrantes, racisées ou marginalisées, les questions d’équité en matière de droit, d’accès, de diversité, d’inclusion ainsi que de reconnaissance et de sécurité culturelles sont des préoccupations majeures.
Ces exemples démontrent l’ampleur colossale de cet enjeu. Parce que les personnes et les communautés sont au cœur même des questions de recherche, de réels changements ne peuvent être engendrés que par la recherche participative, la cocréation et le codéveloppement de la recherche.
ENJEU 5 Transformations numériques et industrielles
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La science alimente le changement par la création de savoirs et d’innovations en termes d’énergies, de technologies et de matériaux verts. Dans le contexte des transformations numériques et industrielles, la recherche doit être orientée vers des technologies augmentant la précision, l’automatisation ainsi que les capacités de collecte et de traitement de données. Les chercheuses et chercheurs doivent innover pour augmenter l’efficience de détection, de monitorage, de captage ou d’élimination de substances dommageables. La révolution numérique concerne les technologies de rupture (deep tech) – dont l’intelligence artificielle, la génomique, la quantique, les nanomatériaux et la biofabrication – et les solutions nécessitent de plus la collaboration interdisciplinaire et intersectorielle.
Les transformations numériques et industrielles entraînent des répercussions socioéconomiques majeures, et il importe de s’y attarder avec autant d’ardeur. Elles bouleversent l’avenir du travail; la sécurité et le partage des données et de l’information ainsi que sur l’accès à celles-ci. Elles entrainent aussi des fractures numériques liées notamment à l’âge, aux handicaps et à la géographie. La littératie numérique devient de plus en plus nécessaire pour accéder aux services et pour participer à la culture et à la vie en société. Il importe ainsi de préserver et d’améliorer l’accès aux technologies numériques pour toutes les personnes ou les groupes vulnérables. Les régions éloignées sont particulièrement touchées par ces phénomènes et dépendent de la mise en place d’infrastructures sociales, technologiques et numériques et de la pérennité de ces dernières.
SIX AXES DE RECHERCHE THÉMATIQUES
Les axes de recherche thématiques à portée institutionnelle nécessitent des solutions interdisciplinaires et intersectorielles pour lesquelles l’INRS est bien placé pour répondre et jouer un rôle de chef de file au sein de grands réseaux au Québec, au Canada et à l’international.
AXE 1 Environnement et écosystèmes
L’INRS a la capacité de mener une variété d’activités ayant pour objectif de protéger, de restaurer, d’aménager et de valoriser l’environnement et les écosystèmes.
Offrir des environnements de vie sains et améliorer la qualité de la vie humaine et de la biodiversité sont des objectifs atteignables grâce à la diversité d’expertises et aux efforts concertés des chercheuses et chercheurs de l’INRS.
AXE 2 Systèmes alimentaires durables
La crise climatique et le contexte socioéconomique de la pandémie ont exacerbé le besoin pour la société québécoise d’avoir accès à des systèmes alimentaires durables pour faire face aux enjeux liés à l’environnement, à la santé, à la sécurité et à la salubrité.
Les projets de recherche réalisés à l’INRS permettent d’innover dans le domaine de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire, dans le but de développer des pratiques responsables pour créer des systèmes alimentaires durables.
AXE 3 Santé humaine et animale
L’INRS assure une capacité nationale de haut niveau en recherche, en technologies et en innovation en santé pour mieux prévenir, détecter les maladies émergentes, et s’en protéger.
Les chercheuses et chercheurs de l’INRS travaillent de concert pour améliorer globalement les stratégies diagnostiques, thérapeutiques et de prévention pour la santé humaine et animale.
AXE 4 Milieux de vie et systèmes
Crise climatique, hausse des inégalités, pandémie… La réponse aux enjeux prioritaires demande de réévaluer certains statu quo qui ont engendré ces grandes problématiques.
Les équipes de recherche de l’INRS relèvent le défi d’améliorer nos systèmes, nos services, nos villes, nos milieux de vie et nos infrastructures dans la poursuite du mieux-être en société, de l’accessibilité et de l’inclusion.
AXE 5 Transition énergétique
L’INRS propulse la relance verte par les savoirs, les données, les innovations et les conseils issus de la recherche, en particulier sur les nouvelles énergies, les solutions de stockage d’énergie et de carbone.
Les chercheuses et chercheurs de l’INRS créent des technologies vertes, connectées et durables, élaborées et appliquées dans le respect des dimensions sociales et humaines.
AXE 6 Technologies capacitantes, données et identité numérique
L’INRS stimule et optimise, grâce à ses équipes de recherche et à ses infrastructures, l’usage des technologies émergentes, capacitantes et de rupture (deep tech), des données et de l’identité numérique en lien avec les enjeux prioritaires et les autres axes du programme scientifique 2021-2025 de l’INRS.
Cet axe thématique pave la voie pour le développement d’une diversité d’applications novatrices, le tout dans une optique de responsabilisation face à leur utilisation.
Suivi et succès du programme
Le succès du Programme scientifique institutionnel 2021-2025 de l’INRS sera mesuré à l’aune des actions concrètes posées et des indicateurs de son incidence sur le développement économique, social et culturel de la société québécoise.
Les indicateurs viseront à mesurer la portée des actions et à témoigner des effets des activités de recherche, de formation et de transfert sur les savoirs, sur la capacité de recherche et d’innovation, sur l’économie, sur la société et la culture ainsi que sur les pratiques et les politiques.
Communiquez avec la Direction scientifique pour de plus amples renseignements.
Plan de recherche stratégique :
programme des chaires de recherche du Canada