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L’INRS, un partenaire citoyen du Québec

Publié par Luc-Alain Giraldeau

23 avril 2021

( Mise à jour : 23 avril 2021 )

L’INRS a été créé pour contribuer au développement tant économique, social que culturel du Québec, ce qu’il fait principalement par la recherche et la formation, mais pas seulement. Comme tous les établissements universitaires, l’INRS est un citoyen corporatif, et j’aimerais vous parler brièvement de la manière dont il s’acquitte de ses responsabilités citoyennes et participe aux enjeux qui animent le Québec.


Réconciliation avec les peuples autochtones

La société québécoise s’est engagée dans un processus de réconciliation avec les peuples autochtones du Québec. Plusieurs de nos professeures et professeurs entretiennent des rapports avec des Autochtones, cependant nous avons tardé à entreprendre une démarche de réconciliation formelle. Nous avons donc mis en place une unité mixte de recherche (UMR) sur les enjeux autochtones avec notre partenaire, l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. De plus, nous avons l’intention de former un comité paritaire stratégique Autochtones-INRS sur les affaires autochtones. Nous espérons qu’il pourra se réunir dès l’été et formuler des recommandations sur des actions que l’INRS devrait entreprendre pour s’insérer de manière plus tangible dans le processus de réconciliation et de décolonisation de nos rapports avec les Premiers Peuples du Québec.


La liberté académique

Le gouvernement du Québec a réagi aux événements récents qui ont touché l’exercice de la liberté universitaire, notamment à l’Université d’Ottawa. Il cherche maintenant à mettre en place un mécanisme pour protéger cette liberté. Pour ce faire, il a constitué un comité d’experts présidé par Alexandre Cloutier, qui aura le mandat de répertorier les mesures de protection et de gestion de cette liberté universitaire au Québec. Ce comité sollicitera des mémoires dès le mois de juin et proposera au gouvernement des mécanismes à mettre en place pour protéger cette liberté universitaire, en décembre 2021. Cela peut aller d’une loi à une exigence de mettre en place des politiques propres à protéger la liberté universitaire.

À l’INRS, nous n’avons présentement aucun document normatif qui porte sur la liberté universitaire. Je crois que le moment est sans doute opportun pour engager un dialogue au sein de notre communauté sur le sens à donner à cette liberté universitaire et sur les mécanismes que nous souhaiterions mettre en place pour la protéger.


L’équité, la diversité et l’inclusion

La préoccupation pour l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) n’est pas nouvelle. Cependant, le désir de changement de la société québécoise à cet égard est profond. Je suis particulièrement heureux de vous annoncer que la troisième mouture de notre plan d’action EDI pour les chaires de recherche du Canada (CRC) a été approuvée par le Secrétariat des programmes interorganismes à l’intention des établissements. Nous pourrons donc continuer à renouveler le financement de nos CRC.

Toutefois, le plan d’action des CRC n’est qu’un début; il faudra maintenant le mettre en œuvre et l’insérer dans un plan plus global qui touchera l’ensemble de notre établissement, pas seulement les processus touchant aux CRC. C’est pour cette raison que tout le dossier de l’EDI a été transféré à la direction générale, de même que le Comité institutionnel sur l’EDI que je préside maintenant.

Le dossier EDI est exigeant pour nous tous, mais la société québécoise attend de nous que nous participions à son changement. L’évolution vers l’EDI est souhaitable, mais il faut savoir qu’elle nous remettra en question et exigera des efforts de nous tous. Je vous encourage à vous responsabiliser face à cette volonté clairement exprimée par notre société et à participer pleinement aux efforts qui seront nécessaires afin que l’INRS devienne plus équitable, inclusif et diversifié.


Le développement durable

Le développement durable est aussi une volonté clairement exprimée par la société québécoise. L’INRS a jusqu’ici profité d’initiatives et de mesures ponctuelles liées au développement durable à l’échelle des centres, sans coordination des efforts de tous. La Direction a l’intention de voir à ce que l’INRS entier puisse se hisser parmi les établissements les plus engagés envers le développement durable. Pour ce faire, nous avons modifié la politique d’investissement de l’INRS afin de diriger nos avoirs vers des fonds verts. Aussi, nous avons mandaté le professeur Louis-César Pasquier du Centre Eau Terre Environnement afin qu’il développe un outil de suivi des émissions de GES pour l’ensemble de l’INRS. Cet outil nous permettra de développer des méthodes pour réduire et compenser nos émissions. Nous avons réactivé le Comité institutionnel de développement durable, qui est présidé par la directrice scientifique Pascale Champagne, et un budget de départ lui a été attribué. Ce comité aura pour mandat de proposer des actions porteuses afin de permettre à l’INRS de devenir un citoyen exemplaire en matière de développement durable.


L’INRS et la langue française

La société québécoise exprime de manière plus intense ces dernières semaines une inquiétude face au recul du français, particulièrement dans la région de Montréal. Cette préoccupation n’est pas nouvelle, ce n’est pas l’affaire d’un parti politique en particulier ni un mouvement passager. L’INRS, un établissement universitaire francophone créé pour contribuer au développement de sa société, doit participer au rayonnement et à la valorisation du français. Alors que le gouvernement québécois annonce une réforme de la Charte de la langue française qui touchera sans doute l’enseignement supérieur, il serait mal avisé pour l’INRS de ne pas être solidaire de cette préoccupation de valoriser l’usage du français.

Naturellement, la situation de l’INRS est particulière parmi les établissements francophones : il est l’un des seuls exclusivement dédiés à la recherche et à la formation aux cycles supérieurs et s’enorgueillit, à raison, de son vaste réseau de collaborations internationales grâce auquel près de 65 % de ses étudiantes et étudiants sont internationaux. Nous savons tous que l’anglais est devenu, depuis la Seconde Guerre mondiale, la lingua franca des sciences naturelles et que, que l’on soit dans un laboratoire en Finlande, aux Pays-Bas ou en Allemagne, les étudiantes et étudiants étrangers parleront anglais entre eux. Il n’est pas question de s’immiscer dans les interactions au sein des laboratoires. La politique linguistique de l’INRS et sa directive adoptées en 2014 reconnaissent cette particularité de l’INRS. Cependant, il est important de garder en tête que les étudiantes et étudiants québécois de l’INRS, qui ont choisi d’être formés dans un établissement francophone, doivent pouvoir faire leur formation en français.

Ce qui semble plus problématique, à mon avis, est que des professeures et des professeurs adressent des courriels en anglais à la direction et au personnel, ou encore s’expriment en anglais lors de comités réunissant des collègues francophones de différents établissements. La politique linguistique de l’INRS et sa directive telles qu’elles existent devront être appliquées de manière plus rigoureuse. Il faudra en même temps veiller à accompagner notre personnel de manière optimale dans l’acquisition de compétences en français. La responsabilité citoyenne de l’INRS au Québec exige que nous valorisions le français et que nous offrions à tous la possibilité d’en accroître l’usage et la qualité.

En plus de contribuer au développement de notre société par la recherche et la formation, l’INRS assume pleinement son rôle d’établissement citoyen. Par cela, non seulement collabore-t-il à faire avancer notre société, mais il accepte de se transformer pour refléter plus justement les aspirations des Québécoises et des Québécois.