La gestion des eaux en milieu urbain amène son lot de défis, particulièrement dans le contexte du changement climatique.
La professeure Sophie Van Neste s’intéresse aux processus de réaménagement des infrastructures de gestion des eaux pluviales en milieu urbain, en lien avec une augmentation des précipitations. Les villes ont longtemps essayé de contenir l’eau dans des réseaux de tuyaux souterrains, mais, depuis plusieurs années, on constate les limites de ce système. Avec des réseaux qui débordent et des inondations intra-urbaines, les villes du monde commencent à miser sur des infrastructures vertes. Les aménagements végétalisés ou les bassins de rétention en surface dans des espaces publics résilients font maintenant partie des solutions envisagées.
Cette nouvelle approche vient changer la relation entre les acteurs de l’espace public. « La gestion de l’eau n’est plus quelque chose de caché sous le sol, d’invisible. En ramenant l’eau en surface, elle devient partie prenante des espaces de vie, dans les parcs, les rues et les ruelles. De plus, l’ajout de végétation apporte un aspect d’embellissement, de rafraîchissement et de développement de liens sociaux. On va donc au-delà du service de l’eau des villes. De nouveaux acteurs, citoyens, groupes communautaires, institutions, divisions de la ville et des arrondissements dédiés au verdissement, à l’urbanisme et à la mobilité doivent venir autour de la table, ce qui complique les choses », rapporte la chercheuse responsable du Labo Climat Montréal.
Accentuer les collaborations
Dans ses travaux, la spécialiste en environnement, en climat et en action politique tente de déterminer les défis d’organisation interne dans la ville.
« Habituellement, la gestion se fait par silo. Les services internes n’ont pas l’habitude de collaborer avec d’autres organismes lors de l’aménagement d’infrastructures. L’adaptation aux précipitations élevées requiert donc une réorganisation des processus municipaux. »
Sophie Van Neste, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en action climatique urbaine
Elle souligne que les villes concernées sont encore à l’étape d’expérimentation, autant technique que sociale. C’est pourquoi son équipe s’efforce de déterminer quels enjeux sont à prioriser. Par exemple, quelle place les milieux urbains accordent-ils aux préoccupations des citoyennes et des citoyens qui vivent dans ces espaces aménagés ? Et comment ceux-ci peuvent-ils y contribuer ? Quels sont les avantages et les risques pour les milieux de vie, notamment pour s’adapter au changement climatique, mais aussi pour répondre aux aspirations des gens et éviter des processus de gentrification ?
En déterminant les obstacles et les contraintes de gestion des eaux, Sophie Van Neste souhaite améliorer ces processus, afin qu’éventuellement les infrastructures vertes ne soient plus des projets pilotes, mais bien la norme.