Retour en haut

COVID-19 : l’acide tannique cible les étapes clés dans la lutte contre l’infection au SARS‑CoV-2

9 mars 2022 | Audrey-Maude Vézina

Mise à jour : 10 mars 2022

Un polyphénol naturel inhiberait l’activité de trois voies moléculaires importantes dans les étapes de l’infection au SARS-CoV-2.

L’acide tannique empêche la liaison de la protéine virale RBD du variant Alpha à sa cible biologique, le récepteur ACE2.

Le professeur Charles Ramassamy et le chercheur postdoctoral Mohamed Haddad de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), en collaboration avec des scientifiques de l’Université de Montréal, de l’Université McGill et de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), suggèrent que l’acide tannique serait impliqué dans l’inhibition de trois voies moléculaires importantes dans les étapes de l’infection au SARS-CoV-2. Leurs travaux ont récemment été publiés dans l’International Journal of Molecular Sciences.

En utilisant une approche multidisciplinaire, les équipes ont démontré que l’acide tannique empêche la liaison de la protéine virale RBD du variant Alpha à sa cible biologique, le récepteur ACE2. Ce dernier, situé à la surface de nombreuses cellules du corps, permet au virus de s’accrocher et de les infecter. « L’acide tannique se fixe à la protéine RBD et l’empêche ainsi de se lier au récepteur ACE2 », explique le professeur Ramassamy. Il souligne qu’en bloquant la protéine virale, l’acide tannique ne modifie pas les fonctions physiologiques du récepteur ACE2, notamment utiles aux systèmes respiratoire, cardiovasculaire et rénal.

Son équipe a approfondi le sujet en étudiant les effets de l’acide tannique sur d’autres mécanismes clés impliqués dans l’infection, situés en aval de la liaison RBD-ACE2. Elle a montré que ce polyphénol pouvait inhiber l’activité de l’enzyme qui permet l’entrée du virus dans nos cellules (TMPRSS2) ainsi que celle de l’enzyme virale responsable de la réplication du virus (3CLpro).


Une solution de rechange aux antiviraux

Le professeur Charles Ramassamy et le chercheur postdoctoral Mohamed Haddad.

Les effets de l’acide tannique sur la protéine RBD et sur ces enzymes sont encourageants et incitent à poursuivre les recherches sur le contact du virus complet avec des cellules humaines. Si les propriétés bénéfiques sont similaires à plus grande échelle, des comprimés contenant de l’acide tannique ou encore une administration par voie nasale pourraient être envisagés pour prévenir ou empêcher l’infection induite par le SARS-CoV-2.

L’acide tannique est un polyphénol naturel trouvé dans plusieurs boissons comme le vin rouge ou le thé, mais à des quantités beaucoup plus faibles. En effet, même si ces derniers contiennent des tannins, leur consommation n’aurait pas d’effets protecteurs en raison de leur faible concentration en acide tannique.

« Ce serait moins coûteux que les antiviraux actuellement sur le marché, et les effets secondaires seraient moindres en raison de la faible toxicité des polyphénols. De plus, l’acide tannique et ses dérivés physiologiques ont des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes, toutes deux bénéfiques lors de la rémission d’une infection au SARS-CoV-2. »

Charles Ramassamy

Cette recherche s’appuie sur les travaux précédents de l’équipe, portant sur les effets de deux autres types de polyphénols, le TGG et le corilagin, sur plusieurs variants du SARS-CoV-2. Ces deux composés présentaient des effets bénéfiques similaires, mais avec une efficacité moindre que l’acide tannique.


À propos de l’étude

L’article « Molecular Interactions of Tannic Acid with Proteins Associated with SARS-CoV-2 Infectivity », par Mohamed Haddad, Roger Gaudreault, Gabriel Sasseville, Phuong Trang Nguyen, Hannah Wiebe, Theo van de Ven, Steve Bourgault, Normand Mousseau et Charles Ramassamy, a été publié le 27 février dans l’International Journal of Molecular Sciences. L’étude a reçu un soutien financier du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) et du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FQRNT).