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Une nouvelle avenue pour combattre les bactéries résistantes

15 juillet 2021 | Audrey-Maude Vézina

Mise à jour : 15 juillet 2021

Cibler une séquence d’ARN chez les bactéries pathogènes pourrait les rendre plus sensibles aux antibiotiques.

Représentation 3D des bactéries Escherichia coli (E. coli).
Les bactéries E. coli peuvent causer des infections urinaires difficiles à traiter à cause de leur résistance aux antibiotiques.

Une petite séquence d’ARN régulateur, présente chez plusieurs bactéries problématiques comme les Escherichia coli (E. coli), serait responsable de gérer leur réponse aux stress environnementaux. Le professeur Charles Dozois de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et le doctorant Hicham Bessaiah y voient une avenue intéressante pour mieux combattre les bactéries résistantes aux antibiotiques. Leurs résultats ont été publiés dans le journal PLOS Pathogens.

À la suite de ses travaux, l’équipe a observé l’effet de l’élimination de la séquence d’ARN régulateur dans les infections urinaires liées à la présence d’E. coli. Difficile à traiter à cause de sa résistance aux antibiotiques, l’infection urinaire est l’une des infections les plus communes dans le monde, en particulier chez les femmes.

La bactérie se trouve habituellement dans la flore intestinale. Lorsqu’elle se déplace vers la vessie, les conditions sont complètement différentes. Elle doit donc résister à ce stress pour s’adapter afin d’infecter la vessie. « Sans la séquence d’ARN régulateur, la bactérie est plus sensible aux changements d’environnement et cesse d’être infectieuse », explique le doctorant en biologie.


Inhiber la séquence d’ARN

L’idée serait donc de bloquer cet ARN afin de contrecarrer l’infectiosité de la bactérie, principalement pour les infections chroniques. Si elle résiste moins aux stress, la bactérie sera plus susceptible au système immunitaire de l’hôte. La régulation des systèmes permettant sa virulence sera également perturbée.

« Les personnes souffrant d’infections urinaires récurrentes doivent prendre des antibiotiques régulièrement. Cela mène à des résistances et limite les options de traitement, d’où l’importance de trouver des solutions de remplacement. »

Charles Dozois, spécialiste en microbiologie et immunologie

Cette relation entre la virulence et le stress va au-delà des infections urinaires. En effet, cette séquence d’ARN régulateur est présente chez plusieurs autres bactéries pathogènes importantes. Puisque de multiples fonctions semblent affectées par cet ARN, le groupe cherche à comprendre davantage le côté mécanistique de cette relation. Il pourra ensuite poursuivre la recherche sur les souches antibiorésistantes.  


À propos de l’étude

L’article « The RyfA small RNA regulates oxidative and osmotic stress responses and virulence in uropathogenic Escherichia coli », par Hicham Bessaiah, Pravil Pokharel, Hamza Loucif, Merve Kulbay, Charles Sasseville, Hajer Habouria, Sébastien Houle, Jacques Bernier, Éric Massé, Julien Van Grevenynghe et Charles M. Dozois, a été publié dans la revue PLOS Pathogens. Le groupe de recherche a reçu un soutien financier du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (​CRSNG), des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), et du Centre de recherche en infectiologie porcine et avicole subventionné par le Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT).