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Ma recherche en série : le doctorat en sciences de l’eau de Claudie Ratté-Fortin

5 octobre 2020 | Claudie Ratté-Fortin

Mise à jour : 22 juillet 2021

Le cheminement doctoral en recherche, c’est bien plus qu’un défi ; il conduit à un épanouissement professionnel et personnel énorme.

Claudie Ratté-Fortin, diplômée du doctorat en sciences de l'eau à l'INRS
Claudie Ratté-Fortin, diplômée du doctorat en sciences de l’eau à l’INRS

À ses débuts, le jeune doctorant est souvent rempli d’enthousiasme et de naïveté, jusqu’à ce que l’examen doctoral se dresse sur son chemin et le conduise au succès par la persévérance et la détermination.

À la fin, ce parcours l’aura outillé, en tant que chercheur, et lui aura permis d’acquérir un brin de sagesse, de rigueur, d’autonomie et d’assurance. De mon côté, mon parcours à l’INRS s’est étendu à bien plus que la simple acquisition de connaissances et d’habiletés en recherche. Il m’a ouvert à l’interdisciplinarité, la pédagogie, le travail d’équipe, la critique (eh oui, pas le choix !) et parfois la résilience. Voici mon parcours.


La nécessaire multidisciplinarité pour lutter contre les cyanobactéries toxiques

Lorsque mon directeur Karem Chokmani et ma codirectrice Isabelle Laurion m’ont suggéré mon futur projet de doctorat, ce qui m’a d’abord interpellée était sa multidisciplinarité. Possédant une formation de base en mathématiques et statistiques, ce projet était ancré dans un domaine que j’affectionnais particulièrement : les statistiques appliquées. De plus, il jonglait avec diverses disciplines qui m’intéressaient, mais sur lesquelles je n’avais jusque-là pas eu la chance de m’attarder, telles que la télédétection, la géomatique et la limnologie.

En effet, mon projet portait sur les problèmes de qualité de l’eau de nos écosystèmes aquatiques. Plusieurs lacs du Québec présentent des efflorescences récurrentes de cyanobactéries, plus communément appelées les algues bleu-vert. Depuis quelques décennies, ces micro-organismes prolifèrent plus abondamment et fréquemment en raison du réchauffement global et du développement agricole, urbain et industriel qui chargent nos eaux en éléments nutritifs tels que le phosphore et l’azote. Les proliférations d’algues bleu-vert sont souvent associées à une mauvaise qualité de l’eau et à un risque pour la santé publique en raison de leurs toxines, appelées cyanotoxines, qui peuvent être libérées dans l’eau.

Sorties sur le terrain et travail en laboratoire à l’INRS (sciences de l'eau)
Sorties sur le terrain et travail en laboratoire à l’INRS

Mes travaux et ceux de mes collègues ont permis aux intervenants du milieu d’observer l’eau de nos lacs en temps réel grâce à la télédétection. Cela a mené au développement d’un modèle statistique unique permettant d’évaluer des scénarios de restauration d’un plan d’eau en prévision des changements climatiques ou des changements apportés au territoire (des coupes forestières ou un développement agricole, par exemple). Grâce à l’utilisation de la télédétection de l’eau par satellite, j’ai également établi un portrait global de la qualité de l’eau pour l’ensemble des lacs du Québec méridional. Somme toute, mon projet a mené au déploiement d’une approche proactive dans la gestion des algues bleu-vert. Cette approche rend possible l’élaboration d’un cadre de planification et d’anticipation du phénomène et de ses impacts socioéconomiques, environnementaux et sanitaires.


Le travail sur le terrain, foi de notre passion

À travers mon projet de recherche, j’ai également eu la chance de goûter au travail en laboratoire et aux sorties d’échantillonnage sur le terrain, des expériences qui comptent assurément parmi les souvenirs les plus mémorables de mon parcours. Les expéditions sur le terrain ont toujours été plaisantes, mais oh combien empreintes d’événements inattendus ! Je pense entre autres à des pannes de moteur au beau milieu du lac, à des contrôles policiers en motomarines et à des riverains peu enthousiastes de voir de jeunes scientifiques échantillonner leur lac. C’est probablement ces sorties sur le terrain qui ont forgé ma résilience.


Au-delà du doctorat

Mais mon parcours à l’INRS s’est étendu bien au-delà d’un projet de doctorat. En effet, j’ai collaboré à diverses études avec une équipe exceptionnelle, celle de la recherche en télédétection environnementale et nordique. J’ai également eu la chance de participer à des charges de cours avec une professeure tout aussi exceptionnelle : Sophie Duchesne. J’ai également plongé dans le monde des affaires grâce à un projet que deux de mes collègues de l’INRS et moi avons monté. Celui-ci nous a menées au démarrage d’une entreprise, Clean Nature, qui s’intéresse à la problématique d’accumulation des sels de déglaçage dans nos écosystèmes aquatiques.

Anne Carabin, Patricia Gomez et Claudie Ratté-Fortin de l’équipe Clean Nature.
Anne Carabin, Patricia Gomez et Claudie Ratté-Fortin de l’équipe Clean Nature.

Enfin, mon parcours doctoral m’aura fait découvrir l’importance de l’ouverture d’esprit, de l’intégrité et surtout du travail collaboratif qui constitue un aspect hautement important dans le domaine des sciences environnementales.

La réussite, qu’elle soit professionnelle ou personnelle, relève en grande partie de notre confiance en soi. Je tiens à profiter de cette tribune afin d’encourager les femmes à suivre leurs convictions profondes, et à s’appuyer sur leurs capacités, leurs compétences, leurs habiletés et leur leadership. C’est la confiance en moi, mon engagement et ma passion qui m’ont soutenue dans la réalisation de mes projets.


À propos de Claudie Ratté-Fortin

Claudie Ratté-Fortin a obtenu son doctorat en sciences de l’eau à l’INRS. Elle effectue actuellement un stage postdoctoral et collabore à divers projets en hydrologie et en modélisation statistique avec le professeur Jean-François Plante de HEC Montréal et les professeurs Jonathan Jalbert et Karem Chokmani de Polytechnique Montréal et de l’INRS.