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Ma recherche en série : la maîtrise en études urbaines de Charline Godard-Bélanger

4 octobre 2021 | Charline Godard-Bélanger

Mise à jour : 10 février 2022

J’étais déterminée à combattre la vision utilitariste de l’immigration, c’est-à-dire cette approche très répandue qui conçoit avant tout la personne immigrante comme un outil économique.

Durant ma deuxième année de Baccalauréat en science politique à l’Université de Montréal, j’ai suivi un cours intitulé Immigration et multiculturalisme. Ce cours m’a donné un objectif professionnel et, par le fait même, une raison de poursuivre mes études.


Les études : un moyen de lutter contre les inégalités

Combattre en faisant une maîtrise ? Oui. Comment ? Par la recherche. Pourquoi ? Parce que la recherche est un moteur d’innovation. Les politiques d’immigration et d’intégration au Québec, mais aussi les actions en matière de gestion de la diversité ethnoculturelle à l’échelle municipale québécoise, avaient selon moi gravement besoin de recentrer leur approche sur l’humain plutôt que sur le capital. C’est donc à cette cause que j’ai décidé de me consacrer pendant deux années… Et pour toute la vie, car j’ai vraiment eu la « piqure » pour la recherche (en plus de celle pour la COVID-19 !).

En janvier 2020, fraîchement diplômée et avec une passion toute jeune pour l’immigration, je décide de me lancer dans l’aventure la plus mystérieuse de ma vie : la maîtrise à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

«J’ai choisi le domaine des études urbaines, car la ville (ou la municipalité) comme échelle d’analyse m’a toujours beaucoup intéressé. De plus, son rôle et son impact sont souvent sous-estimés, notamment en politique et dans le domaine de l’immigration.»

Charline Godard-Bélanger

Ma directrice, la professeure de l’INRS Annick Germain, une véritable sommité en recherche sur l’immigration, m’a accueillie à bras ouverts et m’a aidé à mettre le doigt sur ce qui m’intéressait : la gestion municipale de la diversité ethnoculturelle et, plus spécifiquement, son évolution, ses approches théoriques ainsi que le rôle des acteurs qui y sont impliqués. Avec elle comme guide, j’ai décidé d’étudier l’évolution de l’action publique lavalloise consacrée aux personnes immigrantes et/ou issues des minorités ethnoculturelles.


La maîtrise en études urbaines

Ma maîtrise en études urbaines m’a permis d’acquérir, dans un premier temps, des connaissances générales sur des domaines divers, en ayant toujours la ville comme échelle d’analyse. Les séminaires de première année nous permettent aussi de développer notre esprit critique à travers les lectures et les échanges qui s’ensuivent. Finalement, on nous aide à construire un projet de recherche réaliste et concret, et à le mettre sur les rails. La deuxième année, on se lance dans le monde de la recherche, chacune et chacun un peu avec le syndrome de l’imposteur.

Étudier l’immigration à cette échelle d’analyse est nécessaire et pertinent. En effet, bien que les municipalités ne détiennent pas de pouvoir formel en matière d’immigration, elles ont la possibilité de créer des communautés plus ou moins inclusives. Elles peuvent, par exemple, implanter des programmes favorisant leur accueil et leur intégration, des politiques plus inclusives. Elles peuvent même mener des campagnes de sensibilisation afin de favoriser les relations interculturelles et combattre les stéréotypes, préjugés et le racisme.


Faire de la recherche en pandémie

En mars 2020, à peine trois mois après mon entrée sur les bancs de l’INRS, la pandémie éclate. L’inquiétude gagne tout le monde et nos vies sont bouleversées. Le temps passe et j’en viens à la conclusion que je devrai compléter ma scolarité et collecter mes données sans jamais entrer en contact direct avec autrui. Cette prise de conscience a beaucoup affecté ma santé mentale.

Heureusement, l’INRS a mis à disposition de ses membres étudiants une psychologue, Isabelle Queval, que je tiens à remercier de m’avoir littéralement sauvée du décrochage. Faire des études aux cycles supérieurs en temps de pandémie demande beaucoup de flexibilité, d’adaptabilité et d’autonomie. Il faut aussi savoir quand vient le moment d’ajuster ses attentes et savoir se pardonner quand on ne se sent plus capables d’avancer.

C’est donc par Zoom que se sont déroulés mes entretiens semi-dirigés avec différents acteurs des milieux public, parapublic et communautaire, qui œuvrent auprès de personnes immigrantes et/ou issues de minorités ethnoculturelles à Laval. Mes questions d’entretien m’ont permis de collecter de l’information me permettant de mieux comprendre la façon dont les différents acteurs impliqués dans la gestion de la diversité ethnoculturelle perçoivent l’évolution de l’action lavalloise pour des personnes immigrantes et/ou issues des minorités ethnoculturelles. J’ai aussi pu récolter de l’information sur l’impact concret de cette évolution dans leur pratique professionnelle et, plus largement, dans la vie des Lavallois issus de l’immigration.

J’espère être en mesure de démontrer que l’évolution de la trajectoire lavalloise en matière de gestion de la diversité ethnoculturelle a été positive pour les personnes issues de l’immigration. Elle a engendré la formation d’une communauté plus inclusive et ouverte à la représentativité des intérêts des personnes issues de l’immigration et/ou des minorités ethnoculturelles.


Du terrain à la mobilisation des connaissances

Tout en rédigeant mon mémoire, je travaille comme chargée de projet en mobilité immigrante pour un organisme communautaire, le Service d’aide à l’adaptation des immigrants et immigrantes (SAAI). Le projet sur lequel je travaille, Bus-AMI (acronyme pour autonomie et mobilité pour les immigrantes et les immigrants), est un service d’accompagnement instructif à travers le Réseau de transport de la capitale (RTC) à Québec. Son objectif est de favoriser l’acquisition d’autonomie en matière de mobilité. Bus-AMI permet à la clientèle de savoir naviguer dans l’espace urbain de la ville de Québec en transport en commun de façon autonome, sécuritaire et sans crainte. En effet, la capacité de se déplacer dans un espace serait un facteur non négligeable de l’intégration d’un ou d’une nouvelle arrivante.

Ma formation en études urbaines m’est utile au quotidien. Non seulement elle me permet d’imaginer de nouvelles façons de voir et de concevoir l’intégration par la mobilité, mais aussi de mobiliser des concepts et des théories reconnues pour développer de nouvelles stratégies d’autonomisation de la clientèle. Cela me donne également l’occasion d’effectuer un transfert de connaissances continu avec nos partenaires des milieux public, communautaire et académique.

« Il est important de faire reconnaître tout le travail derrière un mémoire. C’est un projet que l’on mène à terme, avec toutes ses composantes sous-jacentes. C’est cette expérience qui me permet aujourd’hui d’être une bonne chargée de projet dans le milieu communautaire. »

Charline Godard-Bélanger