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Un nouveau rapport compile et analyse les données autour de l’enseignement au Québec.
Le professeur Xavier St-Denis et la chercheuse postdoctorale Véronique Grenier de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) ont pris part à la rédaction du nouveau rapport Bulletin de l’égalité des chances en éducation, aux côtés de quatre autres chercheuses et chercheurs.
Publié en août 2024 par l’Observatoire québécois des inégalités, ce document propose un tour complet de l’horizon québécois en matière d’éducation, d’égalité des chances et d’offre éducative du préscolaire à l’université.
Les activités de recherche du professeur St-Denis portent notamment sur les inégalités et la mobilité sociales, l’éducation et l’étude des populations. Il est également directeur du Groupe d’étude en statistique sociale.
Son champ d’expertise en statistiques sociales et analyse de données administratives a été particulièrement mis à profit pour ce projet. En effet, il a dirigé le développement d’indicateurs inédits sur les liens entre origine sociale d’une part, et accès à la diplomation collégiale ou universitaire d’autre part.
« J’ai trouvé important de produire des indicateurs qui répondaient à des questions soulevées par des acteurs et actrices du monde de l’éducation, pour mettre mon expertise au service de la pratique. »
Xavier St-Denis, professeur à l’INRS
Ces indicateurs sont le résultat d’un travail minutieux, puisqu’ils ont requis de jongler entre de nombreuses données provenant de diverses agences gouvernementales. Véronique Grenier, actuellement stagiaire postdoctorale Banting sous la direction du professeur St-Denis au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS, se spécialise dans la question de la stratification des offres scolaires au Québec. Elle œuvre comme chercheuse en résidence à l’Observatoire québécois des inégalités depuis décembre 2023. C’est à ce titre qu’elle a contribué au rapport.
« J’ai considéré que la compilation d’indicateurs, à la fois historiques et récents, relativement à l’enseignement préscolaire, primaire et secondaire contribuait à une meilleure compréhension des inégalités en éducation. De plus, regrouper et contextualiser des données rendues publiques, mais dispersées, facilite à mon avis leur accès aux acteurs et actrices du monde de l’éducation et à la population générale. »
Véronique Grenier, chercheuse postdoctorale Banting à l’INRS
Parallèlement, elle collabore en tant que chercheuse associée au Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation et la vie au travail (CRIEVAT) de l’Université Laval.
Depuis leur création en 1967, les cégeps ont largement contribué à la démocratisation des études postsecondaires. Le taux de diplomation de la population québécoise s’est accru en trois décennies : selon le rapport, 7 élèves sur 10 ayant complété leur secondaire franchissent ensuite les portes d’un cégep.
Toutefois, ce nouveau bulletin démontre que l’origine sociale affecte encore les trajectoires scolaires. Même si les cégeps ont joué un rôle indéniable dans la massification de l’éducation postsecondaire au Québec, on observe que près de 50 % des jeunes ayant grandi dans une famille au bas de l’échelle de revenus n’entrent pas au collégial avant 21 ans, contre seulement 10 % des jeunes issus d’une famille aisée. Cette différence mène à de grands écarts de diplomation au sein d’une même génération ; un vrai paradoxe entraîné par le modèle québécois des cégeps.
« Notre bulletin met donc en évidence une double tendance au sein du système collégial : un rôle de démocratisation de l’éducation qui ne fait pourtant pas disparaître les inégalités scolaires au Québec », explique le professeur St-Denis. « Le bulletin encourage les lectrices et lecteurs à adopter une perspective systémique envers l’égalité des chances en éducation. En effet, les données du bulletin permettent d’insister sur le caractère cumulatif des inégalités scolaires et des obstacles auxquels peuvent faire face les enfants et les jeunes grandissant dans des environnements familiaux et sociaux moins favorisés. »
Ainsi, selon le rapport, un pourcentage plus élevé de femmes que d’hommes concilie travail et études. En termes de trajectoire de vie, cette donnée pourrait être jumelée à d’autres obstacles si une femme est issue d’un milieu moins favorisé ou si elle est mère monoparentale.
Services à la petite enfance : Viser à garantir un accès équitable à des services éducatifs de qualité pour la petite enfance et à l’éducation préscolaire pour les enfants issus de milieux défavorisés
Primaire : Pallier l’absence de données au primaire en produisant des indicateurs permettant de mieux comprendre les inégalités sociales
Cégep : Identifier les défis auxquels sont confrontés les étudiantes et étudiants collégiaux issus de milieux moins favorisés après leur admission dans des programmes préuniversitaires.
Universitaire : Documenter, pour l’accès et l’obtention du baccalauréat, les raisons sous-jacentes aux écarts dans les parcours éducatifs en fonction de l’origine sociale.
Le Bulletin de l’égalité des chances en éducation est le fruit du travail de six chercheuses et chercheurs en éducation : Pierre Doray de l’Université du Québec à Montréal, Claude Lessard de l’Université de Montréal, Maude Roy-Vallières de l’Université du Québec à Chicoutimi et Natacha Prats ont travaillé à la création de ce rapport avec Xavier St-Denis et Véronique Grenier.
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L’Observatoire québécois des inégalités produit, mobilise et démocratise des connaissances sur différentes formes d’inégalités au Québec afin d’éclairer la prise de décision et sensibiliser un large public à l’état des inégalités, à leurs causes et conséquences ainsi qu’aux solutions possibles. L’Observatoire québécois des inégalités est un organisme de bienfaisance enregistré qui est basé à l’Université de Montréal. Il a vu le jour en 2019.