- Science et société
Une professeure et une étudiante de l’INRS figurent parmi les auteures et auteurs du Manifeste à propos des femmes en STIM, dans lequel elles soulèvent la question de l’invisibilité des femmes non hétérosexuelles dans ces domaines.
En 2022, qu’en est-il de la situation des femmes en STIM ? C’est la question qui est au cœur du Manifeste à propos des femmes en STIM, une initiative de l’Association de la francophonie à propos des femmes en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (AFFESTIM). À travers 50 textes positifs et percutants, des auteures, des auteurs et des regroupements issus des milieux scolaires, universitaires et privés nous invitent à réfléchir sur l’avenir des femmes scientifiques.
Le Manifeste aborde différents enjeux sociétaux tels que la conciliation travail-famille, l’intersectionnalité, l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) ainsi que l’incidence de la pandémie de COVID-19 sur les femmes en STIM. D’autres textes touchent les préoccupations concernant les femmes doublement minorisées, comme les femmes autochtones et les femmes non hétérosexuelles.
C’est justement sur les défis et les enjeux pour les femmes non hétérosexuelles travaillant en STIM que la professeure de l’INRS Géraldine Delbès, spécialisée en toxicologie de la reproduction, et l’étudiante au doctorat en biologie Maude Cloutier ont souhaité s’exprimer dans ce manifeste.
« Ne pas parler de l’invisibilité des femmes non hétérosexuelles en sciences, c’est, d’une certaine manière, contribuer à cette invisibilité. »
Géraldine Delbès, professeure-chercheuse
Pour la chercheuse, la participation au Manifeste a été l’occasion de réfléchir à la question et de prendre conscience de l’ampleur du problème.
Cette invisibilité se transpose jusque dans les chiffres. Selon les auteures, il n’y a quasiment pas de données existantes concernant les femmes non hétérosexuelles en STIM.
Elles s’interrogent sur les effets d’une telle invisibilité sur la qualité de la recherche, mais aussi en lien avec l’engagement de la relève en STIM.
« En sciences, on a tendance à s’en remettre aux faits et à penser que notre personnalité et notre identité doivent rester à l’extérieur du laboratoire, car ce n’est pas un aspect important de la recherche. Mais ce n’est pas le cas.
« Des études montrent que la diversité sexuelle et de genre, ou bien ethnique ou culturelle, contribuerait à la qualité de la recherche de par les différents points de vue. »
Maude Cloutier, étudiante au doctorat
Si l’étudiante avoue être aussi à l’aise aujourd’hui dans le milieu universitaire, c’est, selon elle, grâce au soutien de personnes issues de la communauté LGBTQ2S+ qui ont pu jouer un rôle de mentor, et ce, depuis ses débuts en recherche.
« On peut être très isolé lorsqu’on fait de la recherche. Cela fait en sorte qu’on se tourne beaucoup vers les personnes qui vivent les mêmes défis que nous, c’est-à-dire celles de notre laboratoire ou de l’université. Si on n’est pas capable d’y trouver notre propre communauté ou un modèle, on se sent encore plus seul », livre Maude Cloutier.
Le texte aborde également l’enjeu de la parentalité, qui est déjà un frein identifié pour les femmes qui souhaitent avoir des carrières en STIM. Même si le Canada demeure pionnier dans l’accessibilité à la parentalité pour la communauté LGBTQ2S+, cette réalité est amplifiée pour les femmes non hétérosexuelles.
« J’aimerais qu’il y ait plus de modèles qui prennent la parole librement et qu’on mette en place des stratégies institutionnelles plus inclusives. Par leurs avancées en termes de lois et d’ouverture, le Québec et le Canada pourraient être des leaders en ce qui a trait à la place de ces femmes et des communautés LGBTQ2S+ en STIM. Pour cela, la communauté scientifique doit s’attarder à ce problème, au bénéfice de la relève scientifique et de la recherche », conclut la professeure Delbès.
Pour lire l’intégralité du Manifeste.
Le Manifeste a été dirigé par Louise Lafortune et Audrey Groleau, de l’Université du Québec à Trois-Rivières, et par Claire Deschênes, de l’Université Laval. Sa préface a été rédigée par Janice Bailey et Fanny Eugène, du Fonds de recherche – Nature et technologies (FRQNT), et la postface par Maryse Lassonde, présidente du Conseil supérieur de l’éducation.
Cette publication a bénéficié d’un financement du FRQNT, du Secrétariat à la condition féminine du Québec, de l’Université du Québec à Trois-Rivières, de l’Association minière du Québec ainsi que de l’AFFESTIM.