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Clin d’oeil historique tiré des archives de l’INRS

L’affaire du vol des vaccins

Au Québec, dans les années 1950, le combat contre la poliomyélite bat son plein. Entre 1953 et 19 59, le gouvernement québécois fait vacciner plus de 800,000 enfants. Juste en en 1958, l’Institut de microbiologie et d’hygiène de l’Université de Montréal (ou IMHUM, le futur Institut Armand-Frappier) distribue assez de doses du vaccin antipolio Salk pour effectuer 700,000 vaccinations.

En 1955, l IMHUM avait fait construire un grand laboratoire sur son campus de Laval spécifiquement pour produire ce vaccin. C’est le gouvernement de Maurice Duplessis qui rend le tout possible en allongeant 3,000,000$. Mais voilà, en 1959, le Québec connaît une pénurie du vaccin Salk.

La pénurie s explique du fait qu’une partie des stocks est perdue suite à une contamination en laboratoire. De plus, on a de la difficulté à s’approvisionner en singes rhésus nécessaires à la fabrication du vaccin. L’Institut Connaught de Toronto envoie donc 7,500 fio les (bonnes chacune pour 10 vaccinations) à l’Institut , qui doit ensuite les distribuer dans la province.

Source : Fonds d’archives de l’Institut Armand-Frappier

Source : Fonds d’archives de l’Institut Armand-Frappier

Or, la nuit du 31 août 1959, trois hommes s’introduisent dans la réserve réfrigérée de l’Institut , ligotent le gardien de nuit et dérobent les 75,000 doses du vaccin Salk. Surement voulait-on tirer profit de la vente du rare vaccin sur le marché noir. Toutefois, comme le demande le Dr Lionel Forté de l’Institut : quel médecin osera se servir du stock volé?

Tous s’indignent de ce vol « abominable ». Des centaines de policiers sont mobilisés pour trouver les malfaiteurs. C’est toutefois un des auteurs du vol, un jeune homme de 23 ans nommé Gilles Hébert, qui se rend aux autorités quelques semaines après le vol. Après un court procès, il reçoit une sentence de 4 ans de pénitencier. Un autre homme est arrêté après avoir avoué aux policiers que l’essentiel des doses du vaccin est stocké dans un logement de la rue Saint-Hubert à Montréal. Il s’agit de Jean- Paul Robinson, un citoyen qui organise des cliniques de vaccination. Ce dernier affirme avoir été approché par un certain « Bob » qui vendait des fioles de vaccin Salk. Craignant que toutes ces doses se perdent, il affirme avoir acheté tous les vaccins pour 800$. En mars 1962, après un long procès, Robinson est déclaré innocent par la Cour, faute de preuves. Quand on fameux « Bob », il n’est jamais retrouvé. L’histoire se termine quand même sur une note positive. À l’automne 1959, des tests sont effectués sur les vaccins retrouvés et on les juge encore sécuritaires. Ils purent donc remplir leur rôle et immuniser la population québécoise contre la polio, une maladie aujourd’hui quasi éradiquée par la vaccination


L’équipe du Service des archives et de la gestion documentaire