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Que faire si je suis témoin?

« Je regrette de n’avoir rien fait ! », « Je m’en doutais ! », « Tout le monde le savait dans le milieu… » : ces commentaires sont communs lorsqu’un cas de violence, d’intimidation ou de harcèlement devient public et qu’il est trop tard. La question est : pourquoi ?

Lorsqu’il y a plusieurs témoins à une situation de violence ou d’intimidation, personne ne réagit en espérant que les autres interviendront (dilution de la responsabilité). Il est possible aussi que chacun se questionne relativement au sérieux de la situation : si les autres ne réagissent pas, je dois mal saisir la portée de ce qui se passe (perception). Lorsqu’il s’agit de témoins qui se connaissent (même université ou même milieu de travail), la peur des représailles justifie l’inaction (protection).

Rappelons qu’aucune forme de harcèlement n’est tolérée à l’INRS. Le silence et l’inaction contribuent au maintien du harcèlement ; il est du devoir de toutes et tous d’agir afin d’y mettre fin. 

Souvent, les victimes sont conscientes de vivre une situation difficile, mais elles ne l’associent pas à du harcèlement. Un regard extérieur leur permet de mieux comprendre ce qu’elles vivent. Comme témoin, vous pouvez aider la personne à prendre conscience qu’il est nécessaire de prendre des mesures. 

Afin de maintenir un milieu sain et exempt de harcèlement, les témoins ont un rôle important à jouer. Ils peuvent aider la personne à rompre le climat de peur dans lequel elle se trouve.

En tant que témoin, vous n’avez pas à effectuer une enquête ni à détenir des preuves qui alimentent le diagnostic de harcèlement. Vous devez, à partir de doutes sérieux, chercher à aider la personne à briser le silence.

Comment intervenir

Le silence n’est pas une option. Les conflits non résolus, les incivilités et les humiliations sont un terreau fertile à un climat malsain au travail ou au cours des études. Ces incidents ouvrent la porte au harcèlement.  

Collectivement, selon leurs réactions, les témoins peuvent contribuer à rompre ou bien à maintenir le climat de peur et de silence indissociable du harcèlement. En donnant leur version des faits, les témoins peuvent empêcher l’escalade du conflit et aider à y mettre fin.  

Que faire si je suis témoin d’une violence à caractère sexuel?

Après avoir évalué la situation, si vous êtes en mesure d’agir en toute sécurité, faites cesser la violence à caractère sexuel, soit en intervenant directement auprès de l’agresseuse ou de l’agresseur, soit en permettant à la personne qui en serait victime de s’échapper de la situation.  

Si la personne est en danger ou si vous craignez pour sa sécurité ou la vôtre, contactez le 911

Que faire si je pense que ma ou mon collègue est victime de violence conjugale ou familiale1

Plusieurs recherches démontrent que la violence conjugale ne s’arrête pas au seuil de la maison et qu’elle se poursuit dans le milieu de travail ou d’études. En 2014, le Congrès du travail du Canada et l’Université Western en Ontario ont mené une vaste enquête sur la violence conjugale en milieu de travail. On y apprend que :

  • 33,6 % des personnes répondantes ont déclaré avoir vécu de la violence conjugale au cours de leur vie. Parmi elles, plus de 53 % ont déclaré que la violence familiale se poursuivait au travail. 
  • 40,6 % ont subi du harcèlement par téléphone ou par message texte. 
  • Pour 18,2 %, la personne violente s’est présentée sur leur lieu du travail. 
  • 20,5 % ont été suivi.e.s ou harcelé.e.s à proximité de leur lieu de travail. 
  • Pour 14,5 %, la personne violente a communiqué avec les collègues ou l’employeur pour parler de la victime. 
  • 71 % des employeurs ont déjà vécu une situation où ils devaient protéger une victime de violence familiale. 

Voici les signes qui peuvent vous aider à déceler si une personne est victime de violence conjugale. Notez toutefois que ces signes pourraient résulter d’autres problèmes ou de situations qui n’ont pas de lien avec la violence conjugale. 

  • La personne reçoit de nombreux appels ou messages textes personnels ; 
  • Sa conjointe ou son conjoint passe souvent la voir au bureau, l’attend à la sortie ou dans le stationnement ; 
  • Elle arrive plus souvent en retard ou doit s’absenter ; 
  • Elle s’isole du reste de l’équipe et se replie sur elle-même ; 
  • Elle décline systématiquement les invitations aux activités ; 
  • Son rendement professionnel ou universitaire diminue du fait de difficultés à se concentrer ; 
  • Elle n’arrive plus à accomplir toutes ses tâches et à respecter les échéanciers ;
  • Elle est toujours sur ses gardes et semble anxieuse ;
  • Elle a des fractures ou des blessures visibles ; 
  • Les collègues reçoivent des appels de la conjointe ou du conjoint ; 
  • Elle demande des réaménagements dans son espace de bureau ou des changements d’horaire. 

Vous avez des doutes ? Consultez la page des ressources disponibles pour vous aider à reconnaître les signes et vous conseiller sur la meilleure attitude à adopter. 


Vous voulez réagir à une situation où des signes de violence conjugale sont observés ?

En premier lieu, pensez à un moment et à un endroit opportun pour en discuter avec la personne. 

Par la suite, commencez votre discussion en assurant la personne qu’elle dispose de votre soutien et que la rencontre sera confidentielle. Il sera probablement difficile pour la victime de s’ouvrir et de discuter de sa situation. 

Assurer la personne de la confidentialité de vos échanges 


Utiliser le « je » 

« Je suis inquièt.e pour vous. » 

« Je suis préoccupé.e par votre situation. » 

« J’ai remarqué que…» 


Décrire le plus clairement possible ce que vous avez vu, entendu ou ressenti sans interpréter les faits 

« J’ai entendu que… »  

« J’ai vu que… » 

« Je sens que… » (p. ex. : « Je sens que vous n’allez pas bien ces temps-ci. » ) 


Croire la personne, ne pas remettre en question ce qu’elle ressent, ni la faire sentir responsable de la violence 

« Je vous crois… » 

« Ce n’est pas votre faute. » 

« La violence est inacceptable. » 


Rassurer la personne  

« Je suis là pour vous. » 


Laisser la personne prendre ses propres décisions   

« Je vous soutiens, peu importe votre décision. » 


Diriger vers les ressources disponibles selon sa situation

Préciser que des gens sont prêts à l’aider et que des ressources existent 


Remercier la personne de vous avoir fait confiance : il peut être très difficile pour une victime de parler de sa situation 


Respecter vos propres limites 


Les proches se sentent souvent démuni.e.s et impuissant.e.s face à la détresse et aux enjeux auxquels une victime de violence conjugale fait face. SOS violence conjugale offre des conseils et de l’information pour savoir comment aider. 

La violence conjugale en télétravail ou dans le cadre d’études à distance 

Depuis la pandémie de COVID-19, il est de plus en plus fréquent de travailler ou d’étudier de la maison. Les risques de violence conjugale peuvent être accrus par ces nouvelles habitudes. En étant toute la journée en présence de son agresseuse ou agresseur, la victime se trouve encore plus isolée et susceptible de subir des actes de violence plus fréquents et plus graves. 

Même à distance, il est possible de soutenir les membres de sa communauté.

Voici quelques suggestions : 

  • Gardez contact avec votre collègue, faites-lui savoir que vous êtes là pour elle ou lui en l’appelant ou en lui écrivant régulièrement ; 
  • Proposez-lui d’aller marcher ou de prendre un café ; 
  • Offrez-lui la possibilité de venir travailler ou d’étudier en personne ; 
  • Choisissez avec la victime un mot ou une phrase clé qu’elle peut utiliser lorsqu’elle est en danger ;
    si vous entendez le mot ou la phrase clé, appelez-la sur son cellulaire et posez des questions auxquelles elle peut répondre par oui ou par non : 
  • Es-tu en danger ? 
  • Veux-tu que j’appelle le 911 ? 
  • Veux-tu que j’appelle une maison d’aide et d’hébergement pour toi ? 
  • Veux-tu que je contacte un membre de ta famille ? 

Ressources disponibles

Il est important de porter assistance à la personne en l’écoutant sans juger ni remettre en question. Il faut également la diriger vers les ressources qui peuvent l’aider.  

Consulter les ressources disponibles en cas de harcèlement psychologique, de discrimination, d’incivilité, de harcèlement sexuel, de violence à caractère sexuel ou de violence conjugale et familiale.  

[1] Texte tiré et adapté de Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC). Guide pratique à l’intention des employeurs, des syndicats et des employé.e.s. 2021