Culture, langues et numérique : deux chaires pour penser la diversité à l’ère de l’IA

Deux nouvelles chaires de recherche à l’INRS pour analyser l’impact du numérique sur la culture et le savoir.

L’Institut national de la recherche scientifique (INRS) lance deux chaires de recherche institutionnelles (individuelles) afin de mieux comprendre comment le numérique et l’intelligence artificielle façonnent nos modes de création, de consommation et de diffusion de la culture, des savoirs et de l’information dans un contexte de diversité de langues et de cultures. 

Pilotées respectivement par la professeure Nathalie Casemajor et le professeur Romuald Jamet, tous deux basés au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS, ces chaires miseront sur l’interdisciplinarité pour partager et enrichir les connaissances sur les réalités sociales et culturelles. 

Chaire de recherche sur les communs numériques 

Comptant plus de 56 millions d’articles en 328 langues, l’encyclopédie en ligne Wikipedia est un exemple emblématique des communs numériques, ces ressources accessibles sur Internet, librement réutilisables et gouvernées démocratiquement. La Chaire de recherche sur les communs numériques dirigée par la professeure Nathalie Casemajor a pour objectif de comprendre en quoi la politique, la culture et l’économie influencent la production et la gestion de ces ressources collectives.  

« Il est essentiel de comprendre les mécanismes à l’œuvre pour garantir une représentativité des différents groupes et un accès juste, équitable et inclusif au savoir dans un contexte de diversité culturelle et linguistique.» 

Nathalie Casemajor, professeure à l’INRS

Plus précisément, la Chaire s’intéresse à la pluralité linguistique et culturelle qui existe au sein de ces projets collaboratifs, où plusieurs groupes expriment des points de vue et des réalités différentes. Le programme se penche par ailleurs sur les effets de l’intelligence artificielle, qui utilise de grandes quantités de données ouvertes (textes, images, etc.) pour s’entraîner et s’améliorer. L’objectif est d’étudier la manière dont l’exploitation de ces données par l’IA amène à bâtir de nouvelles relations entre les collectifs qui gèrent les communs numériques, les entreprises du numérique et les acteurs publics. 

Chaire de recherche en Industries de la donnée et en industries culturelles et créatives 

Production de contenus, collecte de données et recours à des technologies de plus en plus sophistiquées : les industries de la donnée, particulièrement l’IA, sont en train de révolutionner la façon dont nous créons, consommons et diffusons la culture.  

Au Québec, où la langue et la culture occupent une place essentielle, ces changements soulèvent des questions cruciales sur la souveraineté culturelle et linguistique. En effet, le gouvernement québécois, qui soutient la création en français depuis les années 1960, soutient aussi de plus en plus d’entreprises spécialisées dans l’application de l’IA aux milieux culturels. Cette situation crée une tension entre la volonté de préserver la souveraineté culturelle et la nécessité de s’adapter aux dynamiques internationales de l’innovation technologique. 

Attribuée à Romuald Jamet, professeur au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS, la Chaire de recherche en Industries de la donnée et en industries culturelles et créatives (ID2C) vise 1) à cartographier comment les technologies issues des industries de la donnée s’intègrent dans le secteur culturel et 2) à rencontrer les artistes et organismes des différents secteurs (musique, jeux vidéo, cinéma, etc) qui utilisent ou rejettent ces outils.  

« Cette démarche s’inscrit dans une réflexion plus large : comment préserver la liberté de création et la vitalité culturelle, tout en tirant parti des avancées technologiques ? » 

Romuald Jamet, professeur à l’INRS 

Ces deux nouveaux programmes de recherche mis en place par le comité de direction de l’INRS vont non seulement faire progresser les connaissances grâce à la recherche conceptuelle et à l’enquête de terrain, mais aussi favoriser les collaborations entre les milieux universitaires, le secteur culturel, les organisations du numérique et le grand public. Ils participent ainsi à la mission de l’INRS : contribuer à l’essor économique, culturel, social du Québec par la recherche dirigée et la formation.