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Un nouveau protocole pourrait repousser les limites de l’industrie pharmaceutique

1 mars 2022 | Audrey-Maude Vézina

Mise à jour : 1 mars 2022

Des scientifiques de l’INRS ont développé un procédé, publié dans la prestigieuse revue Nature Protocols, pour optimiser la conception et le développement de médicaments.

La tendance à l’agrégation est particulièrement importante à surveiller pour les séries de composés qui sont sur le point d’être sélectionnés pour des études cliniques.

Les composés pharmaceutiques peuvent se comporter différemment dans une solution aqueuse. Ces propriétés sont peu étudiées malgré leur effet considérable à différents stades de la découverte et du développement de médicaments. Le professeur Steven LaPlante de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) a développé un protocole pour surveiller le comportement en solution des médicaments.

« Avec ce protocole, les industries pharmaceutiques pourraient éviter de travailler sur un composé au comportement indésirable en solution aqueuse, dès les premiers stades de l’identification de médicaments. Cela préviendrait de nombreux problèmes et un ralentissement de la productivité. »

Steven LaPlante, spécialiste en chimie médicinale qui possède plusieurs années d’expérience dans l’industrie pharmaceutique.


Les effets de l’agrégation 

En solution aqueuse, les composés peuvent rester sous forme de molécules solitaires ou bien sous forme d’agrégats de différentes tailles. La tendance à l’agrégation est particulièrement importante à surveiller pour les séries de composés qui sont sur le point d’être sélectionnés pour des études cliniques. En effet, la formation d’agrégats peut inhiber de mauvaises cibles, engendrer des effets secondaires et altérer la relation entre certains organismes et médicaments.

En collaboration avec NMX Research and Solutions, l’équipe du professeur LaPlante a cherché à minimiser ces propriétés indésirables. À l’aide de la résonnance magnétique nucléaire (RMN), l’équivalent de l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) au niveau atomique, elle a pu développer des essais d’agrégation.

« Nous pouvions ainsi classer les composés qui ne s’agrègent pas par ordre de priorité pour les tests précliniques, explique le professeur. Toutefois, l’agrégation est également associée à des propriétés favorables, telles que la biodisponibilité exceptionnellement élevée de médicaments ou en tant que système de libération de médicaments. La décision de privilégier ou non l’agrégation dépend donc des propriétés souhaitées. »

Le protocole peut facilement être adapté pour répondre aux besoins spécifiques de diverses applications tout au long du processus de découverte de médicaments.


À propos de l’étude

L’article « Probing the free-state solution behavior of drugs and their tendencies to self-aggregate into nano-entities », par Steven R. LaPlante, Valérie Roux, Fatma Shahout, Gabriela LaPlante, Simon Woo, Maria M. Denk, Sacha T. Larda et Yann Ayotte, a été publié dans la revue Nature Protocols. Les travaux ont été financés par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), le Consortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM), la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), Mitacs, l’INRS, l’Institut Pasteur, NMX Research and Solutions et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (France).