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12 septembre 2025
Mise à jour : 12 septembre 2025
L’Observatoire québécois des inégalités vient de publier son Bulletin de l’égalité des chances en éducation 2025, une troisième édition à laquelle ont participé le professeur Xavier St‑Denis et la chercheuse postdoctorale Banting Véronique Grenier de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
Depuis trois ans, ce rapport documente les inégalités dans le monde éducatif québécois, de la petite enfance au postsecondaire, à l’aide d’indicateurs provinciaux et, nouveauté cette année, de données régionales.
« Il est essentiel de s’attarder aux inégalités régionales afin d’être en mesure de fournir des données descriptives et des connaissances à jour sur les inégalités dans le système d’éducation québécois, au bénéfice des acteurs du milieu tout comme celui du grand public », souligne le professeur St‑Denis.
L’un des principaux constats de la section portant sur l’enseignement postsecondaire à laquelle il a collaboré est le très faible taux d’accès des jeunes provenant de familles défavorisées en milieux ruraux aux études collégiales (23 % chez les hommes et 46 % chez les femmes) et universitaires (7% chez les hommes et 18% chez les femmes). Les résultats révèlent une différence marquante non seulement par rapport aux jeunes provenant des familles les plus favorisées de manière générale (plus de 70% d’entre eux accèdent au collégial), mais aussi par rapport aux jeunes défavorisés ayant plutôt grandi en milieu urbain (46 % des hommes et 67 % des femmes accèdent au collégial). Pour ce qui est des jeunes venant de familles plus favorisées, le désavantage associé au fait d’avoir grandi en région est faible voire nul.
« Nos résultats viennent appuyer et mettre en lumière les conclusions d’un rapport publié précédemment par le CIRANO sur les enjeux de mobilité sociale au Québec : les jeunes issus de milieux défavorisés en régions rurales subissent un désavantage persistant, tant en termes d’accès à l’éducation que de niveau de revenus à l’âge adulte », ajoute l’expert en statistiques sociales.
Autre constat important du Bulletin souligné par le professeur St‑Denis : l’écart marqué dans l’accès à l’enseignement postsecondaire en faveur des femmes, en particulier au baccalauréat universitaire, et ce, quels que soient la région et le milieu.
Xavier St‑Denis, professeur au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS
« J’espère que la diffusion du Bulletin permettra de convaincre les organismes publics de l’importance de rendre leurs données disponibles pour faciliter le travail de recherche et informer le public et les acteurs du milieu. »
C’est aussi ce que souhaite la chercheuse Véronique Grenier qui a participé à la rédaction de la section sur l’enseignement préscolaire à secondaire. Pour elle, le Bulletin de l’égalité des chances en éducation a comme objectif de créer des ponts entre les équipes de recherche, les organismes publics et les acteurs de l’éducation.
Véronique a ainsi eu le mandat de répertorier les données quantitatives obtenues auprès du ministère de l’Éducation et d’autres organismes, dans une perspective historique, afin de documenter les parcours scolaires des élèves selon différentes caractéristiques (genre, besoins particuliers, etc.).
L’un des principaux constats dressé au niveau primaire démontre que la proportion d’élèves en situation de retard scolaire (entrée plus tardive aux 2e et 3e cycles) est plus élevée dans le réseau public que dans le réseau privé. La surreprésentation d’élèves issus de milieux favorisés et d’élèves présentant peu ou pas de difficultés scolaires dans le réseau privé peut expliquer, du moins en partie, la plus faible proportion d’élèves présentant un retard dans ce réseau. Cette proportion est aussi plus élevée dans les régions éloignées ainsi que chez les garçons. L’équipe du Bulletin souligne toutefois que la surreprésentation d’élèves issus de milieux favorisés et d’élèves présentant peu ou pas de difficultés scolaires dans le réseau privé peut expliquer, du moins en partie, la plus faible proportion d’élèves présentant un retard dans ce réseau. De plus, les variations entre les régions quant aux proportions d’élèves en situation de retard scolaire peuvent s’expliquer en partie par le fait que les centres de services scolaires ou commissions scolaires n’ont pas la même politique à l’égard du redoublement.
« Compiler des données, souvent inédites, nous permet de dresser un portrait quantitatif de l’évolution des inégalités sociales, lesquelles s’accumulent tout au long des parcours éducatifs. Et c’est là qu’est notre valeur ajoutée : on ne fait pas seulement de la compilation de données, on fait aussi un commentaire sociologique et critique nécessaire pour faciliter ensuite le travail des organisations sociales », remarque Véronique Grenier.
Véronique Grenier, chercheuse postdoctorale Banting
Autre résultat marquant, la concentration de l’enseignement privé en milieu urbain, particulièrement à Montréal, où plus d’un élève sur trois fréquente une école privée. L’étude indique également que les taux de diplomation au secondaire sont en hausse, mais restent plus faibles dans les régions éloignées.
Les disparités régionales révélées par le Bulletin démontrent la nécessité de mettre en place des politiques publiques adaptées aux spécificités locales, de réaliser des enquêtes longitudinales afin de mieux comprendre les parcours éducatifs et de faciliter l’accès aux données administratives.
Consulter le Bulletin de l’égalité des chances en éducation, édition 2025
12 septembre 2025
Disparités régionales dans l’accès à l’éducationPartager