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Les effets socioéconomiques de la COVID-19 sur les jeunes de 15-34 ans

6 juillet 2020 | Sophie Laberge

Mise à jour : 17 septembre 2020

Depuis le mois de mars 2020, la proportion des Canadiens qui occupent un emploi a diminué drastiquement au sein de la population en âge de travailler. Comme l’a constaté un groupe de chercheurs attaché à la Chaire-réseau de recherche sur la Jeunesse (CRJ), dont certains de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), la baisse du taux d’emploi a été plus marquée chez les jeunes de 15 à 34 ans, et plus particulièrement chez les jeunes femmes.

D’après les résultats de l’enquête sur la population active (EPA) 2019-2020 de Statistique Canada, les répercussions socioéconomiques de la COVID-19 se font déjà sentir. Afin de comprendre les effets de la pandémie sur l’emploi chez les jeunes, la CRJ, basée en partie dans les locaux de l’INRS à Montréal, publie sur le Web une série de feuillets statistiques intitulés La jeunesse en chiffres, dans le cadre de son projet « spécial COVID-19 ».

Les effets socio-économiques de la COVID-19 sur les jeunes de 15-34 ans

La chute de l’emploi chez les jeunes

Publié en mai dernier, le premier feuillet montre que les jeunes de 15 à 34 ans ont perdu, depuis le début de la pandémie, plusieurs centaines de milliers d’emplois en comparaison à la même période en 2019. Maria Eugenia Longo, professeure à l’INRS et cotitulaire de la CRJ, pilotait la réalisation de ce premier feuillet. « L’arrêt temporaire de l’activité et de l’emploi dans de nombreux secteurs et les transformations qui ont suivi ont entraîné des conséquences pour ce groupe d’âge, particulièrement chez les moins de 25 ans, déjà désavantagés par une certaine précarité professionnelle. Nous avons privilégié l’indicateur du taux d’emploi plutôt que celui du taux de chômage qui représente moins l’ampleur des pertes d’emploi, puisqu’il exclut en partie les personnes qui ne cherchent pas d’emploi ». La situation, même si elle semble s’améliorer depuis le mois de mai 2020, a davantage affecté les femmes de ce groupe d’âge. En effet, la reprise de mai montre une hausse du taux d’emploi de 7,1 % chez les hommes, passant de 55,5 % à 62,6 %, alors que chez les femmes la hausse a été de seulement 4,4 %, passant de 56,2 % à 60,6 %.

Qualifications académiques et perte d’emploi

Dirigé par Sylvain Bourdon, aussi cotitulaire de la CRJ, professeur associé à l’INRS et professeur à l’Université de Sherbrooke, le deuxième feuillet de La jeunesse en chiffres mesure les variations dans le taux d’emploi des jeunes selon leur niveau de diplomation. « Les pertes d’emploi ont touché les jeunes de tous les niveaux de qualification académique. Cette perte a été plus marquée en avril chez les détenteurs de diplômes du secondaire, du cégep ou d’un certificat universitaire, passant de 88,4 % en 2019 à 68,5 % en 2020, précise le professeur Bourdon. Nous avons constaté que les diplômés universitaires ont été relativement mieux protégés des pertes subies et que la remontée du taux d’emploi en mai, en période de redémarrage, a davantage favorisé ceux ayant des études postsecondaires. »

Quantifier les changements

Dès le début de la crise, les chercheurs de l’INRS Nicole GallantMaria Eugenia Longo et Mircea Vultur, en collaboration avec Sylvain Bourdon (Université de Sherbrooke), Charles Fleury (Université Laval) et Aline Lechaume (Université Laval), avaient l’intuition que les effets allaient être marquant pour les jeunes. Ils ont donc voulu quantifier les informations statistiques disponibles afin de voir ce qu’il en était réellement. « D’un point de vue économique et social, nous avons rapidement eu l’impression que ce serait brutal pour les jeunes, puisque cette période de la vie implique déjà de nombreux changements (d’études, d’emploi, de résidence, dans les relations, etc.) qui peuvent déjà entraîner une certaine instabilité économique, notamment chez les plus vulnérables, souligne Maria Eugenia Longo. Mais pour saisir et mesurer ces changements, nous devions attendre que les premières données soient rendues disponibles par Statistique Canada. »

Rapidement, l’idée de présenter les résultats de leurs analyses aux médias et à un public plus large s’est imposée. « On a décidé, comme membres de la Chaire, de produire une série de fiches pour présenter quelques constats fondés sur des données statistiques et illustrant les effets de la pandémie sur l’emploi des jeunes. Ce travail vise à faire le tri entre les impressions productrices d’émotions et la réalité quantifiable et scientifiquement validée de la situation des jeunes sur le marché du travail, poursuit le professeur Mircea Vultur. Notre groupe réunit différentes expertises qui nous permettent d’avoir un point de vue plus global sur la situation. »

Feuillet 1 : La chute de l’emploi chez les jeunes touche davantage les 15-24 et les femmes

Feuillet 2 : Des pertes d’emploi plus importantes chez les jeunes moins diplômés, surtout les jeunes femmes, ainsi que ceux travaillant à temps partiel

À propos de la Chaire-réseau Jeunesse (CRJ)

Depuis 2019, la CRJ regroupe les forces vives de la recherche et de l’intervention sur la jeunesse afin de répondre aux besoins transversaux et spécifiques de la Politique québécoise de la jeunesse 2030. Pour développer des recherches et des pratiques fondées sur l’interdépendance entre besoins, parcours, soutiens, sphères et contextes de vie des jeunes, la CRJ rassemble 121 chercheurs, 14 centres, 7 partenariats, 19 chaires de recherche, 52 partenaires sociaux et gouvernementaux et des collectifs de jeunes. L’approche participative vise des transformations systémiques afin de favoriser l’autonomie et l’épanouissement personnel, social et citoyen des jeunes.