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9 janvier 2018 | Stéphanie Thibault
Mise à jour : 28 août 2024
Dans l’idéal, l’espace public a l’apanage d’appartenir à tous. Chacun peut l’occuper à sa façon, chacun lui donne vie différemment. Selon sa nature et sa situation, l’espace public est conçu pour jouer un rôle dans la société, mais au final, la société lui attribuera elle-même son rôle. De Montréal à Hanoï, de Mexico à Paris, la jeune génération module, transforme et s’approprie l’espace public et lui donne un sens que souhaite comprendre le Partenariat Tryspaces (Transformative Youth Spaces), financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).
Mis en place par la professeure Julie-Anne Boudreau de l’INRS, son équipe et ses collaborateurs, TRYSPACES s’est mis en action cet automne lors d’une rencontre hors de l’ordinaire. Quarante personnes de vingt-six organisations partenaires, des milieux universitaire, techno-artistique et social, y ont pris part. Orchestré par la dynamique coordonnatrice Alexia Bhéreur-Lagounaris, le groupe s’est activé pendant deux jours à mettre en place des projets ainsi que des mécanismes de collaboration et de création.
Quatre villes sont sous la loupe de Tryspaces : Montréal, Paris, Hanoï et Mexico. Quatre réalités fort différentes qui feront l’objet de collectes de données et de projets de type living lab. À titre d’exemple, la façon dont l’art de rue qui était d’abord transgressif s’est tranquillement institutionnalisé à Montréal fera l’objet d’une étude de cas. Comment la subversion survit-elle à l’institutionnalisation?
À Hanoï, Tryspaces s’intéressera entre autres au sort des jeunes migrants ruraux qui sont stigmatisés. Comment adaptent-ils leurs comportements dans les espaces publics en réponse à la discrimination? Dans chaque ville à l’étude, l’espace public incarne de multiples portes vers des univers transgressifs variés. Comme les membres de Tryspaces l’ont définie durant leur rencontre de démarrage, la transgression peut être une affirmation, une résistance, un apprentissage, mais elle est toujours en rupture et basée sur une relation (sociale, avec l’autorité, etc.). Interpréter la transgression permet de découvrir des motivations et des réalités qui sont souvent discrètes. Adoptant une approche de recherche collaborative, le partenariat planifie son incursion du côté caché des villes sur une période de six ans. Des liens tissés avec les jeunes découleront des performances, des outils tels que des cartographies narratives, des créations multimédias. Les données recueillies permettront de produire des avis de politiques publiques, des guides d’action et de multiples interventions.
Plutôt que de réprimer la transgression, mieux vaut écouter ce qu’elle nous dit.
Vidéo non disponible
Arrimer tous les partenaires dans une structure à échelle humaine en respectant les valeurs d’équité et d’égalité… en quatre langues ? Ces nombreuses considérations ont fait l’objet de débats et des élections ont permis d’établir les comités de gouvernance.
La représentativité est au cœur des préoccupations des partenaires. Pour le comité de pilotage, un des sièges est réservé à un représentant de Hanoï ou de Mexico pour s’assurer d’avoir une voix du « Sud ». Les partenaires techno-artistiques ont également un siège. Enfin, fait rarissime, les femmes ont insisté pour qu’une présence masculine soit assurée puisqu’elles sont largement majoritaires.
23 avril 2024
L’INRS présent au 91e congrès de l’Acfas