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Élections municipales : le pouvoir des personnes âgées

21 octobre 2021 | Julie Robert

Mise à jour : 22 octobre 2021

Salomé Vallette, étudiante au doctorat, contribue à une réflexion positive sur le vieillissement.

Une personne aînée en train de voter à des élections

Les travaux de Salomé Vallette portent sur le comportement électoral et politique des personnes aînées à l’échelle municipale.

Alors que les élections municipales au Québec sont généralement caractérisées par un faible taux de participation, il semble que les personnes de 65 ans et plus, soient celles qui votent en plus grand nombre. Pourtant, alors que de nombreuses études scientifiques cherchent à comprendre le désengagement électoral des jeunes, peu s’intéressent, à l’inverse, à savoir pourquoi les personnes aînées votent davantage.

Est-ce que les membres de ce groupe démographique accordent une importance particulière aux élections ? Considèrent-ils avoir un pouvoir d’influence ? Et si oui, exercent-ils ce « pouvoir gris » en dehors des périodes électorales pour étendre leur influence ? À travers ses recherches, Salomé Vallette tente de répondre à ces questions en s’intéressant particulièrement au volet municipal.

Étudiante au doctorat en études urbaines à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), sous la supervision de la professeure-chercheuse Sandra Breux, Salomé Vallette vient de publier un article, dans la revue Frontiers in Political Science,dans lequel elle s’intéresse au pouvoir des personnes âgées.

« Puisque les personnes âgées ont l’expérience d’une vie, leur vote, à l’échelle municipale, s’exerce peut-être d’une manière différente aujourd’hui que lorsqu’elles étaient plus jeunes. »

Salomé Vallette, étudiante au doctorat en études urbaines à l’INRS
Salomé Vallette, étudiante au doctorat en études urbaines à l’INRS

Ses travaux invitent à réfléchir sur le comportement électoral et politique des aînées et des aînés à l’échelle municipale et contribuent à une vision positive du vieillissement.

Les motivations à voter à l’échelle municipale

Dans cet article, l’étudiante en études urbaines présente les 19 premiers entretiens qu’elle a réalisés, avec l’aide de groupes communautaires, auprès de personnes âgées de 65 à 84 ans et vivant dans la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu.

« Cette recherche illustre l’importance de l’exercice d’un devoir, de l’accès à l’information politique, de la proximité avec les candidates et les candidats et du rôle influent des personnes aînées », explique Salomé Vallette.

Tandis que certaines personnes se sentent investies d’un devoir citoyen, d’autres se rendent aux urnes pour faire entendre leur voix et espèrent amorcer des changements à petite échelle. Selon les entretiens de Saint-Jean-sur-Richelieu, toutes et tous ne trouvent pas l’intérêt d’exercer leur droit de vote. En effet, pour certaines personnes, le milieu municipal n’a pas d’intérêt à leurs yeux ou est associé à la corruption.

De plus, selon les participantes et les participants, il est plus facile de parler aux candidates et candidats municipaux et de connaître la personne qui les représentera officiellement, comparativement aux scènes provinciale et fédérale où il est plus difficile d’avoir un lien direct avec les personnes qui se présentent.

Bien que le vote ait une importance comparable à chaque palier de gouvernement, les personnes interrogées estiment que le vote à l’échelle municipale les concerne directement en raison des services municipaux. Elles estiment aussi avoir plus d’influence sur leur conseillère ou conseiller.

La majorité des participantes et des participants ont mentionné être en mesure d’exercer un rôle d’influence sur les gens qui les entourent ; qu’il s’agisse d’amis, de parenté ou encore de candidates ou candidats municipaux.

Le vieillissement vu autrement

« Le vieillissement nous touche toutes et tous et, pourtant, j’ai l’impression que la société porte encore un regard négatif sur celui-ci. Un regard traitant surtout des problèmes de santé liés au vieillissement, en oubliant pourtant que le vieillissement est une simple étape de la vie », confie Salomé Vallette.

En s’ancrant dans le courant de la gérontologie critique et en s’intéressant à la démocratie municipale, l’étudiante propose « un renouveau sur les idées du vieillissement et de la vieillesse ». La gérontologie critique tend à contester les approches connues du vieillissement, à remettre en cause les idées préconçues comme le fait que l’activité, la mobilité et la productivité sont des moyens sains et souhaitables de vieillir. Elle vise également à faire avancer des pistes innovantes pour comprendre le vieillissement.

Selon l’étudiante, la société devrait s’intéresser à une image positive du vieillissement et de la vieillesse, afin de valoriser cette étape de la vie et se pencher davantage sur les besoins et attentes des personnes âgées.

« Il vaudrait mieux ne pas caractériser les personnes aînées par leur problème de santé, lorsqu’ils et elles en ont, mais plutôt chercher à comprendre comment ces derniers et ces dernières contribuent à leur communauté, en tant que personne à part entière », conclut-elle.