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Une équipe de recherche menée par l’INRS lance une étude sur les répercussions socio-environnementales du télétravail en quantifiant les émissions de CO2 de sa communauté
Quelles sont les retombées environnementales des changements de pratiques de travail postpandémie ? C’est la question à laquelle tentera de répondre une équipe de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), en collaboration avec Polytechnique Montréal, en lançant une étude sur les émissions de CO2 générées par les déplacements de la communauté de l’INRS entre le domicile et le lieu de travail. Ce projet de recherche participative sans précédent, financé et soutenu par le Partenariat Climat Montréal (PCM) et l’INRS, s’inscrit dans une volonté de poser des gestes concrets pour faire face aux changements climatiques.
« Dans le contexte d’urgence climatique, chaque action compte. »
Louise Hénault-Ethier
« Avec ce projet, l’Institut pose une action concrète en vue de mieux comprendre les effets des changements de mobilité au sein de sa communauté et d’accélérer la transition climatique », lance Louise Hénault-Ethier, professeure associée et directrice du Centre Eau Terre Environnement de l’INRS à l’origine de cette nouvelle étude.
L’INRS, qui a adopté une politique de télétravail en juin 2021, a saisi l’occasion de bien cerner l’incidence environnementale de la mise en place de cette politique, qui fut d’abord motivée par des enjeux sociaux. L’Institut avait déjà réalisé un bilan des émissions directes de CO2 liées aux déplacements professionnels de sa communauté à partir de son lieu de travail pour la période 2020-2021.
Pour cette étude, l’équipe de recherche quantifiera par modélisation les émissions de gaz à effet de serre (GES) des membres de la communauté de l’INRS – qu’ils soient issus du corps professoral, du personnel administratif ou étudiants – entre leur domicile et leur lieu de travail. Tant les émissions de CO2 qui sont évitées par le fait de travailler à domicile que celles, accrues, liées à l’utilisation de serveurs informatiques lors des multiples réunions virtuelles seront considérées.
« En nous basant sur les données recueillies, nous allons intégrer un outil qui nous permettra de calculer et de compenser les émissions associées aux déplacements professionnels. À ma connaissance, c’est une première », explique le professeur Louis-César Pasquier, spécialiste de la séquestration du carbone à l’INRS.
« Avec cette nouvelle étude, nous allons encore plus loin pour comprendre l’incidence des choix de mobilité individuels sur le bilan carbone. »
Louis-César Pasquier
Pour ce faire, l’INRS collaborera avec l’équipe de Catherine Morency, professeure à Polytechnique Montréal, titulaire de la Chaire Mobilité et de la Chaire de recherche du Canada sur la mobilité des personnes. Grâce à l’expertise de Polytechnique, l’équipe pourra sonder et modéliser les comportements de mobilité des participantes et participants à l’étude, soit leurs habitudes quotidiennes et leurs répercussions, les déménagements qui ont pu allonger les déplacements raréfiés, les changements de moyens de transport ou encore l’accroissement d’autres déplacements pour le loisir.
« Les nouvelles habitudes que la population conservera après la pandémie auront indéniablement une incidence sur le bilan carbone », lance la professeure Morency.
« D’ailleurs, plusieurs organisations se préoccupent de l’effet rebond du télétravail. Pour le comprendre et le quantifier, il faut mesurer un ensemble de comportements, que ce soit les changements dans les modes de transport utilisés pour aller au travail, ou encore, la tendance à l’étalement urbain qui pourrait allonger les distances à parcourir et réduire la disponibilité d’options de transport plus durable », précise la chercheuse.
La méthodologie développée pour cette étude pourra être utilisée par les collaboratrices et collaborateurs de PCM qui souhaitent prendre des engagements de mobilité dans le cadre de la campagne Les grands gestes, réalisée grâce à la Fondation du Grand Montréal, la Fondation familiale Trottier, la Ville de Montréal, Cogeco et près d’une centaine de partenaires. Le PCM a pour mission de mobiliser les forces économiques, philanthropiques, institutionnelles et communautaires pour accélérer la décarbonisation de Montréal.
« Cette étude sera complémentaire aux autres initiatives de PCM visant la mobilité des employées et employés, car elle nous permettra de valider scientifiquement la pertinence de promouvoir certaines pratiques à moyen terme », affirme Mélanie Le Berre, directrice générale du Partenariat Climat Montréal.
Avec ces résultats, PCM espère émettre des recommandations aux organisations montréalaises pour qu’elles parviennent à alléger leur bilan carbone tout en bénéficiant des avantages économiques liés au télétravail et autres nouvelles pratiques de transport.
L’équipe de recherche est composée de Louise Hénault-Ethier, de Louis-César Pasquier et de Philippe Apparicio de l’INRS ainsi que de Catherine Morency, d’Owen Waygood et d’Hubert Verreault de Polytechnique Montréal.