- Prix et distinctions
Cette reconnaissance vient souligner sa longue carrière et sa contribution exceptionnelle à la recherche autochtone.
À l’occasion de sa conférence annuelle, la Société canadienne d’anthropologie (CASCA) décernera le prestigieux prix Weaver-Tremblay à Carole Lévesque, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), responsable du Réseau DIALOG et étroite collaboratrice avec les communautés et instances autochtones au Québec et au Canada depuis plus de 50 ans.
Nommé en l’honneur des anthropologues Sally Weaver et Marc-Adélard Tremblay, ce prix créé en 1992 souligne chaque année la contribution extraordinaire d’un.e anthropologue à l’anthropologie appliquée canadienne.
« Ce prix m’est d’autant plus précieux que j’ai eu la chance de travailler, de voyager et de publier avec le professeur Marc-Adélard Tremblay dans les années 1980 et 1990. C’est un privilège d’avoir pu collaborer avec ce grand chercheur, ce précurseur de l’anthropologie québécoise, et de recevoir aujourd’hui un prix qui porte son nom et celui de madame Sally Weaver. »
Carole Lévesque, professeure au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS
Arrivée à l’INRS en 1995, Carole Lévesque a passé plus de la moitié de son parcours professionnel au sein de l’établissement de recherche. Détentrice d’un doctorat en anthropologie sociale et culturelle de l’Université de la Sorbonne, elle a consacré la totalité de sa carrière à s’instruire des trajectoires historiques et contemporaines des Peuples autochtones : depuis 1972, elle travaille en étroite synergie avec les communautés, les organisations et les institutions autochtones du Québec et d’ailleurs sur des projets et des enjeux du terrain.
Au fil des années, Carole Lévesque a expérimenté et mis au point plusieurs formules de recherche participative et collaborative dans lesquelles les populations, à titre individuel ou communautaire, jouent un rôle actif. Elle a séjourné dans 46 des 56 communautés territoriales des Premières Nations et du Peuple inuit, et réalisé de très nombreuses enquêtes de terrain.
« Les méthodes polyvalentes et axées sur l’engagement communautaire de la professeure Lévesque sont parmi les meilleurs exemples des efforts de décolonisation de l’anthropologie et des disciplines apparentées au Québec, au Canada et à l’étranger. »
Monica Heller, présidente du CASCA
Les multiples travaux de la chercheuse, répartis dans plus d’une centaine d’études, ont trait notamment à la culture matérielle, à l’éducation, à la famille contemporaine, à l’histoire orale, à l’intégration communautaire, à l’autochtonie urbaine, au travail salarié, à la condition des femmes, aux politiques sociales, à la sécurisation culturelle ou encore à l’autonomie politique. Elle a aussi dirigé ou codirigé les travaux d’une centaine d’étudiant.e.s au fil des ans et accueilli au Réseau DIALOG près de 200 stagiaires de multiples horizons.
« Après plus de trois décennies à l’INRS, la professeure Lévesque est un pilier de notre institution pour la recherche exemplaire en collaboration avec les Peuples autochtones. Elle a développé de nouvelles approches basées sur la coconstruction avec les milieux, qui servent aujourd’hui de références. Au nom de la communauté de l’INRS, toutes nos félicitations pour cette distinction amplement méritée ! »
Isabelle Delisle, directrice scientifique par intérim
Auparavant, en 2011, Carole Lévesque a reçu le Prix Marcel-Vincent de l’ACFAS pour sa contribution au développement du domaine des études relatives aux Peuples autochtones au Québec. Le gouvernement du Québec lui a aussi remis le Prix Marie-Andrée-Bertrand en 2016, reconnaissant son rôle majeur dans la réconciliation avec les Peuples autochtones.
La CASCA souligne aujourd’hui le regard multidisciplinaire apporté par la professeure à ses recherches centrées sur l’humain et la reconnaissance des systèmes de savoirs autochtones. « Tout mon parcours a été coloré par une compréhension anthropologique transversale. C’est encore plus important alors qu’il y a de moins en moins d’anthropologues qui s’intéressent aux Peuples autochtones de nos jours par rapport à la situation qui prévalait il y a trois ou quatre décennies.
En 2001, Carole Lévesque a fondé le Réseau de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones (DIALOG) qu’elle dirige encore aujourd’hui; elle avait auparavant mis sur pied l’Unité de recherches avec les Peuples autochtones à l’INRS en 1996. DIALOG réunit plus de 120 personnes issues du monde universitaire et du monde autochtone qui sont à l’œuvre au Québec, au Canada, dans les Amériques, en Océanie, en Europe et en Asie.
Véritablement interdisciplinaire, à l’image de l’INRS qui est depuis le début l’université hôte du réseau, DIALOG rassemble des gardien.ne.s du savoir autochtone, des intellectuel.le.s et des leaders autochtones provenant de 25 instances des Premières Nations et de l’autochtonie urbaine, ainsi que des chercheur.euse.s représentant une vingtaine de disciplines académiques et provenant de 27 universités des quatre coins du monde; quelques dizaines d’étudiant.e.s (autochtones et non autochtones) participent régulièrement aux activités du Réseau.
Pour son caractère collaboratif et ouvert sur les réalités du terrain, le Réseau DIALOG a obtenu en 2021 une très grande reconnaissance de la part du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada qui lui a remis le Prix Impact Connexion pour souligner notamment le rôle de médiation que joue DIALOG. Le prix Weaver-Tremblay du CASCA vient de nouveau confirmer l’importance et la portée des travaux de la professeure Lévesque en tant que chercheuse engagée. Les membres du jury ont ainsi noté l’effet visionnaire et durable du Réseau DIALOG, de même que l’implication continue et la qualité des travaux de Carole Lévesque depuis un demi-siècle.
Le prix lui sera officiellement remis en mai 2024 ; elle prononcera un discours inaugural pour l’occasion. Elle y exposera l’importance de sa formation initiale en anthropologie qui a façonné son rapport au monde, ses approches et ses perspectives tout au long de sa riche carrière.