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La ville : lieu de « réconciliation » avec les peuples autochtones

21 juin 2021 | Julie Robert

Mise à jour : 17 mai 2024

Une équipe de recherche se penche sur les relations entre personnes autochtones et non autochtones dans les espaces urbains.

Une équipe de recherche collaborative s’intéresse aux relations entre personnes autochtones et non autochtones dans les villes afin de sensibiliser la population autour des enjeux des Premiers Peuples, de lutter contre le racisme systémique et de participer à la visibilité des espaces et des récits des Autochtones de Montréal. 

Une équipe de recherche de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et l’organisme Mikana dévoilent aujourd’hui, le 21 juin, dans le cadre de la Journée nationale des peuples autochtones, les résultats préliminaires d’un projet de recherche collaboratif. S’intéressant aux relations entre personnes autochtones et non autochtones dans les espaces urbains, ces travaux ont pour objectif de sensibiliser la population autour des enjeux des Premiers Peuples, de lutter contre le racisme systémique et de participer à la visibilité des espaces et des récits des Autochtones de Montréal. 

« Au Québec, il y a peu de recherches sur les relations entre personnes autochtones et non autochtones dans les espaces urbains, ce qui rend ce projet assez unique », lance Stéphane Guimont Marceau, professeure à l’INRS et chercheuse principale du projet.

Le projet, qui a débuté à Montréal en 2019, s’étendra à plusieurs villes au Québec grâce à une subvention d’un montant de 95 427 $ que l’équipe s’est récemment vue octroyer par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).


Sensibiliser pour combattre les préjugés

Au total, ce sont 1000 Montréalaises et Montréalais non autochtones qui ont répondu à un sondage visant à cerner leurs représentations sociospatiales concernant les peuples autochtones, ainsi que les lieux qu’elles et ils associent à cette population. Des groupes de discussion ont également été menés entre juin 2020 et février 2021. Les participantes et participants de ces groupes ont ensuite pris part à des ateliers de sensibilisation donnés par de jeunes ambassadrices et ambassadeurs de Mikana, qui a pour mission d’œuvrer au changement social en sensibilisant différents publics sur les réalités et les perspectives des peuples autochtones.

« Avec cette recherche, nous désirons nous attaquer à la méconnaissance et aux préjugés des populations allochtones qui affectent négativement nos relations et trouver des pistes de solution en termes de lieux, de rencontres positives, de cohabitation et d’autochtonisation des villes. Les personnes autochtones ont le droit d’être dans une ville dans laquelle elles se sentent chez elles et en sécurité. »

Widia Larivière, cofondatrice et directrice générale de Mikana

« Nous avons constaté la présence de représentations plutôt positives ou dénotant une meilleure connaissance des réalités, des communautés et des Nations autochtones. Par contre, certaines représentations négatives et stigmatisantes, issues d’événements historiques ou d’une méconnaissance, semblent toujours bien ancrées dans la population », ajoute la professeure Guimont Marceau.

L’autre volet de la recherche s’est fait auprès de personnes autochtones dans une perspective de cocréation utilisant les approches autochtones de la recherche.


Les espaces urbains comme « moteurs » de changements

« Nous avons rassemblé des personnes autochtones qui étaient intéressées à participer à des cercles de partage et à nous faire part de leurs récits. L’idée était, pour celles et ceux qui le souhaitaient, de nous parler de leurs expériences et de leurs analyses des espaces et des relations avec les populations allochtones à Montréal », explique Widia Larivière.

« C’est beaucoup dans les milieux urbains que les changements se produisent actuellement. Près de 70 % de la population active autochtone vit en ville », lance la professeure Guimont Marceau, qui s’intéresse aux relations sociales dans l’espace et au rôle que les espaces jouent dans les processus d’exclusion et d’inclusion.

Les résultats préliminaires de cette recherche collaborative soulignent la présence d’une volonté de rapprochement et de compréhension vis-à-vis des peuples autochtones. Selon l’équipe de recherche, ils font aussi ressortir que cette ouverture cohabite avec des représentations négatives, un manque de lieux de rencontre dans la ville et un accès restreint aux personnes autochtones et à leurs récits.

« Nous souhaitons sensibiliser les différents publics aux réalités et aux perspectives des peuples autochtones. Au-delà des objectifs scientifiques, il faut que cette recherche ait des effets sociaux et politiques concrets. »

Stéphane Guimont Marceau, professeure au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS


En plus de Stéphane Guimont Marceau et de Widia Larivière, les personnes ayant collaboré au projet « Renégociation des relations entre personnes autochtones et non autochtones au Québec : espaces urbains et représentations sociales entre tension et réconciliation » sont Elisa Cohen-Bucher coordonnatrice de Mikana, la professeure de l’INRS Magalie Quintal-Marineau (cocandidate), la chercheuse postdoctorale de l’INRS Marie-Eve Drouin-Gagné, Thomas Saïas de l’Université du Québec à Montréal, en plus de toute une équipe d’auxiliaires de recherche des 1er, 2e et 3e cycles, dont des étudiantes autochtones.