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22 avril 2025
Mise à jour : 22 avril 2025
La doctorante Linsey Yvette Mouatchô lève le voile sur un monde invisible… mais crucial. Son travail révèle une réalité troublante : nos écosystèmes d’eau douce sont affectés par la présence de débris plastiques.
Le Jour de la Terre, célébré chaque 22 avril depuis 1970, vise à sensibiliser à la protection de l’environnement. Il est né à la suite de la marée noire de Santa Barbara en 1969, au cours de laquelle près de 11 millions de litres de pétrole se sont déversés dans l’océan Pacifique, perturbant gravement la biodiversité. Les nappes de pétrole peuvent asphyxier les milieux aquatiques et empêcher les organismes de respirer. De plus, les contaminants pétroliers peuvent s’accumuler dans les tissus des organismes : c’est ce qu’on appelle la bioaccumulation. S’ils parviennent à intégrer la chaîne alimentaire, ces contaminants peuvent voir leur concentration augmenter à chaque maillon de la chaîne, jusqu’à se retrouver dans nos assiettes : c’est le phénomène de bioamplification.
Cette année, le Jour de la Terre Canada propose de mettre en lumière la biodiversité. Issu du préfixe bio (du grec βίος / bíos, « vie ») et du mot diversité, ce terme désigne l’ensemble des espèces vivantes, les écosystèmes qui les abritent, ainsi que les interactions complexes entre elles et leur environnement.
L’écotoxicologie, qui étudie le devenir des contaminants dans l’environnement, joue un rôle clé dans la préservation de cette biodiversité. Cette expertise se retrouve à fois à l’INRS et au Pôle Géoscientifique de Québec (PGQ), dont l’un des axes de recherche est de « comprendre l’impact des activités humaines sur l’environnement ». Pour ce faire, le regroupement mène des travaux visant à modéliser les panaches de contamination, à développer des méthodes de décontamination, ou encore à utiliser des technologies pour la remédiation de sites contaminés.
Le projet de doctorat de Linsey Yvette Mouatchô, étudiante en sciences de l’eau au Centre Eau Terre Environnement, s’inscrit dans cette démarche. Elle s’intéresse au devenir des microplastiques dans les eaux douces, en particulier à leur présence dans le biofilm algal qui colonise les cours d’eau. Composé de microorganismes enchâssés dans une matrice, ce biofilm représente un maillon essentiel à la biodiversité et au bon fonctionnement des écosystèmes d’eau douce. En plus d’être à la base de la chaîne alimentaire, il contribue à hauteur de 25 % à la production primaire totale de la planète. Si sa capacité à utiliser les débris plastiques comme substrat de colonisation – formant ce qu’on appelle la plastisphère – a déjà été démontrée, son potentiel à piéger ces débris dans sa matrice demeure peu étudié. Or, un tel piégeage pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble du fonctionnement des écosystèmes aquatiques.
Biofilm algal sur substrat rocheux. Crédit : Linsey Yvette Mouatchô
Écrevisse à taches rouges consommant du biofilm – Crédit Guillaume RavaryOuellet
Exemples de potentielles sources de rejet de microplastiques sur les sites échantillonnés bis
Biofilm algal sur substrat rocheux. Crédit : Linsey Yvette Mouatchô
Par exemple, les microplastiques ainsi emprisonnés pourraient être ingérés par les consommateurs primaires qui dépendent du biofilm comme ressource alimentaire. Ils pourraient également altérer la structure des communautés microbiennes et la diversité des espèces qui composent le biofilm. Or, ces deux paramètres influencent directement les services écosystémiques fournis par ce dernier. Ces observations mettent en lumière le manque criant d’études sur l’interaction entre le biofilm et les microplastiques. En collaboration avec des chercheur(e)s d’Environnement et Changement climatique Canada, Linsey Yvette Mouatchô a mis en évidence la présence de nanoplastiques – des plastiques 1 000 fois plus petits que les microplastiques – dans le biofilm colonisant les herbiers du lac Saint-Pierre. L’article révèle une quantité surprenante de débris plastiques, ce qui illustre l’ampleur du problème de la pollution plastique dans nos écosystèmes d’eau douce.
Rédaction : Linsey Yvette Mouatchô