Retour en haut

Logement étudiant : quelles stratégies adoptent les villes?

15 septembre 2022 | Julie Robert

Mise à jour : 15 septembre 2022

Une étude s’intéresse aux politiques de planification urbaine pour répondre aux besoins de la population étudiante.

Quel est le rôle joué par l’aménagement urbain dans l’offre de logements étudiants?

Alors que la rentrée est amorcée, se loger à un prix abordable et pas trop excentré de son université représente un défi de taille pour beaucoup d’étudiantes et d’étudiants au Canada. Quelles sont les stratégies adoptées par les villes pour répondre aux besoins de ces populations étudiantes en matière de logement?  

C’est la question au cœur de l’étude menée par le professeur Nick Revington. Les résultats du chercheur en études urbaines à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) ont été publiés récemment dans la revue Housing Policy Debate.

En collaboration avec Alexander “AJ” Wray, doctorant en géographie à l’Université Western, le professeur Revington s’est concentré sur les cas de certaines villes et régions ontariennes possédant des campus universitaires. Parmi elles, nous retrouvons, entre autres, les villes de Waterloo, de London et de Thunder Bay ainsi que la région de Niagara. L’objectif de l’équipe était d’étudier le rôle que joue l’aménagement urbain dans l’offre de logements étudiants.

Un manque de place

Au cœur de la recherche : les documents de planification de 15 zones urbaines de l’Ontario où sont situés les campus des 20 universités publiques de la province. En les analysant, les chercheurs ont identifié quatre grandes approches adoptées par les villes au sujet du logement étudiant.

Certaines villes ont des interventions minimales, alors que d’autres choisissent plutôt d’éloigner les logements étudiants des quartiers déjà établis. Les chercheurs ont également observé la possibilité d’un réaménagement à haute densité d’un quartier résidentiel existant pour accueillir les étudiantes et les étudiants. Enfin, il est démontré que certaines municipalités vont même jusqu’à freiner, voire interdire, la conversion de maisons unifamiliales en logements étudiants.

« La façon dont la ville gère le logement de cette clientèle dans son plan d’urbanisme a un effet sur l’offre. Ça peut aller de la maison unifamiliale convertie en logement étudiant à des appartements, en passant par des quartiers dédiés à la population étudiante », dit le professeur Revington, auteur principal de l’étude.  

Selon le chercheur, une bonne stratégie serait de permettre l’intensification urbaine afin d’avoir des appartements à plus haute densité dont certains seraient prévus pour la population étudiante.

C’est ce qu’a fait la ville de Waterloo : elle a créé des quartiers dédiés à la haute densité en réponse à la forte demande. La région de Niagara, quant à elle, a opté pour la création de logements étudiants dans un parc industriel commercial à proximité de l’université. Cette approche s’inscrit dans une stratégie de développement économique plus large pour la région et les villes qui la composent.

Professeur Nick Revington

« Il n’y a pas une stratégie idéale, mais les villes devraient s’assurer d’avoir assez de logements étudiants. Sans quoi, elles seront aux prises avec plus de conflits avec les résidents existants et des problèmes dans les quartiers établis. C’est une histoire de cohabitation! »

— Nick Revington, professeur en études urbaines

Une population transitoire

Le logement étudiant fait souvent l’objet de grands débats dans les villes universitaires d’Amérique du Nord. Malgré les retombées économiques de la population étudiante en milieu urbain, cette dernière est souvent mise à l’écart dans les stratégies de planification des municipalités.

Selon les chercheurs, en plus des nuisances associées à la présence étudiante dans une ville (bruit, soirées, mauvais entretien des bâtiments), il y a cette perspective selon laquelle cette clientèle réside temporairement dans une ville et n’est donc pas composée de futurs électeurs.

« Même si les villes souhaitent retenir leurs diplômés, ils sont perçus comme des habitantes et des habitants transitoires, n’y résidant que pendant la durée de leurs études. Les villes accorderaient moins d’importance à investir dans des pistes de solutions pour les problèmes qui touchent cette tranche de la population », lance monsieur Wray, coauteur de l’étude, qui est également le président de la Town and Gown Association of Ontario.

Le professeur Revington espère que les villes intégreront la population étudiante dans leur vision urbanistique, en créant des logements. Il rappelle que les enjeux liés aux habitations étudiantes ne sont pas nouveaux, mais qu’ils deviennent de plus en plus marqués. 

À propos de l’article

Nick Revington et Alexander James David Wray (2022). Land-Use Planning Approaches to Near-Campus Neighborhoods and Student Housing Development Patterns in Ontario, Canada, Housing Policy Debate, DOI: 10.1080/10511482.2022.2093939