- Publications de l'INRS
Le professeur Mircea Vultur publie un ouvrage collectif sur la réalité et les défis contemporains des personnes diplômées.
Les diplômées et diplômés universitaires constituent une main-d’œuvre hautement qualifiée qui est à la source d’emplois de qualité, en plus d’être au cœur de la création de nouvelles connaissances et de l’innovation économique. Toutefois, la formation universitaire, dont l’accessibilité comporte toujours des limites selon l’origine sociale et les caractéristiques individuelles, se traduit par une augmentation des difficultés d’insertion sur un marché du travail de plus en plus compétitif.
Les diplômés universitaires. Perspectives socioéconomiques, sous la direction du professeur Mircea Vultur, chercheur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), s’intéresse à l’accès aux études, à l’insertion professionnelle et à la surqualification des diplômées et diplômés universitaires. Dans cet ouvrage, publié aux Presses de l’Université Laval, une vingtaine de spécialistes du domaine présentent leurs analyses. Celles-ci permettent d’éclairer certaines idées reçues et de fournir une base d’information scientifique pour le débat et l’action publics.
« Ce livre soulève des questions de fond, souvent esquivées, quant à la situation des personnes diplômées d’université qui ne sont pas considérées comme une catégorie de la main-d’œuvre à problème », lance le professeur Vultur, spécialiste du travail et de l’insertion professionnelle des jeunes.
« Les diplômées et diplômés qui n’arrivent pas à s’insérer convenablement sur le marché du travail se situent souvent dans l’angle mort de la représentation sociale. »
Mircea Vultur
Quelles sont les formes actuelles d’inégalité d’accès aux diplômes universitaires ? Quelle est la rentabilité des études ? Quelles sont les formes de discrimination à l’embauche dont sont victimes les universitaires diplômés issus de l’immigration ? Sommes-nous en présence d’un phénomène de surqualification persistante, illustré par une capacité déficiente d’absorption des diplômées et diplômés universitaires par le système productif ?
Cet ouvrage collectif tente de répondre à ces questionnements et apporte des pistes de réflexion.
« Il présente des données actualisées et inédites sur divers aspects de la situation des personnes diplômées face au marché du travail au Québec et au Canada. Les chapitres, rédigés par des spécialistes de la question, exploitent essentiellement des données statistiques récentes. Le livre accorde une place importante à l’analyse de la surqualification, un phénomène qui touche la main-d’œuvre qualifiée dans l’ensemble du monde occidental », explique professeur Vultur.
Au cours des 20 dernières années, au Québec et au Canada, le nombre de jeunes inscrits dans le système éducatif a considérablement augmenté, et leur niveau de scolarité est de plus en plus élevé. Aussi, plus de la moitié des immigrantes et immigrants au Canada détiennent un diplôme universitaire. Cette évolution à la hausse de la diplomation a des conséquences importantes sur la structure des universités et sur leur capacité d’intégrer les étudiantes et les étudiants dans leurs rangs, de même que sur les possibilités ultérieures d’assurer leur insertion sur le marché du travail dans un emploi qui correspond à leur formation.
« Aujourd’hui, il y a une pénurie de main-d’œuvre surtout dans le secteur des emplois moins qualifiés, explique le professeur Vultur. On voit une discordance entre les caractéristiques de la main-d’œuvre, qui est de plus en plus formée et diplômée, et les caractéristiques des emplois qui demandent souvent un niveau secondaire ou moins. »
Malgré une croissance importante du nombre de diplômées et diplômés, l’ouvrage met en évidence des dynamiques inégalitaires sur le plan de l’accès aux études universitaires.
« Ce n’est pas tout le monde qui accède à l’université de la même manière. On observe une ségrégation selon le statut sociodémographique des parents », rapporte le professeur Vultur.
Pour les jeunes Canadiennes et Canadiens, l’accès à l’université est fortement lié à leur origine socioéconomique, puisqu’il est corrélé au niveau de scolarité et de revenu des parents. Ainsi, les jeunes dont au moins un parent détient un diplôme d’études universitaires accèdent aux études postsecondaires dans une proportion de 94 %, contre 66 % de leurs pairs dont les parents détiennent au plus un diplôme d’études secondaires. Par exemple, 70 % des filles dont la mère est diplômée universitaire ont un diplôme universitaire à l’âge de 25 ans contre seulement 22 % des filles dont la mère a au plus une certification secondaire.
Ont contribué au présent ouvrage : Marcelline Bangali (Université Laval), Sylvain Bourdon (Université Sherbrooke), Brahim Boudarbat (Université de Montréal), Louis Cornelissen (Statistique Canada), Pierre Doray (UQAM), Audrey-Anne Grégoire, Pierre Canisius Kamanzi (Université de Montréal), Marie-Pierre Lapointe-Garant (Université Sherbrooke), Mathieu Lizotte (Université Laval), Brigitte Milord (Polytechnique Montréal), Claude Montmarquette, Stéphane Moulin (Université de Montréal), François Vaillancourt (CIRANO), sous la direction de Mircea Vultur (INRS).