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L’INRS est à la tête d’un projet de recherche novateur à données ouvertes au service de la population et des communautés.
Les Montréalaises et Montréalais pourront dorénavant rapporter leurs expériences d’interpellation par la police en se rendant sur le site Web STOPMTL.ca. Lancé officiellement le 14 juillet par une équipe de recherche multidisciplinaire de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), de l’Université McGill, de l’Université Concordia et de la University College London, STOPMTL.ca a pour objectif de recueillir des données détaillées afin de dresser un portrait plus précis des interpellations policières du point de vue citoyen.
Le site STOPMTL.ca s’inscrit dans le cadre d’une recherche qui vise à produire des données quantitatives sur la distribution sociale et spatiale des expériences d’interpellation à Montréal. Une ressource importante pour les citoyens, les collectivités et les chercheurs, puisque seulement 5 à 20% des interpellations policières effectuées sont enregistrées par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
« On veut dresser un portrait plus détaillé des relations entre la police et la population, car c’est un enjeu social d’importance. Ce projet de recherche et de science citoyenne mise donc à 100 % sur l’ouverture des données. »
Carolyn Côté-Lussier, chercheuse principale du projet et professeure en études urbaines à l’INRS
Les personnes âgées de 15 ans et plus seront en mesure de rapporter une expérience d’interpellation policière qui a eu lieu le jour même ou des mois, voire 20 ans plus tôt, et ce, par l’entremise d’un formulaire anonyme. Chaque usagère ou usager pourra indiquer comment et où s’est passée l’interpellation, décrire le contexte, préciser son âge, son genre, son groupe ethnique ou racial ainsi que le moyen de transport utilisé au moment de l’interpellation.
Le projet sera en accès libre dans son intégralité, ce qui signifie que les données du site Web seront accessibles et téléchargeables par les personnes qui souhaitent y avoir accès.
En 2019, un rapport indépendant commandité par la Ville de Montréal démontrait un profilage racial et social par le SPVM visant les Noirs, les Arabes et les Autochtones, particulièrement les jeunes adultes. De manière générale, les personnes autochtones et noires auraient entre quatre et cinq fois plus de risque d’être interpellées, par rapport aux personnes blanches.
« Les organismes communautaires n’ont pas accès aux données du SPVM, et leurs revendications ne sont souvent pas prises au sérieux, car ils n’ont pas de chiffres pour les appuyer », souligne la professeure Côté-Lussier qui est également chercheuse au Centre international de criminologie comparée. « C’est un besoin qui a été exprimé à maintes reprises par les organismes communautaires depuis les années 1980. »
Actuellement, le Centre de justice des Premiers Peuples de Montréal, le Centre de recherche-action sur les relations raciales, la Maison d’Haïti, le Conseil interculturel de Montréal, le Conseil jeunesse de Montréal ainsi que l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce soutiennent le projet STOPMTL.ca.
« Ce projet permettra à la population et à la police d’obtenir des informations dont ils ont grandement besoin, puisqu’il fournira une représentation visuelle de ce qu’on appelle les points chauds, où se produisent la plupart des interpellations policières, et pourra donner lieu à des conversations importantes entre ces deux groupes, fondées sur des données probantes plutôt que sur des ouï-dire », explique Myrna Lashley, professeure adjointe au Département de psychiatrie de l’Université McGill.
« Les résultats de cette étude pourraient aider les décideuses et décideurs ainsi que les politiciennes et politiciens à déterminer dans quelles zones géographiques investir les ressources, et ainsi mieux répondre aux besoins de la population. »
Myrna Lashley, professeure adjointe au Département de psychiatrie de l’Université McGill
L’un des objectifs scientifiques de l’équipe est de produire un rapport sur le projet et sur la validité des données. De plus, les données issues de STOPMTL.ca alimenteront des recherches en cours sur les effets du crime au sens large (victimisation, présence policière, sentiment de sécurité) sur la santé mentale et les indicateurs de qualité de vie, tels que la mobilité dans les quartiers.
« Notre environnement a une incidence importante sur notre santé et notre bien-être physique et émotionnel, mais si les données existantes ne représentent qu’une petite partie de l’histoire, notre compréhension actuelle est limitée et de portée restreinte. Ce projet est le premier pas vers l’élargissement de notre vision du monde et le comblement de certaines de ces lacunes », explique Lisa Kakinami, professeure agrégée au Département de mathématiques et de statistique en collaboration avec le Centre PERFORM, et professeure affiliée au Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée de l’Université Concordia.
La professeure Côté-Lussier rappelle que la participation des Montréalaises et des Montréalais est cruciale pour le succès de ce projet et souligne que les données bénéficieront à la fois « à la recherche et à la communauté au sens large ».
Ce projet est le fruit du travail d’une équipe interdisciplinaire de chercheuses et chercheurs : Carolyn Côté-Lussier (chercheuse principale, Institut national de la recherche scientifique), Myrna Lashley (Université McGill), Jason Carmichael (Université McGill), Ben Bradford (University College London, R.-U.), Lisa Kakinami (Université Concordia) et Marie-Soleil Cloutier (Institut national de la recherche scientifique).
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