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12 avril 2022 | Audrey-Maude Vézina
Mise à jour : 29 août 2024
Une équipe de l’INRS développe un outil pour déterminer les effets de ces contaminants, sans faire de tests sur des animaux.
Le mélange de perturbateurs endocriniens dans les eaux usées peut avoir des effets synergiques.
Traiter les polluants, tels les perturbateurs endocriniens, protège efficacement l’environnement. Ce type de produits chimiques altère le système hormonal et le développement des organismes exposés, même à faible dose. La doctorante Julie Robitaille et la professeure Valérie Langlois de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) travaillent sur un outil d’analyse des effluents pour prédire leurs effets toxiques.
« Il y a de l’intérêt au Québec et ailleurs dans le monde pour des méthodes de suivi des perturbateurs endocriniens. Ces techniques pourraient même déterminer les sources de contamination sur un territoire, comme en milieu agricole, hospitalier, municipal ou industriel. »
Valérie Langlois, responsable scientifique du Laboratoire en écotoxicogénomique et perturbation endocrinienne
Les deux chercheuses collaborent d’ailleurs avec des partenaires municipaux et industriels pour le suivi des eaux potables et usées afin de planifier des changements d’infrastructures éventuels. Contrairement à plusieurs techniques déjà existantes qui utilisent les poissons, leur méthode n’implique pas d’études sur les animaux. En effet, leur approche se base plutôt sur des lignées cellulaires humaines, génétiquement modifiées en laboratoire pour être sensibles à la présence de certaines hormones.
« Lorsqu’un ou plusieurs perturbateurs endocriniens activent le récepteur de ces cellules, elles émettent une petite lumière. C’est ainsi que l’on détermine si les eaux usées posent des risques pour le système hormonal », explique Julie Robitaille, étudiante au doctorat en sciences de l’eau. Elle indique toutefois que des recherches approfondies permettront de savoir comment se transposent leurs résultats cellulaires aux espèces aquatiques.
Le défi quant au suivi des eaux provient du « cocktail » de perturbateurs endocriniens.
« On ne peut pas seulement regarder leur présence, une substance à la fois. Nous devons analyser si le mélange a des effets puisque ces contaminants peuvent avoir des conséquences différentes lorsqu’ils sont jumelés à d’autres produits chimiques. »
Julie Robitaille
Pour vérifier les effets du mélange de polluants, les deux chercheuses utilisent des bioessais. Cette méthode d’analyse biologique sert à mesurer la réaction de leurs lignées cellulaires, lorsqu’elles sont exposées aux échantillons d’eaux usées, sans connaître précisément les contaminants présents.
Julie Robitaille a démontré l’efficacité de ce type d’approche, entre autres en faisant l’inventaire de tous les outils utilisables par les gestionnaires des eaux. Elle a réalisé cette revue de littérature en collaboration avec des scientifiques membres du Centre intersectoriel d’analyse des perturbateurs endocriniens (CIAPE). La publication a paru dans l’édition spéciale de 2022 de la revue Environmental Research sur les perturbateurs endocriniens.