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Insertion professionnelle et surqualification des diplômés universitaires

10 novembre 2017 | Gisèle Bolduc

Mise à jour : 17 septembre 2020

« L’éducation universitaire est le moyen privilégié pour enrichir la vie des jeunes et en faire de meilleurs citoyens. Nous devons éviter de la justifier exclusivement sur la base de son effet sur la productivité de la main-d’œuvre et la croissance économique », a rappelé le professeur Mircea Vultur de l’INRS, un des conférenciers invités au Congrès annuel de l’Association canadienne pour les études supérieures qui s’est tenu à Québec du 7 au 9 novembre 2017. Avec le professeur Brahim Boudarbat de l’Université de Montréal, il a dressé un état de situation sur la surqualification au Canada et proposé quelques pistes de réflexion sur ce phénomène en progression.

Quelques données

De plus en plus de personnes obtiennent un diplôme universitaire au Canada. Au cours des deux dernières décennies, la proportion des diplômés universitaires dans la population active est passée de 13,8 % à 29,2 %. Plus de 55 % des femmes dans la population active possèdent un diplôme universitaire. Le pourcentage des immigrants récents de 25 à 54 ans qui détiennent un diplôme universitaire a plus que doublé passant de 23 % à 56 %.

Quant au taux d’emploi des diplômés universitaires, il a une tendance à la baisse alors que le taux de chômage tend à croître. Entre 1990 et 2016, ce dernier est passé de 3,8 % à 5 %. Cependant, ce taux est toujours moins élevé que celui des personnes ayant un diplôme non universitaire.

Quelques constats

  • La détérioration de la situation des moins qualifiés sur le marché du travail est un des effets de la surqualification.
  • L’investissement dans les études est payant : un travailleur qui accède à un emploi par la promotion gagne moins qu’un travailleur qui obtient le même type d’emploi grâce à sa scolarité.
  • Plus de 90 % des nouveaux diplômés se disent satisfaits ou très satisfaits de leur emploi. Ce taux s’élève à 80 % chez ceux qui pensent être surqualifiés.
  • L’immigration est une source de plus en plus importante de main-d’œuvre qualifiée.
  • L’éducation doit demeurer une priorité dans les programmes gouvernementaux et les jeunes doivent être suffisamment outillés pour faire des choix éclairés.

La surqualification vue par les directions des ressources humaines

Dans un articleparu dans le dossier Parcours multiples du magazine Découvrir de l’Acfas, le professeur Vultur a d’ailleurs mis en évidence les avantages et désavantages d’embaucher des diplômés surqualifiés tels que perçus par des responsables des ressources humaines. Leur capacité d’innovation, leur autonomie au travail ainsi que leur potentiel pour développer le marché du travail interne de l’entreprise sont autant d’atouts mis de l’avant. La surqualification peut aussi générer de la frustration au travail, des relations tendues avec les collègues de travail, un manque de motivation, de plus grandes attentes salariales, en plus d’accroître le risque de départ de l’entreprise.

Selon le professeur Vultur, l’arrivée massive de surqualifiés sur le marché du travail a des répercussions sur les pratiques de recrutement et de gestion du personnel dans les entreprises. En plus de contribuer à changer les manières de faire le travail, la présence des surqualifiés oblige les entreprises à s’adapter afin de « tirer profit de leurs compétences et de diminuer les risques de les voir quitter l’organisation ».