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La Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec (CRJ) publie un rapport sur les conséquences de la pandémie de la COVID-19 sur l’emploi des jeunes de 15 à 34 ans au Québec, en collaboration avec le Comité consultatif Jeunes (CCJ) de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT) du Québec.
Piloté par la professeure de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) María Eugenia Longo, ce rapport vise à dresser un portrait des conséquences de la pandémie de la COVID-19 sur l’emploi des jeunes de 15 à 34 ans au Québec. La publication de ce document couronne des mois de recherche de la part de la CRJ, qui a fait paraître, depuis juillet 2020, la série de feuillets « La jeunesse en chiffres ».
« D’un point de vue économique et social, notre équipe de la CRJ a rapidement eu l’impression que le confinement et la pandémie seraient brutaux pour les jeunes. Cette période de la vie implique déjà de nombreux changements (d’études, d’emploi, de résidence, dans les relations, etc.) qui peuvent en eux-mêmes entraîner une certaine instabilité économique, notamment chez les plus vulnérables. Mais nous avons dû être patients et attendre que les premières données soient rendues disponibles par Statistique Canada. »
María Eugenia Longo, professeure au Centre Urbanisation Culture Société (UCS)
En effet, les analyses reposent sur les données de deux séries annuelles de l’Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada, soit celles de 2019 et de 2020. Plus précisément, ce cahier a pour objectif de comparer la situation des jeunes à celles d’autres groupes d’âge tout en portant une attention particulière aux inégalités sociales au sein des 15-34 ans.
Les conséquences de la pandémie de la COVID-19 sur les pertes d’emploi et l’évolution des indicateurs de l’emploi des jeunes ont été majeures, notamment au début de la crise (avril 2020). Environ 386 200 emplois ont été perdus entre le mois de février et le mois d’avril 2020. Le taux de chômage des jeunes a atteint un sommet de 24,1 % en avril 2020. Cela représente une hausse de 108 % par rapport au mois précédent.
Les pertes d’emploi se sont manifestées différemment au sein même de la jeunesse. En effet, les chercheuses et les chercheurs ont observé un effet différencié de la crise selon la catégorie de jeunes. La réémergence et le renforcement des inégalités sociales en temps de crise sont parmi les effets observés. Par exemple, les jeunes femmes ont été davantage touchées que les jeunes hommes, et la perte d’emploi a été plus importante chez les jeunes de 25 à 34 ans moins scolarisés.
« Nous avons aussi pu observer que les jeunes travailleurs faiblement rémunérés ont été les premiers à quitter le marché du travail. Entre février et avril 2020, le nombre d’emplois à 14 $ de l’heure ou moins chez les jeunes de 15 à 34 ans a diminué de moitié, une baisse de 49,3 %. En comparaison, le nombre d’emplois à 30 $ de l’heure ou plus a diminué de 12,6 % pour la même période. »
María Eugenia Longo
Le rebond économique à la fin de l’été 2020 a mis en évidence la dynamique du marché du travail québécois, tout comme la capacité de la majorité des jeunes à s’adapter, à faire preuve de résilience ou à se montrer flexibles face aux changements. Les jeunes sans emploi en février avaient une probabilité plus élevée de rester sans emploi entre février et août 2020 comparativement à la même période de l’année précédente. « La récupération des emplois perdus a été plus lente chez les jeunes par rapport aux adultes lors du rebond économique entre la première et la deuxième vague; et il a fallu attendre le mois de juillet pour voir leur taux d’emploi revenir à un niveau équivalent à celui de février 2020 », soit avant la pandémie, poursuit la professeure Longo.
Il y a effectivement eu un rebond de l’emploi chez les jeunes, mais à des conditions qui restent inférieures à celles d’avant la pandémie. Au final, les perspectives d’emploi engendrées par la reprise économique et le retour en emploi des jeunes n’ont pas forcément débouché sur des emplois intéressants et de qualité.
« Enfin, cette période de bouleversements profonds affecte l’emploi des jeunes et plus largement l’économie et la vie sociale dans son ensemble. Elle suscite des interrogations qui restent pour le moment sans réponse. Parmi elles, les effets à long terme de ces transformations sur les parcours de vie des jeunes. Les effets interdépendants de l’emploi sur les autres sphères de vie soulèvent des questions à la fois sur l’incidence de la pandémie dans la durée ainsi que sur nos outils et sur nos sources de données pour le mesurer. »
María Eugenia Longo
Pour les chercheuses et les chercheurs de la CRJ, les effets délétères ou, au contraire, revigorants sur les activités sociales et économiques des jeunes de 15 à 34 ans se révéleront avec le temps.
Pour en savoir plus sur le rapport : « Du premier confinement au rebond partiel : l’impact de la première vague de la pandémie de la COVID-19 sur l’emploi des jeunes de 15 à 34 ans au Québec ». Ont également collaboré à cette étude Sylvain Bourdon, Charles Fleury, Xavier St-Denis, Nicole Gallant, Aline Lechaume, Mircea Vultur, Marjolaine Noël et Édouard Boutin.
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