Retour en haut

L’alimentation : un facteur de risque pour le cancer de la prostate

27 juillet 2020 | Audrey-Maude Vézina

Mise à jour : 4 février 2022

La Société canadienne du cancer estime que plus de 23 000 Canadiens recevront un diagnostic de cancer de la prostate en 2020. Entre autres facteurs de risque possibles, de plus en plus d’études soupçonnaient que l’alimentation était un élément important dans l’apparition de cette maladie comme c’est le cas pour les maladies cardiovasculaires, le diabète et l’obésité.

Grâce aux données d’une enquête menée à Montréal entre 2005 et 2012, une équipe de recherche menée par la professeure Marie-Élise Parent de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) a démontré la relation entre les habitudes alimentaires et le cancer de la prostate dans l’article « Dietary Patterns Are Associated with Risk of Prostate Cancer in a Population-Based Case-Control Study in Montreal, Canada », publié dans le journal Nutrients en juin dernier.

Trois profils alimentaires principaux analysés

L’étudiante au doctorat à l’INRS et première auteure de l’étude, Karine Trudeau, a identifié trois profils alimentaires principaux dans son analyse : alimentation saine, occidentale avec sel et alcool, et occidentale avec sucreries et boissons. Le premier modèle d’alimentation se caractérise par une forte consommation de fruits, de légumes et de protéines végétales comme le tofu et les noix. Le modèle occidental salé et alcoolisé comprend plus de viandes et de boissons comme la bière et le vin. Le troisième modèle se distingue par une forte consommation de pâtes, de pizzas, de desserts sucrés et de boissons gazeuses. L’analyse tenait compte de l’âge, de l’ethnicité, de l’éducation, des antécédents familiaux et de la date du dernier dépistage de cancer de la prostate. 

Marie-Élise Parent et Karine Trudeau ont identifié une association entre une alimentation saine et une diminution du risque de cancer de la prostate. À l’inverse, l’adoption d’un modèle occidental avec sucreries et boissons était associée à un risque plus élevé et semblait favoriser des cancers plus agressifs. L’analyse n’a montré aucune association claire entre l’alimentation occidentale avec sel et alcool et le risque de développer la maladie.  

Contrairement à l’approche couramment utilisée dans les enquêtes épidémiologiques qui étudie un seul nutriment ou groupe d’aliments à la fois, les chercheuses ont considéré un profil alimentaire plus large pour effectuer la collecte d’information. « Ce n’est pas facile d’isoler l’effet d’un seul nutriment. Par exemple, les aliments riches en vitamine C, comme les agrumes, favorisent l’absorption du fer. Quant au calcium, il est souvent consommé à travers des produits laitiers qui contiennent aussi de la vitamine D, explique la doctorante. Notre approche plus analytique peut tenir compte de cette synergie et les résultats sont plus pertinents au niveau de la santé publique pour faire des recommandations. Plutôt que de miser sur un aliment miracle, on adopte un profil alimentaire. »

« Nous soupçonnions depuis longtemps que l’alimentation pouvait jouer un rôle dans le développement du cancer de la prostate, mais il s’est avéré très difficile de comprendre quels facteurs seraient spécifiquement impliqués, rapporte Marie-Élise Parent. Cette étude, qui se penche sur les habitudes alimentaires dans leur ensemble, est révélatrice. Nous apportons des éléments qui, nous l’espérons, permettront d’établir des stratégies de prévention pour ce cancer,

À propos de l’étude

En plus des membres de l’INRS Marie-Élise Parent, Karine Trudeau, Christine Barul et Marie-Claude Rousseau, Ilona Csizmadi (Cumming School of Medicine) a participé à la recherche. Cette étude a été financée par la Société canadienne du cancer (SCC), la Société de recherche sur le cancer (SRC), le Fonds de la recherche du Québec—Santé (FRQS) et du ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI).

Le cancer, ce fléau