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Les travaux de terrain, une étape clé de la recherche en géosciences

4 octobre 2024

Mise à jour : 4 octobre 2024

Comment les géologues travaillent-ils au quotidien ?

À l’occasion de la Journée internationale de la géodiversité de l’UNESCO, observée le 6 octobre, la Commission géologique du Canada (CGC-Québec) et l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) reviennent sur l’importance des travaux effectués sur le terrain par les chercheuses et les chercheurs.

En quoi consistent les travaux de terrain en géosciences ? 

Chacun d’entre nous a probablement déjà vu des personnes sur le bord de la route, dossard orange sur le dos, regardant de près des affleurements rocheux. Tout ceci est bien normal !  

Ces chercheuses et ces chercheurs observent et interprètent les objets géologiques dans un environnement naturel. Ils recueillent des informations quantitatives et qualitatives, comme le débit d’un cours d’eau ou encore l’orientation et le magnétisme des roches. On récolte également des échantillons et on assure une prise de photographies pour poursuivre les analyses complètes en laboratoire.   

Ces travaux de terrain servent de point de départ à de nombreuses sciences naturelles. Ils apportent aussi des réponses autour d’enjeux contemporains autour de la production alimentaire, de l’accès à l’eau potable, ou encore les défis de la transition écologique. 

L’importance des travaux de terrain pour l’avancée de la recherche

Dans de nombreux cas en géosciences, les chercheuses et les chercheurs procèdent à d’importants travaux de terrain, qui représentent la clé de voûte pour approfondir les connaissances sur ce vaste sujet.

La professeure de l’INRS Geneviève Bordeleau, spécialiste en hydrogéologie rattachée au Centre Eau Terre Environnement, illustre la manière dont les expériences de terrain participent à la construction des connaissances : « De nombreuses données qualitatives et quantitatives sont acquises durant les travaux de terrain, et seront complétées plus tard par des travaux en laboratoire. Par exemple, on récolte des échantillons d’eau, on mesure le débit d’eau dans une rivière, on utilise des techniques qui permettent de mesurer les interactions entre les eaux de surface et souterraines… Puis ces données seront analysées, compilées et interprétées. »

« Les travaux de terrain sont essentiels aux géosciences sensu lato. Ils servent de base à la compréhension des processus géologiques naturels », ajoute Antoine Godet, chercheur scientifique à la Commission géologique du Canada.

Les travaux de terrain au Canada s’effectuent généralement durant la saison estivale lorsque les affleurements rocheux ne sont plus couverts par la neige, ou que l’eau est plus facilement accessible ; la durée varie d’une journée à plusieurs semaines. Certains projets requièrent des suivis saisonniers, comme en hydrogéologie où le niveau de nappes phréatiques et cours d’eau dépend entre autres des périodes de pluies et de la fonte des neiges. 

« Le travail de terrain évolue avec le temps », explique Antoine Godet. « On ne passe plus trois mois d’affilée en région éloignée comme cela a pu être le cas dans le passé. La conciliation famille-travail est de plus en plus mise en avant. Des accommodements peuvent être mis en place, avec de longues saisons de terrain entrecoupées de retours à la maison. »

Crédits: Jean-Luc Pilote. Guillaume Raymond, étudiant au doctorat INRS-CGC-Q, et le chercheur Jean-Luc Pilote observent un affleurement rocheux. / INRS-CGC-Q PhD student Guillaume Raymond and researcher Jean-Luc Pilote observe a rock outcrop.

Crédits: Jean-Luc Pilote. Après les feux – l’étudiant au doctorat INRS-CGC-Q Guillaume Raymond photographie un affleurement rocheux dans le cadre de son projet dans le nord de l’Abitibi. / After the fires – INRS-CGC-Q doctoral student Guillaume Raymond photographs a rock outcrop as part of his project in northern Abitibi.

Crédits: Antoine Godet. L’étudiante Jillian Côté effectue des travaux de terrain au Réservoir Decelles, Québec. / Student Jillian Côté works in the field at the Decelles Reservoir, Quebec.

Crédits: Antoine Godet. L’étudiante Jillian Côté effectue des travaux de terrain au Réservoir Decelles, Québec. / Student Jillian Côté works in the field at the Decelles Reservoir, Quebec.

Crédits: Antoine Godet. L’étudiante Jillian Côté effectue des travaux de terrain au Réservoir Decelles, Québec. / Student Jillian Côté works in the field at the Decelles Reservoir, Quebec.

Une collaboration pensée pour la relève

Depuis 1988, la CGC-Québec et l’INRS allient leurs forces au sein du Pôle Géoscientifique de Québec pour former la relève dans ce domaine aux étendues parfois méconnues. En trente-cinq ans, plus de 160 étudiantes et étudiants ont poursuivi leurs études de deuxième et troisième cycles en sciences de la Terre sous la direction ou la codirection des deux organisations.

« Le terrain, c’est comme une grande salle de classe où nous apprenons tout en pratique, en trouvant des solutions aux problèmes et en améliorant constamment nos méthodes. Et bien sûr, rien ne vaut le plaisir de travailler en pleine nature, entourée par la beauté des paysages québécois », raconte l’étudiante au doctorat Maria Luisa Moreira dos Santos, qui s’intéresse à l’hydrogène naturel.

« Ce que je trouve également particulièrement gratifiant, c’est de voir mes connaissances évoluer au fil du projet. On commence l’été avec peu d’informations, puis, au fur et à mesure, on assemble les pièces du puzzle et on comprend de mieux en mieux le contexte géologique », indique pour sa part Guillaume Raymond, doctorant en sciences de la Terre qui se penche sur des gisements d’or au nord de l’Abitibi. « Sans ces travaux de terrain, il serait impossible de réaliser ce projet. »

Les membres étudiants de l’INRS bénéficient de diverses occasions de gagner en expérience sur le terrain, notamment grâce au Chapitre étudiant conjoint INRS-Université Laval de la Society of Economic Geologist, qui organise des excursions internationales. En septembre 2024, les participantes et participants ont ainsi visité des mines et des sites géologiques remarquables au Pérou. Des excursions locales autour de Québec sont aussi organisées régulièrement. Il est également possible d’acquérir de précieuses compétences de terrain lors de stages d’été dans les milieux privés, publics, et académiques.