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Ma recherche en série: la maîtrise en mobilisation et transfert des connaissances d’Annick Bissainthe

28 mars 2022 | Annick Bissainthe

Mise à jour : 16 novembre 2023

Comprendre la dynamique des réseaux sociaux et du développement technologique : de la pratique à la théorie… et vice-versa.

Annick Bissainthe
Annick Bissainthe, étudiante à la maîtrise en mobilisation et transfert des connaissances. Photo : Roland C.Gilbert

À travers mes huit années dans le monde numérique comme consultante d’optimisation par moteur de recherche (SEO en anglais), j’ai développé une passion pour l’essor des technologies et l’innovation. En parallèle, mon diplôme en sociologie à l’Université Concordia m’a donné les bases pour essayer de comprendre l’aspect social autour des réseaux sociaux et du développement technologique, ce que j’adore !

Étant à la fois aux études et en emploi à temps plein en commençant ma maîtrise en mobilisation et transfert des connaissances à l’INRS, mon objectif était de faire avancer la connaissance dans ce champ disciplinaire à partir d’une expertise pratique. Cette situation particulière me donne l’occasion de combiner deux mondes, la sociologie (étude) et le numérique (professionnel).

Je me suis toutefois aperçue que j’avais intégré une vision très appliquée de la théorie apprise lors de mes études. La réalité est qu’il faut sans cesse s’adapter aux clients et au marché, tout en maintenant ses connaissances à jour.

« Cette approche axée sur le monde professionnel a eu un impact important sur ma recherche. »

Annick Bissainthe


De la transformation numérique à l’économie numérique

En commençant ma maîtrise, mon intérêt premier concernait la transformation numérique des entreprises canadiennes. Je voulais faire une recherche pour fournir la « recette » des procédures de ce changement, ainsi qu’un modèle d’opération fonctionnel. Rapidement, je me suis aperçue que le Canada offrait déjà un plan d’action pour les entreprises dans ce domaine, même si celui-ci n’était pas très connu. Mon sujet ne tenait plus la route. 

Mon directeur de recherche, le professeur Mircea Vultur, m’a alors initié à l’économie numérique. Ce champ disciplinaire a pour objectif, entre autres, d’analyser les transformations du monde du travail à la suite de l’émergence des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle ainsi que d’étudier les possibilités de standardiser le secteur des activités économiques associé au numérique. On fait référence à des modèles économiques ouverts ou collaboratifs, tels que Uber et Fiver, ou encore à Google, eBay et Amazon où on peut acheter de plusieurs entreprises et de petits ou grands entrepreneurs.

Amorcée au cours de la dernière décennie à travers les plateformes de réseaux sociaux ou les géants du Web (les GAFAM), la révolution numérique a eu des effets importants sur le fonctionnement de l’économie mondiale. Effectivement, la multiplication des entreprises utilisant le numérique (médias sociaux et vente en ligne) a engendré des mutations sur les plans économiques, juridiques, sociaux et politiques.

« Nous assistons au renouvellement de certains enjeux fondamentaux du monde du travail tant dans ses dimensions individuelles que collectives, ainsi qu’à une prolongation de la délocalisation du travail, entre autres grâce à l’utilisation de plateformes numériques qui facilitent la rencontre entre la demande et l’offre de main-d’œuvre. »

Annick Bissainthe


L’économie numérique et la mondialisation

En revanche, l’incorporation des technologies numériques dans les entreprises exige une transformation radicale des processus et des modèles d’opérations, qui ne sont pas uniformes selon la position des pays dans le système productif mondial. Il y a effectivement des différences entre les différents pays, en ce qui a trait à l’implantation des outils numériques dans l’entreprise.

Photo d’Annick Bissainthe tirée du documentaire « Plus québécois qu’on pense », réalisé par la cinéaste Sophie Lambert et animé par Gregory Charles.

Étant d’origine haïtienne et ayant grandi à Montréal, j’ai voulu discuter avec les professionnels du Canada et d’Haïti pour m’aider à comprendre quelles étaient les différences relatives au développement du numérique entre ces deux pays. J’ai rapidement constaté un discours presque contradictoire, en particulier quant à la rapidité de l’adhésion des populations à la transformation numérique. Je me suis alors demandé dans quelle mesure l’investissement dans le numérique aiderait les citoyennes et les citoyens d’Haïti, de même que le pays dans son ensemble, à développer son économie.

Et pour mieux comprendre cette différence, je me suis tournée vers l’étude du passé qui nous permet de mieux comprendre le présent. En effet, au cours des 50 dernières années, les pays qui ont vécu la colonisation, puis la décolonisation, sont maintenant passées à une économie néo-libérale, conséquence de la mondialisation. Pour se développer, ils doivent « tenir le pas » avec les changements technologiques qui ont lieu dans les pays du Nord.

Dans ces circonstances, est-ce possible de développer une nouvelle économie numérique qui soit adaptée à la culture, à l’économie, à la situation politique d’un pays comme Haïti, selon le modèle des pays du Nord ? La conversion numérique créera-t-elle de nouvelles occasions pour les pays en voie de développement ? Aura-t-il une naissance d’une économie numérique en Haïti ou la continuité d’un cauchemar d’un capitalisme parasite au profit des grandes firmes numériques et géants du Web ?

Je ne trouverai sans doute pas la réponse à toutes ces questions durant mon parcours à la maîtrise. Mais ce chemin me permettra, sans aucun doute, de mieux saisir les enjeux autour de l’économie numérique, ici et ailleurs.