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Monique Bernier, une chercheuse investie dans la relève scientifique

6 mars 2020 | Audrey-Maude Vézina

Mise à jour : 12 février 2021

En cette Journée internationale de la femme, le 8 mars, nous avons échangé avec la professeure Monique Bernier, qui a mené une carrière de plus de 25 ans à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Une carrière pour laquelle elle a reçu, en décembre dernier, le Prix Planète 2019 — Carrière d’excellence en recherche lors des célébrations des 50 ans de l’institution. 

Entretien avec une femme, mais avant tout une chercheuse passionnée, qui s’est beaucoup investie pour former la relève scientifique.

Monique Bernier, une chercheuse investie dans la relève scientifique
Monique Bernier, professeure en télédétection à l’Institut national de la recherche scientifique avec une de ses étudiantes au doctorat.


En 1993, vous êtes la première femme à devenir professeure à l’INRS à Québec. Comment avez-vous contribué à l’égalité des genres dans votre milieu de travail ? 

Monique Bernier : J’ai commencé comme professeure au Centre Eau de l’INRS, à travers le programme de professeure-boursière du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) qui visait à aider les femmes à entreprendre une carrière académique dans le domaine du génie. Le directeur de l’époque était content d’avoir une femme dans l’équipe. Il disait que ça changeait la dynamique de l’assemblée professorale.

Dans mon équipe de recherche, j’ai eu autant de femmes que d’hommes. J’ai pu former des jeunes femmes très dynamiques. L’une d’entre elles est même devenue la première chercheuse en télédétection à l’Institut de recherche d’Hydro-Québec.


Vous êtes engagée auprès de vos étudiantes et étudiants. Quelle est l’importance du mentorat auprès de la relève, surtout auprès des jeunes femmes qui entament une carrière en sciences ?

M. B. : Quand une personne commence sa carrière ou poursuit ses études au niveau supérieur, c’est essentiel d’avoir un mentor, que l’on soit une femme ou un homme. J’ai organisé plusieurs congrès avec l’objectif d’aider les étudiantes et étudiants à rencontrer des mentors. 

Pour moi, c’est extrêmement important d’encourager mes étudiantes. J’ai toujours été ouverte et disponible pour parler avec elles de leurs recherches, mais aussi de leur vie personnelle et de leurs ambitions. 

Je me souviens qu’une de mes étudiantes, qui allait commencer son doctorat en janvier, m’a annoncé au début du mois de décembre qu’elle était enceinte, et ce, avant même de l’avoir dit à ses parents. Elle m’a demandé si elle pouvait tout de même le commencer. Je lui ai dit oui. Finalement, elle a eu ses trois enfants durant son doctorat. Tout un défi, mais elle a réussi ! Je l’ai beaucoup encouragée. 

Dans la nouvelle génération, les femmes sont de plus en plus nombreuses en télédétection. Je pense que les congés de paternité et de maternité d’aujourd’hui aident beaucoup pour étudier plus longtemps. Ça permet de concilier les longues études et la vie de famille.


Avez-vous bénéficié d’un tel mentorat ?

M. B. : J’ai eu plusieurs mentors durant ma carrière en recherche. Le premier était professeur à l’Université de Sherbrooke, un des pionniers de la télédétection, le professeur Ferdinand Bonn. J’étais sa première diplômée en télédétection au département de géographie. Il m’a aidée à rédiger mon premier article et à décrocher mon premier emploi au Centre canadien de télédétection (CCT) à la suite de l’obtention de ma maîtrise. Au CCT, j’ai pu côtoyer Susan Till, une femme qui était cheffe de section et qui avait du leadership. Même si elle n’a pas joué officiellement un rôle de mentor pour moi, elle m’a beaucoup influencée. Elle m’a montré qu’une carrière en recherche pour une femme, c’est possible ! 

Grâce à mon professeur de maîtrise, j’ai eu l’occasion de rencontrer une chercheuse américaine, Anne Kahle, lors d’un congrès. Elle a vu que j’étais passionnée et m’a conseillé de poursuivre au doctorat pour faire de la recherche. Ça m’a marquée. Quatre ans plus tard, j’ai eu l’occasion de faire mon doctorat dans le domaine de la télédétection radar. Durant mes études, je me suis mariée et j’ai fondé une famille.


Quel regard portez-vous sur votre carrière de scientifique, en tant que femme ?

M. B. : Durant ma carrière, je n’ai pas vraiment eu d’obstacles en étant une femme en recherche sur le plan des subventions ou des publications. Il y a de plus en plus de sensibilisation à ce sujet. Le CRSNG a même une politique pour empêcher la discrimination et combattre les préjugés. 

Je suis très satisfaite de mon parcours. J’ai eu de belles possibilités et beaucoup de plaisir à travailler avec mes collègues. J’ai l’impression d’avoir fait une différence pour la relève. Plusieurs de mes étudiantes sont devenues professeures et chercheuses et j’en suis très fière. 


À propos de la professeure Monique Bernier

Les recherches de la professeure Monique Bernier visent le développement d’applications de la télédétection radar en hydrologie et glaciologie pour, entre autres le suivi des effets des changements climatiques sur les milieux nordiques. Ses travaux ont permis de développer des technologies qui aident à prévoir les inondations causées par les embâcles. Son travail lui a notamment valu la Médaille d’Or Larry Morley de la Société canadienne de télédétection en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à son domaine.