- Science et société
La directrice du Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec, Cathy Vaillancourt, discute de sa mise en œuvre dans l’ensemble de la province.
Le RISUQ poursuit son implantation à travers le territoire québécois dans l’objectif de contribuer à la santé et au mieux-être des communautés urbaines et rurales.
Deux ans après sa création, le Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec (RISUQ) compte 244 membres chercheurs ainsi que 440 membres étudiants. Il poursuit son implantation à travers le territoire québécois dans l’objectif de contribuer à la santé et au mieux-être des communautés urbaines et rurales. La professeure Cathy Vaillancourt, spécialisée en grossesse et toxicologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), fait le point sur la mission et les actions du RISUQ.
Grâce au soutien du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS), nous structurons le réseau de chaires de recherche en partenariat. Ce dernier regroupe neuf chaires interconnectées hébergées par l’un ou l’autre des dix établissements de l’Université du Québec (UQ). Cet ambitieux projet propose des programmes de recherche et de formation universitaire et professionnelle qui seront créés et bonifiés en collaboration avec les milieux de pratique en santé et en services sociaux. L’objectif est de participer à une amélioration réelle de la santé et du mieux-être des gens et des communautés du Québec.
Le financement du FRQS est une reconnaissance concrète pour le RISUQ. Il envoie un signal sur la pertinence de continuer à le développer et à implanter ses activités dans toute la province.
Le RISUQ réunit les forces en santé et en services sociaux présentes sur l’ensemble du territoire québécois. Il mise sur l’expertise unique et complémentaire des chercheuses et chercheurs au sein du réseau de l’UQ. Le Réseau entend ainsi créer de nouvelles synergies tant entre les membres qu’avec les collectivités, sur tout le territoire québécois.
La recherche que propose le RISUQ complète celle des centres hospitaliers universitaires (CHU), qui se concentrent sur une approche médicale ou clinique. Le RISUQ adopte plutôt une approche intersectorielle en santé qui s’étend de la recherche fondamentale en sciences biomédicales à l’organisation des soins de santé et des services sociaux.
Il est faux de penser que l’accès à ces derniers et leur qualité sont les mêmes dans l’ensemble du Québec. Prenons l’exemple de l’Abitibi-Témiscamingue ou du Bas-Saint-Laurent qui font face à une pénurie de personnel en santé. Il importe donc de tisser des partenariats pour bien comprendre les préoccupations des communautés urbaines et rurales, réaliser les recherches en coconstruction avec les parties prenantes, puis mettre en application les connaissances que nous en tirons. Pour améliorer cette situation, il faut également briser les silos entre les actrices et les acteurs du milieu de la santé et des services sociaux et orienter la recherche sur des réalités locales.
Dès l’arrivée de la COVID-19, les membres du RISUQ ont développé, en partenariat, des projets de recherche ancrés sur le territoire. Par exemple, une équipe a mis sur pied, en collaboration avec des centres hospitaliers, des CISSS et des CIUSS de différentes régions, un projet pour mieux cerner les facteurs de stress et de résilience chez les femmes enceintes en période de pandémie. Le RISUQ a permis de recruter les participantes en régions urbaines et rurales, notamment en Mauricie, en Abitibi-Témiscamingue et au Bas-Saint-Laurent. Nous avons obtenu des données qui sont de vraies mines d’or.
Un autre projet, nommé VIRAGE , émane d’un constat du CIUSSS de la Maurice- et-du-Centre-du-Québec quant au manque de données concernant la qualité de vie, l’état de santé et la résilience des personnes qu’il dessert en temps de crise sanitaire. Le projet se penche sur la perception qu’ont les gens de leur santé et de leur mieux-être depuis le début de la pandémie et vise à identifier les lacunes dans les approches, les données ou les interventions en santé. Le RISUQ a permis d’étendre ce projet longitudinal au CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue et au CIUSSS du Bas-Saint-Laurent.
L’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), quant à elle, mène une grande étude longitudinale auprès de personnes travaillant dans les milieux universitaires du réseau UQ afin de documenter leur état psychologique aux différents stades de la pandémie, de cerner les possibles détresses et de voir s’il y a des différences d’une université à l’autre.
Nous voulons que le Réseau devienne un moteur de développement économique régional grâce à sa contribution à la recherche et à la formation en santé et mieux-être des communautés québécoises.
Je vois également le RISUQ comme un modèle qui pourrait inspirer, ailleurs qu’au Québec, l’adoption de stratégies de recherche en santé et en services sociaux pensées selon la complémentarité des expertises, et non pas en termes de compétition pour les ressources.