Notre monde évolue, la société change et il y aura toujours des problèmes à résoudre. Ces problèmes revêtent plusieurs visages ; il peut s’agir des conséquences des changements climatiques, d’une pandémie ou de nouvelles maladies infectieuses. Bref, la liste est infinie, et il n’existe qu’un moyen efficace pour trouver des solutions aux problèmes d’une société : la recherche. La recherche est donc essentielle pour nous permettre d’affronter les nombreux défis auxquels l’humanité fait face. Mais où se fait cette recherche ? Au Québec, pour l’essentiel, ce sont dans les universités. Il faut donc comprendre que les réponses aux multiples problèmes de notre société viendront nécessairement de nos universités ou de celles des autres.
La recherche s’effectue dans toutes les universités du territoire québécois. Toutefois, l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) de l’Université du Québec, que j’ai la chance de diriger, est le seul établissement qui a pour principale mission la recherche et la formation aux cycles supérieurs (à la maîtrise et au doctorat). Une mission que l’INRS accomplit avec brio depuis 55 ans, puisqu’il arrive en tête des établissements au Canada pour l’intensité de recherche (financement reçu par professeur) selon le classement annuel Research Infosource et il demeure au premier rang des taux de diplomation aux cycles supérieurs depuis plus d’une décennie.
En un mot, nous sommes une institution de recherche et de formation hautement performante et reconnue — une véritable vitrine de l’expertise québécoise à l’international.
Il faut comprendre que la recherche universitaire n’a jamais été une activité locale ou nationale. Bien sûr, ses impacts sont nationaux, mais l’activité elle-même a toujours été fondée sur une intense collaboration internationale. À l’INRS, par exemple, 63 % de nos publications scientifiques, mesurées et inventoriées selon Scopus en 2023, le sont avec des chercheurs de l’international. En matière de collaborations internationales, l’INRS se situe au-dessus des 15 plus grandes universités de recherche au Canada (U15 — 57 %), et celles des États-Unis (Association of American Universities — 38 %).
Ainsi, la haute performance en recherche de l’INRS est forcément synonyme de collaborations internationales, et nous sommes particulièrement fiers de faire briller ainsi partout dans le monde l’expertise scientifique québécoise.
Cette présence internationale est avantageuse pour nous, car elle nous permet de recruter le meilleur corps professoral, mais aussi les meilleurs étudiants de recherche au monde. À ce chapitre, nous sommes en concurrence avec le monde entier, avec les Massachusetts Institute of Technology (MIT), les Caltech, les Weizmann Institute et l’Okinawa Institute of Science and Technology, entre autres. Comme tous ces leaders scientifiques, nous attirons à l’INRS les meilleurs étudiants afin de pouvoir résoudre les problèmes urgents auxquels notre société fait face.
C’est d’autant plus vrai pour l’INRS, qui s’est fait attribuer par le gouvernement du Québec la mission particulière de faire de la recherche et de la formation dirigée spécifiquement vers des sujets qui contribuent à notre développement économique, social et culturel. Nous attirons avec beaucoup de succès à l’INRS les meilleurs cerveaux de l’international, dont 50 %, une fois diplômés, sont toujours au Québec et contribuent au développement de la société québécoise, dont ils font partie intégrante.
Il me semble opportun de l’affirmer vigoureusement dans la foulée des décisions que le gouvernement provincial s’apprête à prendre en matière d’immigration.
Aux cycles supérieurs, ces étudiants de l’international sont des joueurs actifs dans le développement de la recherche québécoise. Ce sont eux qui se retrouvent dans les laboratoires de nos universités, à réaliser des expériences d’importance, à rédiger des articles scientifiques d’impact. Ce sont eux qui travaillent avec nos équipements de recherche de pointe pour trouver des solutions québécoises à nos problèmes.
Ce sont certes des étudiants de l’international, mais leurs contributions multiples sont bien québécoises. Les recherches que ces scientifiques mènent sont financées par les Fonds de recherche du Québec, et leurs découvertes qui sont faites avec leurs professeurs sont des découvertes québécoises.
Ces étudiants de l’international ne viennent réduire d’aucune façon l’accessibilité aux programmes de recherche pour les Québécois. Au contraire, leur présence vient enrichir l’expérience étudiante à l’INRS ainsi que dans tous les laboratoires du Québec.
Il faut donc comprendre que toute mesure qui réduirait l’attractivité internationale du Québec comme un lieu de formation en recherche, en réduisant ou en limitant le nombre de ces étudiants, imposera directement une réduction de la qualité et de la quantité de recherche réalisée sur le territoire québécois.
Dans l’esprit de la lettre d’opinion publiée plus tôt cette semaine dans Le Devoir par mon collègue recteur Christian Blanchette, j’incite donc le gouvernement du Québec à promouvoir et non à réduire l’apport des étudiants internationaux aux cycles supérieurs des établissements universitaires québécois. C’est notre capacité à maintenir notre capacité de recherche, à rayonner à l’international et à recruter une relève de haut calibre pour trouver des solutions québécoises aux problèmes de l’humanité qui en dépend.
Les étudiants de l’international sont des moteurs de la recherche québécoise a été publié dans Le Devoir, édition du 11 novembre 2024