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Une transition énergétique propulsée par nos ressources

9 décembre 2022 | Ricardo Codina

Mise à jour : 9 décembre 2022

Les ressources minérales du Québec peuvent contribuer à une transition énergétique efficace pour libérer la société québécoise de sa dépendance aux combustibles fossiles.

Géeologie

Le potentiel géothermique des mines du Québec est à l’étude. OMID ROSHAN, UNSPLASH

Des membres de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) ainsi que de la Commission géologique du Canada (CGC) en font la démonstration à travers leurs recherches dans le cadre d’une entente de coopération de longue date. Cette collaboration s’incarne à travers le Centre géoscientifique de Québec (CGQ), un partenariat entre le bureau de Québec de la Commission géologique du Canada et le Centre Eau Terre Environnement de l’INRS. Créé en 1988, le CGQ constitue un des plus importants regroupements multidisciplinaires de recherche en sciences de la Terre au Canada. Aujourd’hui, plus de 130 membres (corps professoral, communauté étudiante, chercheurs et chercheuses et personnel de recherche) y mènent des travaux en géosciences. Un important événement annuel leur permet de faire rayonner ces recherches.

Cette année encore, le CGQ était bien visible lors du congrès Québec Mines + Énergie (QM+É), événement incontournable en la matière qui attire plus de 2000 participants, présente 200 conférences, accueille 120 exposants et présente une cinquantaine d’affiches. Organisée par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec, cette grande rencontre se veut un lieu de synergie et d’échanges de connaissances scientifiques des secteurs minier et énergétique dans une perspective de développement durable, et ce, depuis plus de 40 ans.

Cette perspective colle particulièrement à l’actualité dans ce secteur, car il y a environ un an le Québec déposait le projet de loi mettant fin à l’exploration pétrolière et gazière au Québec et le Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques. La province s’engage résolument dans la transition énergétique et la science y apporte sa contribution pour la libérer de sa dépendance aux combustibles fossiles. Le thème du congrès, Une transition énergétique propulsée par nos ressources, était en adéquation avec cet objectif.

La transition énergétique en vedette

Lors de l’événement, attirant des membres de l’industrie minière, du secteur énergétique, de la recherche et du monde universitaire, mais aussi des groupes scolaires du primaire et du secondaire, les expertes et les experts du CGQ ont abordé plusieurs thèmes liés aux enjeux de développement durable. Parmi eux, le professeur de l’INRS Jasmin Raymond, expert en géothermie, y présentait une conférence lors d’une séance sur Le mixte énergétique sobre en appui à la transition énergétique industrielle et minière.  Le titre en était Le potentiel géothermique des mines actives et fermées : exemples de projets industriels au Québec et ailleurs.

Une autre équipe du CGQ présentait ses travaux sur le stockage géologique du carbone, dans le cadre d’une conférence animée par Karine Bédard, professionnelle de recherche à la Commission géologique du Canada, Félix-Antoine Comeau, agent de recherche à l’INRS et les professeurs Bernard Giroux et Louis-César Pasquier. Cette présentation se déroulait durant la séance Le captage et le stockage de carbone (CSC) : où en sommes-nous?

La chercheuse Anne-Aurélie Sappin, de la Commission géologique du Canada et professeure associée à l’INRS, a quant à elle participé à l’élaboration d’une session spéciale mettant l’accent sur les minéraux critiques. Ces derniers sont exploités comme des sous-produits qui donnent une valeur ajoutée au minerai, comme le cobalt et les terres rares. La thématique du nickel au Nunavik fut également abordé durant cette session lors d’une présentation scientifique. Michel G. Houlé, chercheur à la Commission géologique du Canada et professeur associé à l’INRS, a quant à lui présidé une séance intitulée Les nouvelles frontières de l’exploration pour le nickel au Québec au cours de laquelle il a présenté un aperçu du potentiel en nickel et en cuivre des systèmes magmatiques présents au Manitoba, en Ontario et au Québec.  

Eve en présentation au kiosque.

Fiona Chapman doctorante du profeseur Jasmin Raymond et professeur Erwan Gloarguen

Jean-François Bureau et Réjean Couture

Jean-François Bureau et Réjean Couture


Assurer une relève scientifique

Il est primordial d’assurer qu’il y aura une relève scientifique pour ces travaux de longue haleine. L’événement est sans contredit un incontournable pour le recrutement à court, moyen et long terme. Eve Gosselin, une étudiante à la maîtrise en sciences de la Terre, était présente pour l’INRS au kiosque du CGQ afin d’informer les visiteurs sur les champs de recherche en géosciences. Elle espère être utile au recrutement de la relève scientifique en les informant, entre autres, sur les stages d’été pour le premier cycle. De plus, elle vise à mieux faire connaître l’INRS et le CGQ.

Eve Gosselin présente Congrès
Eve Gosselin, étudiante à la maîtrise en sciences de la Terre

Jean-François Bureau, agent de diffusion en géosciences, Réjean Couture, directeur exécutif de la Commission géologique du Canada – Bureau de Québec, et Valérie Bécu, professionnelle de recherche à la Commission géologique du Canada, étaient eux aussi à pied d’œuvre pour attirer les recrues.  Outre le kiosque, des activités divertissante qui visent une autre clientèle beaucoup plus jeune étaient organisées : les ateliers découverte. « L’objectif des ateliers découverte c’est d’intéresser la jeunesse aux sciences en général et les géosciences en particulier par des animations ludiques sur les minéraux, la géothermie, l’intelligence artificielle, etc. On s’attend à y rencontrer 2000 à 2500 élèves du secondaire et de la fin du primaire », explique monsieur Bureau.

Fiona Chapman, étudiante au doctorat ainsi que d’autres membres de l’équipe du professeur Jasmin Raymond de l’INRS, ont fait découvrir aux jeunes la géothermie, énergie renouvelable très présente au Canada malgré les rigueurs du climat, dans le cadre de l’atelier intitulé La chaleur sous nos pieds. Les participants pouvaient alors découvrir une version miniature d’une pompe à chaleur alimentée par géothermie. Dans son format habituel, le forage connecté à la pompe à chaleur descend à 150 mètres dans le sol, et fait circuler l’eau qui réchauffera la maison en hiver et la refroidira en été, permettant des économies intéressantes pour les ménages durant toute l’année. 

L’atelier La géophysique et l’intelligence artificielle au service de l’exploration minérale était animé par le professeur Erwan Gloaguen.

« Je parle aux jeunes des avancées en intelligence artificielle appliquée à l’exploration minérale, dans le cadre de mes travaux. Je leur montre qu’on utilise des données satellitaires, aéromagnétique et des échantillons de terrain pour caractériser la géologie sur de très grandes surfaces à moindre coût. Ces cartes peuvent guider les campagnes d’exploration de minéraux et métaux bien connus, comme l’or, mais aussi des minéraux qui ont une valeur stratégique pour la fabrication des batteries entrant dans la fabrication des véhicules électriques. »

Erwan Gloaguen, professeur à l’INRS

L’électrification des transports est un enjeu stratégique dans la transition énergétique et le Québec a un net avantage à cet égard puisque sa production d’électricité provient majoritairement des barrages hydroélectriques et non de centrales au gaz ou au charbon. Les batteries sont donc rechargées par de l’électricité issue d’une énergie renouvelable ne produisant pas directement de gaz à effet de serre.

La Commission géologique du Canada présentait un atelier découverte intitulé Un trésor caché sous nos pieds, qui abordait les propriétés réservoirs des roches sédimentaires pour contenir des ressources naturelles, dont l’eau souterraine utilisée en agriculture et dans certains systèmes de géothermie, et présentait des exemples concrets de l’importance qu’occupent les minéraux dans la fabrication des objets de la vie courante. En plus des échantillons interactifs pouvant être manipulés par les participants, les animateurs ont pu faire facilement des liens entre les spécimens présentés et la place prépondérante qu’occupent les ressources naturelles dans l’électrification de notre mode de vie.


La présence de la communauté étudiante

Des membres de la communauté étudiante du CGQ étaient bien visibles lors de l’événement; Eve Gosselin, étudiante à la maîtrise à l’INRS sous la direction de Renaud Soucy La Roche et animatrice précédemment mentionnée du kiosque, a présenté une conférence intitulée Implication tectonique d’une zone de cisaillement décrochante durant l’Orogène grenvillienne (Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec).  Octavio Vite-Sánchez, étudiant au doctorat à l’INRS sous la direction de Pierre-Simon Ross, a présenté une conférence intitulée Roches volcaniques mafiques à intermédiaires du Groupe de Blake River : géochimie, pétrogenèse et lien avec les SMV.  Neuf affiches sur les cinquante présentées à l’exposition scientifique provenaient de la communauté étudiante et professorale du CGQ. « Le CGQ est actuellement dans une démarche visant à pérenniser ses activités sur le long terme. Notre participation annuelle très active au QM+É illustre l’engagement de nos membres à contribuer par leurs recherches et leurs activités de vulgarisation scientifique à la transition énergétique du Québec », déclare Réjean Couture, Directeur excutif de la Commission géologique du Canada – Bureau de Québec.

Pour en savoir plus sur le CGQ, consultez le rapport annuel 2021-2022