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La professeure Valérie Langlois scrute ces polluants nuisibles et lutte contre leur croissance spectaculaire dans notre environnement.
Valérie Langlois, chercheuse en écotoxicogénomique à l’INRS
Chercheuse en écotoxicogénomique à l’Institut national de recherche scientifique (INRS), la professeure Valérie Langlois s’intéresse depuis plus de 20 ans aux effets nocifs qu’ont les contaminants chimiques présents dans notre environnement sur les animaux et sur les humains. Elle a en fait son cheval de bataille. Reconnue par ses pairs comme une cheffe de file mondiale dans son domaine, elle dirige pour les sept prochaines années une prestigieuse Chaire de recherche du Canada en écotoxicogénomique et perturbations endocriniennes du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) à hauteur de 1,4 M$.
La professeure Langlois explique que les perturbateurs endocriniens, connus sous le nom de polluants chimiques, forment une classe de contaminants à part. « D’abord, leurs effets indésirables s’observent à très faibles doses, précise la chercheuse basée au Centre Eau Terre Environnement de l’INRS. Ensuite, une exposition soutenue à ces faibles doses peut entraîner des conséquences délétères à long terme sur les gens et même sur leur descendance. Enfin, certains perturbateurs endocriniens combinés peuvent avoir des effets indésirables sur la santé alors qu’ils sont inoffensifs individuellement. »
Parmi les dommages qu’ils causent sur la santé, ces polluants affectent la fertilité et le système reproducteur. À cela s’ajoutent des effets sur le diabète, le métabolisme, l’obésité et le système neurologique. Plus récemment, ils ont été associés à certains types de cancers, dont ceux du sein et de la prostate.
Or, la chercheuse québécoise note que depuis les dix dernières années, on remarque une hausse très inquiétante des perturbateurs endocriniens dans l’environnement, et ce, malgré les nombreux signaux d’alarme lancés par la communauté scientifique à leur propos.
Il est donc urgent d’agir afin de mieux contrôler les risques que représentent les perturbateurs endocriniens pour le vivant, l’environnement et l’avenir des populations. C’est dans cette optique que se positionne la professeure Langlois avec sa nouvelle chaire de recherche.
L’un des enjeux cruciaux sur lequel elle se penche avec son équipe est la capacité d’évaluer efficacement et rapidement comment les perturbateurs endocriniens, seuls ou combinés, affectent le système endocrinien. Pour cela, les scientifiques ont recours à des méthodologies de pointe en écotoxicogénomique et en endocrinologie comparatives pour caractériser les cocktails complexes de contaminants et déterminer leur toxicité sur les animaux, les humains et les écosystèmes, tant à l’échelle moléculaire que des populations.
« Nous espérons que nos résultats aideront les élus et les décideurs en les outillant pour qu’ils puissent gérer adéquatement ce qui demeure un enjeu de santé primordial à l’international. Au-delà d’une réduction des niveaux de perturbateurs endocriniens, la solution pour réduire les risques passe par une législation qui tient compte de leurs caractéristiques particulières ».
Valérie Langlois, professeure à l’INRS spécialisée en écotoxicogénomique
Selon elle, il est primordial de pousser plus loin la sensibilisation de la population à cette problématique afin de créer un meilleur équilibre entre les comportements sociaux et les dangers des perturbateurs endocriniens. Cette conscientisation doit se faire dès le plus jeune âge, croit Valérie Langlois, qui est préoccupée depuis l’enfance par les effets des déversements de produits chimiques sur la planète et sur ses habitants. Elle en a fait sa mission. Rédaction de livres jeunesse, présentations grand public, représentations auprès des instances en plus de ses nombreux travaux de recherche : elle ne ménage pas ses efforts afin de porter cette cause pour laquelle elle tient à demeurer optimiste.
Animée par son désir de réduire les répercussions des perturbateurs endocriniens, Valérie Langlois renforce sa présence au-delà de l’INRS, du Québec et du Canada. Parmi ses récentes expériences de mobilité internationale, elle a participé en 2024 au programme Visiting Scholars en tant que professeure-chercheuse invitée à l’Université de Bordeaux, en France. Durant plusieurs mois, elle a travaillé sur la pollution aquatique au sein du laboratoire Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux avec l’équipe de Magalie Baudrimont. Leurs recherches portaient sur le niveau de pollution plastique dans le sel récolté sur l’île de Ré.
La professeure Langlois est également présidente du comité scientifique de la Fondation evertéa en santé-environnement spécialisée en écotoxicologie depuis janvier 2025.