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L’INRS aux premières loges de la révolution ARN

3 avril 2025

Mise à jour : 3 avril 2025

Deux professeures mènent des recherches pionnières et innovantes dans ce domaine dont les retombées possibles en matière de traitements sont extrêmement prometteuses. 

La branche de la biotechnologie impliquant l’ARN n’a pas fini de révéler ses secrets. Sur la photo : Angela Pearson professeure à l’INRS.

Les fonctions de l’ARN (acide ribonucléique) et les mécanismes thérapeutiques qui lui sont associés suscitent l’intérêt des scientifiques depuis bon nombre d’années. Du côté du grand public, son potentiel curatif s’est beaucoup fait connaître par l’utilisation des vaccins à ARN messager développés pour lutter contre le virus de la COVID-19.  

La branche de la biotechnologie impliquant l’ARN n’a pas fini de révéler ses secrets. Et certains d’entre eux pourraient bien être levés par la professeure Angela Pearson de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). 

Son intérêt pour ce domaine s’est accru en 2021, lorsque l’équipe de la biochimiste Carolyn Bertozzi de l’Université de Stanford a découvert des glycoARN dans des cellules animales, soit de petits ARNs auxquels des sucres sont connectés. Depuis tout ce temps, ils avaient échappé au regard de la communauté scientifique. « On savait que les protéines étaient souvent modifiées avec des sucres complexes. Mais des ARNs, non. C’était inattendu », confie Angela Pearson.  

Autre surprise : plusieurs de ces petits ARN non codants étaient associés à des membranes cellulaires.

Mais comment ces mécanismes peuvent-ils agir sur le système immunitaire?  

« Il s’agit ni plus ni moins de la découverte d’une nouvelle biomolécule qui ouvre la porte à la découverte de mécanismes cellulaires encore inconnus aujourd’hui. »

Angela Pearson, professeure à l’INRS.

Un financement d’exception 

La professeure Pearson étant virologiste, il n’en fallait pas plus pour piquer sa curiosité. Dans sa quête, elle collabore avec sa collègue chimiste Janelle Sauvageau, professeure associée à l’INRS et rattachée au Conseil national de recherches du Canada.

« Dans son laboratoire, Janelle a la capacité de produire des glycoARNs synthétiques. Dans le mien, nous allons caractériser leur impact sur la réponse immunitaire, c’est-à-dire comment la présence des sucres sur les ARNs affecte la réaction du système immunitaire. Nous nous intéressons aussi à leur rôle potentiel dans les particules virales. Au bout du compte, nous souhaitons établir comment les glycoARNs peuvent agir comme agents thérapeutiques. »

Angela Pearson, professeure à l’INRS.

Pour financer leur recherche, les chercheuses se sont vu octroyer une somme de 250 000 $ sur deux ans de la part du Fonds Nouvelles Frontières au titre du volet Exploration. Cette subvention s’adresse uniquement à des projets multidisciplinaires, transformateurs et de calibre mondial qui vont au-delà des méthodes conventionnelles. Des projets dits à haut risque et à haut rendement.

« Bien souvent, dans nos recherches, nous avons des indices sur les résultats à attendre selon ce qui a été fait précédemment, indique Angela Pearson. Ici, nous sommes en terrain inconnu. On ne sait pas ce qu’on va trouver, et les possibilités sont vastes, d’où l’appellation “haut risque” ».  

Parce que le peu qu’on sait sur les glycoARNs suggère qu’ils peuvent jouer un rôle dans la communication cellulaire et parce qu’il reste beaucoup à découvrir à leur sujet, les travaux des professeures Pearson et Sauvageau s’avèrent à « haut potentiel ». « C’est une étape excitante, se réjouit Angela Pearson. Au final, les glycoARNs et leurs fonctions pourront être exploités pour le traitement de différentes conditions médicales, comme des maladies auto-immunes. » 

« Nous sommes présentement dans une période excitante au Canada pour étudier les ARN. Depuis la pandémie et les vaccins à ARN, il y a davantage d’intérêt pour la recherche sur ces molécules. La création de RNA Canada ARN et d’ARN Québec démontre une effervescence dans ce domaine. Nos études sur les glycoARN ont profité de cet engouement en bénéficiant de davantage de possibilités de financement, par exemple du fonds Nouvelles Frontières en recherche », conclut Janelle Sauvageau professeure associée à l’INRS, et affiliée au Conseil national de recherches du Canada. 

Janelle Sauvageau, professeure associée à l’INRS, et affiliée au Conseil national de recherches du Canada. 

À ce stade, il est toutefois trop tôt pour nommer des pathologies spécifiques. En revanche, les recherches des professeures Pearson et Sauvageau serviront de base à de nombreuses autres à venir. Plus encore, leur travail est un excellent véhicule pour la formation d’une relève de pointe dans le secteur biotechnologique très prisé que représente la recherche et l’innovation en ARN.